Le pays des grottes sacrées
tourna vers sa cousine.
— Je ne comprends pas qu’on
puisse supporter d’être tout le temps autour de ces sales bêtes. Ayla sent le
cheval et il paraît qu’elle dort avec ce loup. C’est répugnant.
— Elle dort aussi avec
Jondalar, rappela Wylopa, et j’ai entendu dire qu’il refuse de partager les
Plaisirs avec qui que ce soit d’autre.
— Ça ne durera pas, affirma
Marona en lançant à Ayla un regard venimeux. Je le connais. Il me reviendra, je
peux te le jurer.
Brukeval entendit la conversation
des deux jeunes femmes et éprouva des sentiments contradictoires. Il aimait
Ayla d’un amour sans espoir et voulait la protéger de la méchanceté de Marona,
sa cousine : il avait été lui aussi sa cible et savait combien elle
pouvait être cruelle. Mais il craignait qu’Ayla ne lui rappelle de nouveau
qu’il était une Tête Plate et il ne pouvait le supporter, même s’il savait
qu’elle ne le faisait pas pour le blesser, comme la plupart des autres. Il ne
se regardait jamais dans une plaque de bois noirci et poli, mais il lui
arrivait de surprendre son reflet dans l’eau et il haïssait ce qu’il voyait. Il
savait pourquoi on lui donnait ce nom abominable et l’idée qu’il pût être
justifié lui faisait horreur.
Madroman posait également un
regard mauvais sur Jondalar et sa compagne. Il acceptait mal que la Première
accorde autant de son attention à Ayla. Il ne trouvait pas juste que celle qui
avait pour tâche de diriger tous les acolytes en favorise un aussi ouvertement
alors qu’ils étaient rassemblés à une Réunion d’Été. Et bien sûr, Jondalar se
retrouvait encore en bonne place. Pourquoi était-il revenu, celui-là ?
Tout allait bien quand ce grand lourdaud était loin, surtout après que le
Zelandoni de la Cinquième Caverne avait décidé de le prendre, lui, Madroman,
comme acolyte, même s’il estimait qu’il devrait être lui-même Zelandoni,
maintenant. Mais que pouvait-il espérer tant que la Grosse resterait à la tête
de la Zelandonia ? Je trouverai un moyen, se promit-il.
Laramar tourna le dos à ces
stupidités et s’éloigna en roulant ses propres pensées. Il avait assez vu ces
chevaux et ce loup, surtout le loup. Il estimait que ces bêtes vivaient trop
près de son abri à la Neuvième Caverne, elles prenaient toute la place, elles
l’envahissaient. Avant leur arrivée, il pouvait passer par l’endroit qu’elles
occupaient. À présent, pour rentrer chez lui, il devait faire un détour pour
éviter le loup. Les rares fois où il s’en était approché, l’animal avait montré
ses crocs, le poil hérissé, comme si tout le refuge de pierre lui appartenait.
En plus, cette femme se mêlait de
tout, elle apportait des provisions ou des couvertures, comme par gentillesse,
mais c’était en fait pour le surveiller. Il n’avait même plus une hutte à lui,
maintenant. Les enfants se conduisaient comme si elle leur appartenait. Mais
c’était son foyer, et ce qu’il faisait dans son foyer ne regardait personne.
Enfin, il y avait quand même les
lointaines. À vrai dire, il aimait vivre là-bas. Il n’était pas réveillé la
nuit par un des gosses en train de pleurer, ou par sa compagne qui rentrait
ivre et lui cherchait querelle. Dans la lointaine où il dormait, les autres
hommes étaient pour la plupart âgés et n’embêtaient personne. Ce n’était pas
bruyant et agité comme dans les lointaines des jeunes, même si aucun de ses
compagnons de hutte ne refusait de boire avec lui quand il leur offrait de son
barma. Dommage qu’il n’y ait pas de lointaines à la Neuvième Caverne,
pensa-t-il.
Ayla fit faire à Whinney le tour
de la hutte de la Zelandonia avec les perches puis reprit la direction du camp
principal. Jondalar la suivait, avec Rapide et Grise. L’endroit où se déroulait
la Réunion d’Été, appelé Vue du Soleil d’après le nom de la Caverne proche,
était souvent utilisé comme lieu de rassemblement. Quand il pleuvait, on
apportait des pierres de la rivière pour recouvrir le sol boueux. Chaque année,
on en ajoutait de nouvelles et l’emplacement du camp était maintenant défini
par cette vaste zone pavée.
Lorsqu’ils furent légèrement à
l’extérieur du camp, au-delà des pierres, au milieu d’un pré situé dans la
plaine inondable de la rivière, Ayla fit halte.
— Enlevons les perches de
Whinney et laissons les chevaux ici un moment pour qu’ils puissent brouter,
proposa-t-elle. Je ne
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