Le pays des grottes sacrées
allongées devant lui. Danella se surprit à le caresser de temps à
autre.
Zelandoni avait pris place à côté
d’Ayla qui, après avoir bu son infusion, donna le sein à Jonayla. Plusieurs
personnes vinrent bavarder avec la Première et son acolyte mais, lorsqu’elles
furent enfin seules, elles se mirent à parler de Danella à voix basse.
— Loup semble lui apporter
un peu de réconfort, souligna la doniate.
— Elle en a grand besoin,
répondit Ayla. Elle est encore très faible. Je crois qu’elle a fait un bébé
avant la naissance ou qu’elle a accouché d’un enfant mort-né.
La Première parut impressionnée.
— Qu’est-ce qui te fait
penser ça ?
— Sa maigreur, sa fragilité.
J’ai aussi remarqué sa tristesse quand elle a regardé Jonayla. Elle a sûrement
eu une grossesse difficile et elle a perdu l’enfant.
— Je pense comme toi. Nous
devrions peut-être interroger sa mère. Il faudrait que j’examine Danella pour
m’assurer qu’elle se remet bien. Il y a des médecines qui pourraient l’aider.
Qu’est-ce que tu suggérerais ?
— La luzerne est bonne
contre la fatigue et la douleur cuisante quand on se vide de son eau, répondit
Ayla.
Elle marqua une pause et
reprit :
— Il y a une plante aux
baies rouges, dont je ne connais pas le nom, qui est souveraine pour les
femmes. Elle pousse au ras du sol et ses feuilles restent vertes toute l’année.
On peut en prendre contre les maux de ventre qui accompagnent les saignements
lunaires, ou pour faciliter les naissances.
— Je la connais. Elle forme
parfois un épais tapis qui recouvre le sol et les oiseaux aiment ses baies. Certains
les appellent d’ailleurs « baies des oiseaux ». Une infusion de
luzerne peut en effet aider à reprendre des forces, de même qu’une décoction de
racines et d’écorce de sureau…
La Première sourit en voyant
l’expression intriguée d’Ayla.
— C’est un arbrisseau aux
baies violettes, avec des petites fleurs d’un blanc verdâtre. Je te le
montrerai. Il peut aider si le sac qui contient le bébé dans le ventre d’une
femme descend trop. C’est pour savoir quoi lui donner que je voudrais examiner
Danella. Zelandoni de la Vingt-Sixième est un bon guérisseur pour les maladies
en général mais il ne connaît peut-être pas aussi bien celles des femmes. Il
faudra que je lui parle avant notre départ.
Après être restés le temps exigé
par la courtoisie, les hommes venus aider Jondalar à fabriquer les perches et
le siège se levèrent pour partir. La Première arrêta Joharran, qui était en
compagnie de Jondalar.
— Peux-tu aller à la hutte
de la Zelandonia pour voir si le doniate de la Vingt-Sixième s’y trouve ?
demanda-t-elle à voix basse. La compagne de Stevadal a été très malade et
j’aimerais savoir si nous pouvons l’aider. C’est un bon guérisseur et il a
peut-être déjà fait tout ce qui était possible, mais j’aimerais lui parler. Je
crois qu’il s’agit d’un problème de femme, et nous sommes des femmes…
Sans aller plus loin dans son
explication, elle conclut :
— Demande-lui de venir ici,
nous l’attendrons.
— Je reste avec vous ?
demanda Jondalar aux deux femmes.
— Tu ne projetais pas de
retourner au lieu d’entraînement ? fit Joharran.
— Si, mais je ne suis pas
obligé.
— Vas-y, Jondalar, suggéra
Ayla en pressant sa joue contre la sienne. Nous te rejoindrons plus tard.
Les deux femmes retournèrent
auprès du groupe formé par Danella, les deux mères et quelques autres. Voyant
que la Première et son acolyte ne partaient pas, Stevadal resta, lui aussi. La
doniate connaissait l’art de soutirer des renseignements et elle découvrit
bientôt que Danella avait été grosse et que le bébé était mort-né, comme Ayla
et elle l’avaient deviné, mais elle sentit que les deux vieilles femmes ne
disaient pas tout, peut-être à cause de la présence de Danella et de Stevadal.
Il faudrait attendre le Zelandoni de la Vingt-Sixième Caverne. Les femmes se
mirent à bavarder, à se passer Jonayla. Danella hésita d’abord à la prendre
dans ses bras puis la garda un long moment. Loup restait à côté d’elle et de
l’enfant.
Ayla défit les perches de Whinney
et l’emmena brouter. Lorsqu’elle revint, on lui posa des questions hésitantes
sur l’animal et la façon dont elle s’en était faite l’amie. La Première
l’encouragea à répondre. Ayla devenait une bonne conteuse qui captivait
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