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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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savais ni médecin ni encore moins maître. Seule la mort m’a ramené au château.
    — Vous êtes pourtant d’ici, n’est-ce pas ?
    — Frère Aubré ne connaît que l’abbaye de Savigny, messire de Tarse. Que me voulez-vous au juste ?
    — Rien, mon frère, rien. Pardonnez ma curiosité. Vous repartez à Pirou ?
    — Avant la nuit tombée, sans doute.
    — Alors nous nous reverrons, fît Hugues de Tarse.
    Tancrède salua le moine et ils s’éloignèrent.
    — M’aviez pas dit que vous vouliez des plantes ? demanda Bertil qui après avoir flâné autour de l’étal de l’abbaye les avait rattrapés en courant.
    — Tu as bonne mémoire, petit. Rien ne m’intéressait. Pendant que nous y sommes, tu connais un pêcheur du nom de Bjorn ?
    — Oui, il fournit l’abbaye en anguilles. L’est venu ce jour, mais l’est reparti. C’est l’avalaison, les anguilles sont grasses et bonnes à farcir, ou à fumer. Y fait du troc avec ma famille des fois, anguilles contre pots.
    — Qui sont ces cavaliers, là-bas, tu les connais ? demanda soudain Tancrède en désignant l’attroupement de plus en plus important autour des nouveaux arrivants.
    — Oui-da. Viennent chercher des hommes pour s’battre dans un pays dont j’ai oublié le nom. Repartent toujours avec des gars de chez nous qu’on revoit jamais.
    Tancrède allait s’avancer vers la foule, mais une main ferme le retint.
    — Non ! fit la voix d’Hugues. Le petit a raison. Ils viennent chercher des soldats et des chevaliers pour renforcer leurs rangs.
    — Où ça ? En Orient ?
    — En Italie et en Sicile. Je connais l’un d’entre eux et je ne tiens pas à le rencontrer. Partons, nous en avons assez vu.
    Alors qu’ils détachaient leurs montures du chariot et ; que le père de Bertil les saluait, Tancrède remarqua que les cavaliers avaient mis pied à terre et discutaient avec un groupe de chevaliers normands. L’un des étrangers, vêtu d’une cape noire, s’était détaché de ses compatriotes et, pendant un bref instant, Tancrède eut l’impression qu’il les fixait.
    Non loin de celui-là, un valet se promenait au milieu des villageois, jetant en l’air une poussière scintillante qui détourna son regard.
    — Que font-ils ? Qu’est-ce que c’est que cette poudre ? demanda-t-il alors qu’ils sautaient en selle.
    Sans se retourner, Hugues répondit :
    — De l’or.
    — De l’or... Il y avait parmi eux un homme qui regardait de notre côté. Est-ce celui dont vous me parliez et que vous ne tenez pas à voir ?
    — Où ça ?
    Tancrède allait tendre le bras, mais l’autre avait disparu et il se demanda s’il n’avait pas rêvé.
    L’Oriental talonna sa monture et l’entraîna au galop vers la route de Coutances.

27
    Quelques instants plus tard, un homme s’approcha de Bertil et lui demanda de le suivre.
    L’enfant, qui avait dissimulé ses pièces sous le chariot, le détailla puis lui emboîta le pas sans protester, se disant qu’il y avait peut-être là moyen de gagner des sous en plus.
    L’homme l’entraîna à la lisière de la lande. Mince et brun, il était entièrement habillé de noir et portait une cotte de mailles sous sa tunique.
    — Ce sont des amis à toi qui viennent de partir ? demanda-t-il en s’arrêtant soudain près d’un arbre mort.
    Son visage était creusé par la fatigue et ses yeux noirs profondément enfoncés dans leurs orbites. Sa cape rejetée en arrière laissait voir à sa ceinture un poignard courbe à la garde ornée de pierreries et une épée.
    — Oui-da, répondit laconiquement le petit gars en notant tout cela. L’est beau votre poignard.
    — Et effilé aussi... Il m’a semblé reconnaître l’un d’eux, un compagnon rencontré en Orient. Te souviens-tu de leurs noms ?
    Bertil hocha la tête. Un sourire de loup se dessina sur les lèvres de l’homme.
    — Tu sais beaucoup de choses, n’est-ce pas ? Mais il te faut du temps et peut-être ça aussi pour que ta langue se délie ?
    Comme par magie, une pièce d’or était apparue dans la main de l’homme. Bertil écarquilla les yeux. C’était la première fois qu’il voyait de l’or de si près.
    — Si tu réponds bien, elle est à toi. Sinon...
    La pièce avait disparu et la main avait glissé vers la garde du poignard. Le geste était suffisamment éloquent pour que l’enfant sente sa gorge se nouer.
    Il réalisa alors qu’il était trop loin de son campement et que nul ne ferait

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