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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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redoublé.
    Alors même que le souverain sort affaibli de l’échec de sa
première tentative de coup de force.
     
    Que faire ?
    Demander à trois régiments d’infanterie et trois régiments
de cavalerie de quitter les frontières et de se diriger vers Paris, où ils
devront arriver au plus tard le
    13 juillet. Et dans l’attente, dissimuler ses intentions.
    Louis donne l’ordre à son « fidèle clergé et à sa
fidèle noblesse » de se réunir à l’assemblée du tiers état.
    On illumine à Versailles, au Palais-Royal.
    « La révolution est finie », écrit-on.
    Mirabeau, devant l’Assemblée, déclare :
    « L’histoire n’a trop souvent raconté les actions que
de bêtes féroces, parmi lesquelles on distingue de loin en loin des héros. Il
nous est permis d’espérer que nous commençons l’histoire des hommes. »

14
    Comme Mirabeau, Louis voudrait « espérer ».
    Et durant quelques instants, il a cru en effet que le peuple
satisfait allait se rassembler autour de lui.
    Ce soir du 27 juin, la foule réunie dans la cour du château
de Versailles a crié « Vive le roi ! », « Vive le tiers
état ! », « Vive l’Assemblée ! », et Louis a décidé de
s’avancer en compagnie de la reine, sur le balcon.
    Il a vu cette foule joyeuse, qui le remerciait d’avoir
invité le clergé et la noblesse à se réunir au tiers état, et Louis a été ému
aux larmes, embrassant la reine qui pleurait aussi. Et la foule les a acclamés.
     
    Puis Louis est rentré dans le palais et il a été aussitôt
entouré par ses proches. La reine a cessé de pleurer et, comme le comte d’Artois
et le comte de Provence, elle adjure le roi de rassembler de nouvelles troupes
autour de Versailles, et de Paris.
    Foulon de Doué, chargé d’approvisionner ces troupes qui
arrivent de Metz, de Nancy, de Montmédy, et qui représenteront bientôt trente
mille hommes, rapporte que leur présence est d’autant plus nécessaire que les
gardes françaises n’obéissent plus aux ordres.
    Des compagnies se rebellent, se mêlent au peuple, crient :
    « Nous sommes les soldats de la nation, Vive le tiers
état ! »
    Certains ajoutent :
    « Les troupes sont à la nation qui les paie et non au
roi qui voudrait les commander. »
    Et quand les soldats rentrent dans leur casernement, ils
lancent à la foule : « Soyez tranquilles, faites ce qu’il vous plaira ! »
     
    Louis n’a même plus, en écoutant ses frères, la reine, Foulon,
le souvenir de ce bref moment d’espoir qu’il a vécu.
    Les dépêches qui se succèdent en ce début du mois de juillet
sont inquiétantes.
    Paris, écrasé par une chaleur extrême, bouillonne. Au
Palais-Royal, à toutes les portes de la ville, dans les faubourgs on se
rassemble, on manifeste, on roue de coups tous ceux qui refusent d’acclamer le
tiers état.
    Le duc du Châtelet, colonel commandant des gardes françaises,
a fait enfermer dans la prison de l’Abbaye onze soldats, qui ont tenu des
propos séditieux, refusé d’obéir.
    Et aussitôt plusieurs centaines de personnes ont encerclé l’Abbaye,
brisé à coups de pique et de marteau les portes de la prison, libéré non
seulement les onze gardes françaises mais tous les autres militaires
prisonniers. Les dragons, les cavaliers, les hussards qu’on a envoyés à l’Abbaye
pour disperser la foule ont refusé de charger, ont rengainé leurs sabres, ont
trinqué avec le peuple, qui criait « À la santé du roi et du tiers état ».
    Ils ont répondu en lançant : « Vive la nation ! »
    Les dragons disent à l’officier qui les conduit à Versailles :
« Nous vous obéissons mais quand nous serons arrivés, annoncez aux
ministres que si l’on nous commande la moindre violence contre nos concitoyens,
le premier coup de feu sera pour vous. »
    Ces soldats comme le peuple se défient des régiments
étrangers.
    À Versailles, des gardes françaises et des hommes du peuple
ont écharpé des hussards parlant allemand au cri de :
    « Assommons ces polichinelles, qu’il n’en reste pas un
ici. »
    On s’indigne en apprenant que le Conseil de guerre suisse a
fait pendre deux gardes suisses qui avaient manifesté leur sympathie pour les
sentiments patriotiques français.
    On constate des désertions parmi les troupes qui ont établi
leur camp au Champ-de-Mars.
    Et au Palais-Royal, on note la présence aux côtés des gardes
françaises d’artilleurs eux aussi acclamés par les femmes, des

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