Le pays des grottes sacrées
reconnut la Première.
— Tu destines ces figurines
au troc ? demanda Willamar.
— Non, elles sont à moi. Ce
sont des porte-bonheur, mais si vous en voulez, je peux les faire reproduire,
répondit Conardi.
— À ta place, j’en ferais
faire quelques-unes en plus pour les troquer. Je suis certain qu’elles seraient
très demandées. Tu es Maître du Troc, Conardi ? demanda Willamar, qui
avait remarqué que son interlocuteur ne portait pas le tatouage emblématique de
la fonction.
— J’aime voyager et
pratiquer l’échange parfois, mais je ne suis pas Maître du Troc. Tout le monde
troque, mais chez nous personne n’en fait une spécialité.
— Si tu aimes voyager, tu
peux t’en faire une. Je forme mes apprentis à cette fin. Ce long déplacement
commercial est peut-être mon dernier. Me voilà à un âge où voyager perd son
attrait. Je suis mûr pour m’installer à demeure avec ma compagne, ses enfants
et petits-enfants, dont fait partie cette jolie fillette, ajouta-t-il en
montrant Jonayla. Certains marchands emmènent leur compagne et leur famille
avec eux, mais ma compagne dirigeait la Neuvième Caverne et n’était pas libre
de se déplacer. Je rapportais toujours quelque chose à son intention. C’est
pourquoi je t’ai demandé si tu destinais ces figurines à l’échange. Mais je
suis sûr que je lui trouverai un cadeau lorsque nous irons à la Mer Méridionale
pour troquer des coquillages. Aimerais-tu nous accompagner ?
— Quand partez-vous ?
— Bientôt, mais d’abord nous
allons voir le Site Sacré le plus Ancien, répondit Willamar.
— Bonne idée. Belle caverne,
peintures extraordinaires, mais j’ai vu plusieurs fois. J’y vais en avance,
leur annoncer que vous arrivez, dit Conardi.
27
L’entrée de la caverne était très
spacieuse mais asymétrique et plus large que haute. La partie droite, plus
basse, était en partie surplombée par une saillie qui protégeait de la pluie et
des chutes de pierres tombant parfois de la falaise. Du gravier s’était
accumulé en un monticule conique sur la saillie à l’extrémité gauche de
l’entrée et avait formé un éboulis dans la partie inférieure de la falaise.
Par cette entrée spacieuse, la
lumière pénétrait assez profondément dans la caverne. Elle ferait une bonne
habitation, pensa Ayla, mais elle n’était manifestement pas utilisée comme
telle. En dehors du coin sous la corniche où flambait un petit feu devant un
abri, rien ne montrait qu’on avait tenté de rendre l’endroit confortable. À
leur approche, une Zelandoni sortit de l’abri et les salua.
— Au nom de la Grande Terre
Mère, tu es la bienvenue à son Lieu Sacré le Plus Ancien, Première parmi Ceux
Qui La Servent, dit-elle en tendant les deux mains.
— Je te salue, Gardienne de
Son Site Sacré le Plus Ancien, répondit la Première. On m’a dit que les peintures
y sont d’une grande beauté. J’ai moi-même fait des peintures et je suis honorée
d’être invitée à voir ce Site Sacré.
La Gardienne sourit.
— Tu es donc une Zelandoni
Peintre, dit-elle. Tu vas sûrement être un peu surprise par ce que tu vas voir
dans cette caverne et peut-être apprécieras-tu plus que d’autres tout l’art de
ces peintures. Les Anciens qui ont travaillé ici étaient fort habiles.
— Toutes les peintures de
cette grotte ont été exécutées par des Anciens ? demanda le Zelandoni de
la Dix-Neuvième Caverne.
La requête tacite dans la voix de
Jonokol n’échappa pas à la Gardienne. Elle l’avait déjà entendue dans la bouche
d’autres artistes en visite. Ils voulaient savoir s’il leur serait permis
d’apporter leur contribution à l’ornement de la caverne et elle savait quoi
répondre :
— Presque toutes, mais j’en
connais quelques-unes plus récentes. Si tu te sens à la hauteur de la tâche, tu
es libre d’apposer ta marque. Nous n’empêchons personne de le faire. C’est la
Mère qui choisit. Tu sauras si tu as été choisi, répondit la Gardienne.
Bien que beaucoup aient posé la
question, rares étaient ceux qui s’étaient sentis dignes d’ajouter au
remarquable travail que l’on trouvait à l’intérieur.
Ce fut au tour d’Ayla de se
présenter :
— Au nom de la Grande Mère
de Tous, je te salue, Gardienne du Site Sacré le Plus Ancien, dit-elle en
tendant les mains. Je m’appelle Ayla, Acolyte de la Première parmi Ceux Qui
Servent la Grande Terre Mère.
Elle n’est pas encore
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