Le pays des grottes sacrées
plongea la main dans le sac et
en sortit l’outre vide, qu’il leva pour que tous la voient, puis il regarda
dedans et renversa le reste du contenu sur le manteau de fourrure. Des bouts de
viande séchée en partie mâchés et un gros morceau de galette tombèrent dessus
ainsi qu’une petite lame en silex et une pierre à feu. Parmi les miettes, il y
avait aussi quelques éclats de bois et des morceaux de charbon de bois.
— Avant le départ pour la
Réunion d’Été, Madroman ne se vantait-il pas d’avoir été appelé et de devenir
Zelandoni la même année ? s’enquit Lorigan.
Il leva l’outre.
— Il ne devait pas avoir
très soif quand il est sorti de cette grotte.
— N’as-tu pas dit que tu
avais l’intention d’aller à la Réunion d’Été plus tard, Ayla ? demanda
Jeviva.
— Je pensais partir dans
quelques jours. Peut-être vais-je attendre un peu, maintenant. Mais, oui, j’ai
bien l’intention d’y aller.
— Tu devrais emporter ça
avec toi, dit Jeviva en enveloppant soigneusement les restes de nourriture, les
éclats de bois, le matériel pour faire du feu et l’outre dans le manteau,
qu’elle fourra dans le sac. Et dire à Zelandoni où tu l’as trouvé.
— Tu arrives à
marcher ? demanda l’aîné des chasseurs.
Ayla essaya de se relever et se
sentit prise de vertige. Pendant quelques instants tout devint noir et elle
retomba en arrière. Loup gémit et lui lécha le visage.
— Reste là, dit le chasseur.
Viens, Lorigan. Nous devons fabriquer une civière pour la transporter.
— Si je me repose un peu, je
crois que je serai capable de marcher.
— Non, il vaut mieux que tu
t’en abstiennes, dit Jeviva, qui se tourna vers les chasseurs : Je vais
attendre ici avec elle jusqu’à ce que vous reveniez avec la civière.
Ayla s’adossa à un rocher avec
soulagement. Peut-être aurait-elle été capable de marcher jusqu’à la Neuvième
Caverne, mais elle était contente d’en être dispensée.
— Tu as peut-être raison,
Jeviva. J’ai par moments la tête qui tourne.
— Pas étonnant, dit Jeviva
tout bas.
Elle avait remarqué une tache de
sang sur la roche quand Ayla avait tenté de se relever.
J’ai l’impression qu’elle a perdu
son bébé là-dedans, pensa-t-elle. Quel terrible sacrifice pour devenir
Zelandoni, mais elle ne triche pas, contrairement à Madroman.
— Ayla ? Ayla ? Tu
es réveillée ?
Ayla ouvrit les yeux et vit la
silhouette floue de Marthona penchée vers elle, qui la regardait avec
inquiétude.
— Comment te sens-tu ?
Ayla réfléchit un instant.
— J’ai mal, murmura-t-elle
d’une voix rauque. Partout.
— J’espère que je ne t’ai
pas réveillée. Je t’ai entendue parler ; tu rêvais, sans doute ?
Zelandoni m’avait avertie que cela allait peut-être arriver. Elle ne pensait
pas que ce serait si tôt, mais elle a dit que c’était possible. Elle m’a
demandé de ne pas te retenir, de ne pas laisser Loup te suivre, mais elle m’a
donné une tisane à te préparer à ton retour.
Elle posa la tasse fumante
qu’elle avait à la main pour aider Ayla à se redresser. L’infusion était chaude
et la jeune femme but avec plaisir. Elle avait encore soif, mais se rallongea,
trop fatiguée pour rester assise. Elle commençait à avoir les idées plus
claires. Elle était chez elle, sur sa couche. Elle regarda autour d’elle :
Loup se trouvait à côté de Marthona. Il gémit d’inquiétude et se rapprocha
d’elle. Elle le toucha et il lui lécha la main.
— Comment suis-je arrivée ici ?
demanda-t-elle. Je ne me souviens plus de grand-chose après être sortie de la
caverne.
— Les chasseurs t’ont
transportée sur une civière. Tu as tenté de marcher, mais tu t’es évanouie,
ont-ils dit. Tu es descendue en courant de ton poste d’observation, apparemment
jusqu’au Trou Profond des Rochers de la Fontaine. Tu n’avais pas toute ta tête
et tu y es entrée sans feu ni quoi que ce soit d’autre. Lorsque Forason est
venu me dire qu’il fallait que tu sortes de là, je n’ai pas été capable d’y
aller. De toute ma vie, je ne me suis jamais sentie aussi inutile.
— Je suis contente que tu
sois là, Marthona, dit Ayla avant de refermer les yeux.
Quand elle les rouvrit, la fois
suivante, seul Loup était là, veillant sur elle. Elle lui sourit, lui tapota la
tête et le gratta sous le menton. Il posa ses pattes sur sa couche et essaya de
s’approcher pour lui
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