Le pays des grottes sacrées
et je restais près de la paroi. Je crois que j’aurais
pu de toute façon trouver la sortie, mais ça aurait pris plus de temps.
— Je ne suis pas certaine
d’avoir bien fait de l’attacher. Je ne sais pas si c’était à moi de prendre
cette décision… Je me fais vieille, Ayla. Je ne suis même plus capable de
prendre une décision.
L’ancienne chef de la Caverne
secoua la tête, comme dégoûtée d’elle-même.
— Le Monde des Esprits n’a
jamais été mon fort. Tu étais si faible quand tu es arrivée là, tu semblais
avoir besoin qu’on t’aide. Peut-être la Mère a-t-elle voulu que je laisse
partir cet animal afin qu’il te retrouve et te secoure.
— Je crois que tu n’as rien
fait de mal. Les choses se passent comme Elle le veut. Pour le moment, ce que
je veux, moi, c’est aller prendre un bon bain dans la Rivière et me laver. Sais-tu
si Zelandoni a laissé de cette mousse nettoyante des Losadunaï ? Celle que
je lui ai montré comment préparer, avec de la graisse et des cendres ?
Elle aime s’en servir à des fins de purification, surtout pour laver les mains
des creuseurs de tombe.
— Je ne sais pas si elle en
a laissé, mais moi j’en ai, répondit Marthona. Je m’en sers parfois pour les
tissages. Je l’ai même utilisée pour laver les plats, ceux sur lesquels j’ai
servi de la viande ou recueilli de la graisse. Tu te laves avec ?
— Les Losadunaï le faisaient
parfois. Ça peut être irritant et rougir la peau. D’ordinaire, je préfère la
saponaire ou une autre plante, mais aujourd’hui je veux me laver à fond.
Si seulement il y avait une
source d’eaux chaudes curatives de Doni dans les parages, ce serait parfait,
mais la Rivière fera l’affaire pour le moment, se dit Ayla en se dirigeant vers
la Rivière avec Loup.
Il leva les yeux vers elle tout
en cheminant à ses côtés. Depuis son retour, il était resté près d’elle et
n’avait pas voulu la perdre de vue.
Tandis qu’elle descendait le
sentier vers la rivière, le soleil chauffait agréablement. Elle fit mousser la
saponaire et se lava les cheveux, puis plongea sous l’eau pour bien se rincer
et nagea un bon moment. En sortant, elle se reposa sur un rocher plat pour se
sécher tout en se peignant les cheveux. Comme il fait bon au soleil,
pensa-t-elle en étendant sa peau de daim pour se coucher dessus. La première
fois que je me suis allongée sur ce rocher, quand était-ce ? C’était le
jour de mon arrivée, quand Jondalar et moi sommes venus nager.
Elle pensa à Jondalar et le vit
mentalement, étendu nu à côté d’elle. Ses cheveux blonds et sa barbe plus
sombre…
Non, c’était l’été. Il avait dû
se raser. Des rides commençaient à sillonner son grand front à cause de sa
mauvaise habitude de froncer les sourcils quand il se concentrait ou se faisait
du souci. Ses yeux bleus qui me regardaient avec amour et désir… Jonayla a les
mêmes. Son nez fin et droit, sa solide mâchoire, ses lèvres pleines et
sensuelles…
Sa pensée s’attarda sur la bouche
de son compagnon, elle la sentait presque sur elle. Ses larges épaules, ses
bras musclés, ses grandes mains. Des mains capables de sentir un silex et de
déterminer où il allait se fracturer, ou de caresser son corps avec une telle
sensibilité qu’il savait comment elle allait réagir. Ses longues jambes
puissantes, la cicatrice laissée près de son membre viril par son lion.
Rien que de penser à lui, elle
sentait le désir monter en elle. Elle avait envie de le voir, d’être à son côté.
Elle ne lui avait même pas dit qu’elle attendait un enfant, et maintenant elle
n’avait plus de raison de lui en parler. Le chagrin l’envahit. Elle avait voulu
ce bébé, mais la Mère l’avait voulu encore plus ; à cette pensée, elle
fronça les sourcils. Elle savait que je désirais un autre enfant et Elle
n’aurait peut-être pas voulu d’un bébé que je ne voulais pas.
Pour la première fois depuis la
terrible épreuve qu’elle avait traversée, elle se mit à songer au Chant de la
Mère et se souvint avec émoi du nouveau couplet, celui qui parlait du Don de la
Connaissance, la connaissance de ce que les hommes sont nécessaires pour qu’une
nouvelle vie advienne.
Son dernier Don, la Connaissance que l’homme a son
rôle à jouer.
Son besoin doit être satisfait avant qu’une nouvelle
vie puisse commencer.
Quand le couple s’apparie, la Mère est honorée
Car la femme conçoit quand
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