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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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prendre soin de vos chevaux. Voyez, ici, c’est chez moi.
    Il désignait un campement dont l’un des côtés était fermé par un chariot bâché.
    — Et ça, c’est ma petite soeur. L’a ses quatre ans. Enfin, à moins que ça soit trois ou cinq... J’en sais trop rien, les filles ça commence lentement, mais après ça va trop vite pour qu’on s’y retrouve, nous les hommes !
    Sous les tables à tréteaux jouait une gamine qui leur adressa un sourire édenté en leur montrant la poupée de chiffons qu’elle mordillait en bavant. Non loin fumaient encore les braises recouvertes de cendre d’un feu. La marchandise dissimulée par des toiles goudronnées était encore sur le chariot. Pas de trace de parents ou de valets.
    — J’attacherai vos destriers aux roues et j’ieur donnerai du foin et de l’eau, reprit le gars. Je m’en occuperai bien.
    Hugues hocha la tête et se laissa glisser à terre, maintenant son destrier par la bride.
    — Quel est ton nom, petit ?
    — Bertil, mon sire. Mais je suis point petit pour mon âge, savez.
    — Et que font tes parents ?
    — Des cruchons, des moques... On est des potiers de Néhou. Là y sont avec mon frère pour payer le droit d’étal et notre place au trésorier de l’abbaye.
    Hugues fouilla dans la bourse qu’il portait à la ceinture et en sortit une pièce qu’il tendit au gamin. Tancrède l’avait rejoint, et le gamin ne pouvait s’empêcher d’ouvrir de grands yeux devant les cimeterres dont il apercevait la pointe mal dissimulée par les burnous.
    — Si tu tiens parole, tu en auras une autre, affirma Hugues. Si tu ne tiens pas parole, je te retrouverai.
    Tout en donnant un coup de dents au sou pour s’assurer qu’il n’était pas mauvais, le garçon haussa ses maigres épaules :
    — C’est vrai qu’on se connaît point, mais j’suis point bête, savez. Si j’voulais faire mon malin, j’en aurais choisi des sans lames !
    — Bien, je vois que tu ne manques pas d’esprit, fit l’Oriental en lui tendant la bride de son destrier. Nous n’en avons pas pour très longtemps.
    Quelques instants, plus tard, alors que les deux compagnons arpentaient la foire, Hugues désigna du doigt un gonfanon rouge à croix blanche flottant au loin. Des chevaliers vêtus de leurs longs manteaux noirs escortaient une dizaine de chariots bâchés qui venaient d’entrer dans l’enclos.
    — Que font des hospitaliers par ici ? murmura-t-il pour lui-même.
    Ils entendirent des pas pressés derrière eux : Bertil les avait rattrapés.
    — Eh bien, que fais-tu ici ? C’est comme ça que tu t’occupes de nos chevaux ? demanda l’Oriental avec sévérité.
    — Ma foi, fit le petit gars encore essoufflé par sa course, j’leur ai donné le foin et l’eau comme promis. Ensuite, mon grand frère est arrivé, j’lui ai promis une petite pièce s’il faisait le travail à ma place. Il est point si malin que votre serviteur, mais il est plus fort, c’est mieux pour vos chevaux. Quant à moi, je m’suis dit que je pouvais vous servir de guide. Savez, mon sire, bientôt cinq fois que je viens ici : je connais mon monde. Si vous voulez acheter ou vendre quelque chose... J’suis votre homme.
    — Tu es un garçon avisé. Soit, si tu sais répondre à ma question, nous te garderons avec nous. Que vient faire ici le gonfanon des hospitaliers ? Ils ont une commanderie dans les parages ?
    — Quoi ? J’comprends pas.
    Hugues lui montra l’étendard rouge qui flottait au bout de la lance du cavalier de tête.
    — Ah, ça, c’est les chevaliers de la Villa Dei. Paraît que c’est près d’Avranches sur une rivière. Y font du cuivre, là-bas. Y z’escortent leurs dinandiers et font affaire avec l’abbaye.
    Hugues posa sa main sur l’épaule du garçonnet.
    — Bien, je te garde, et tu auras une autre pièce quand nous aurons fini.
    — Ma foi, une maintenant, une après, fit le garçon la mine sérieuse, sans parler de celle des chevaux, ça m’irait mieux. Sans vous fâcher, mon sire. Y a double de travail.
    — Ne sois pas trop gourmand, Bertil, ni trop pressé. Hérodote disait que « La hâte en tout engendre l’erreur ». Mais d’accord pour cette fois, répondit Hugues en lui tendant une nouvelle pièce que le gamin mordit consciencieusement avant de la faire disparaître dans les plis de sa tunique. Maintenant, fais silence et ne parle que quand nous t’interrogerons.
    Le gamin hocha la tête et se plaça à leur

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