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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ouvriers.
    Un sergent a lu une « adresse au public » dans
laquelle il l’assurait « qu’il n’avait rien à craindre des troupes
nationales, que jamais la baïonnette et le fusil ne serviraient à répandre le
sang des Français, de leurs frères et de leurs amis ».
     
    Louis après avoir lu ces dépêches a l’impression que son
corps est une masse lourde qui l’écrase.
    Comme pour l’accabler, on lui a rapporté ces conclusions d’un
libraire parisien qui, le 8 juillet, a écrit à son frère :
    « On avait cru jusqu’ici que la révolution se ferait
sans effusion de sang, mais aujourd’hui on s’attend à quelques coups de
violence de la part de la Cour : ces préparatifs, tout cet appareil
militaire l’indiquent. On y ripostera sans doute avec autant et encore plus de
violence. »
    Mais comment éviter cet affrontement, alors que Louis veut
préserver l’ordre monarchique qu’on lui a transmis et dont il est le garant ?
    Or cet ordre est dans tout le royaume remis en cause.
    Les émeutes, les pillages continuent de se produire dans
toutes les provinces, en ce début du mois de juillet d’une chaleur qui augmente
jour après jour, et avec elle la nervosité, l’inquiétude, la colère contre le
prix élevé du pain, sa rareté, contre les menaces que la « cabale »
des aristocranes ferait peser sur le tiers état.
     
    On a faim. On a peur.
    On craint l’arrivée de nouveaux régiments étrangers. Ils
prendraient position sur les collines dominant Paris, prêts à bombarder les
quartiers de la capitale, le Palais-Royal, les faubourgs.
    On assure que le roi est entre les mains de la « cabale »,
dont le comte d’Artois et la reine sont les animateurs, avec certains ministres,
et Foulon qui aurait déclaré, évoquant les plaintes des Parisiens et des
paysans : « Ils ne valent pas mieux que mes chevaux et s’ils n’ont
pas de pain, qu’ils mangent du foin. »
    Louis n’ignore pas ces rumeurs et ces peurs qui troublent le
pays, et le dressent contre la monarchie. Mais le roi ne peut croire que ce
peuple qui lui a si souvent manifesté son affection, et le 27 juin encore, soit
profondément atteint par cette « fermentation », cette « gangrène »
des esprits.
    Il faut que le roi lui montre sa détermination. Et Louis
approuve les propositions de ses frères et de la reine.
    Il doit d’abord ressaisir le glaive, concentrer les troupes
étrangères autour de la capitale, afin qu’elles puissent intervenir si
nécessaire.
    Et briser cette Assemblée nationale qui, le 9 juillet, s’est
proclamée Assemblée constituante, et qui la veille a voté une proposition de
Mirabeau, demandant au roi d’éloigner les troupes étrangères de la capitale et
de Versailles.
    Il faut dissimuler ses intentions, répondre que ces
régiments suisses et allemands sont là pour protéger l’Assemblée, qu’on
pourrait d’ailleurs transférer à Noyon ou à Soissons, où elle serait à l’abri
des bandes qui troublent l’ordre à Paris et à Versailles.
     
    Louis ment, mais, pense-t-il, il en a le droit puisqu’il s’agit
du bien du royaume dont Dieu lui a confié la charge.
    Le moment est proche où le roi abattra sa carte maîtresse :
le renvoi de Necker qui sera remplacé par le baron de Breteuil, l’armée étant
confiée au duc de Broglie, vieux maréchal de la guerre de Sept Ans, qui sera
ministre de la Guerre.
    Lors du Conseil des dépêches du samedi 11 juillet, Louis ne
révèle rien de ses intentions.
    Mais le Conseil clos, il charge le ministre de la Marine, le
comte de La Luzerne, de porter à Necker l’ordre de sa démission.
    Lettre tranchante demandant à Necker de quitter le royaume. Louis
imagine bien en effet que la démission de celui que la foule appelle « notre
père » provoquera des troubles.
    Mais il ne peut pas penser avec précision au-delà de sa
décision.
    Il n’est pas capable de prévoir les mesures à prendre.
    Ces jours d’angoisse et de choix l’ont épuisé.
     
    L’un des ministres renvoyés avec Necker, le comte de
Saint-Priest, notera :
    « Le roi était dans une anxiété d’esprit qu’il déguisa
en affectant plus de sommeil qu’à l’ordinaire, car il faut savoir qu’il s’endormait
fréquemment pendant la tenue des Conseils, et ronflait à grand bruit. »
    Le lendemain, dimanche 12 juillet 1789, Paris et la France
vont réveiller brutalement le roi Louis XVI.

15
Dimanche 12 juillet-Lundi 13 juillet
     
    Louis, à

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