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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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hostile martèle : « Vive la nation ! Vive
la Constitution ! »
    Louis, qui au fond de lui ne peut admettre ce texte, va l’approuver.
Mais est-ce mentir ? Il est le roi. Ses devoirs relèvent d’autres lois que
celles des hommes.
     
    Le 13 septembre, il donne son accord, et les députés
manifestent leur enthousiasme, décident de mettre en liberté tous ceux qui
avaient participé, aidé à sa fuite, à son « enlèvement », le 20 juin.
    Louis répond à la députation venue le saluer que sa femme et
ses enfants partagent ses sentiments.
    Mais le lendemain, à l’Assemblée, il pâlit d’humiliation
quand il constate que les députés se sont assis, alors qu’il est debout, et qu’ils
sont restés couverts.
    « Ces gens-là, murmure la reine, ne veulent pas de
souverains.
    « Nous succomberons à leur tactique perfide et très
bien suivie. Ils démolissent la monarchie pierre par pierre. »
    Louis pense à la Bastille dont il ne reste plus rien, qu’un
tracé sur le sol.
     
    Le dimanche 18 septembre, à l’Hôtel de Ville, la
Constitution est proclamée. Et, « peuple mobile et frivole », Paris
danse et chante.
    Louis apaisé va des Tuileries à Maillot, et on l’applaudit, on
crie « Vive le roi ! ». On reprend en chœur des couplets de Richard
Cœur de Lion, où l’on a changé le prénom du roi :
    Ô Louis, ô mon roi
    Tes amis t’environnent
    Notre amour t’environne.
    La reine elle-même est applaudie.
    Mais quand les souverains repartent en carrosse, un homme du
peuple bondit, s’accroche à la portière, et tout en gesticulant hurle à ceux
qui crient « Vive le roi ! » : « Non, ne les croyez
pas ! Vive la nation ! »
    Le 30 septembre, c’est la dernière séance de l’Assemblée
nationale constituante.
    Le roi s’y rend.
    Les députés sont découverts et debout puisque le roi a prêté
serment, et qu’il est donc roi des Français, monarque constitutionnel.
    Ils scandent « Vive le roi ! », « Vive
la nation ! ».
    Louis répond qu’il a « besoin d’être aimé de ses sujets ».
    Il a écrit sur une pancarte placée près de son siège, qui n’est
qu’un fauteuil et non un trône :
    « Le terme de la révolution est arrivé ; que la
nation reprenne son heureux caractère ! »
     
    Lorsque les députés sortent de la salle, une foule de
citoyens entoure et acclame Pétion et Maximilien Robespierre.
    On dit qu’ils sont les deux « députés-vierges », les
« législateurs incorruptibles ».
    On les coiffe d’une « couronne de chêne civique On veut
dételer leur fiacre et le tirer.
    Ils s’y opposent.
    « Quand je vois… » commence Robespierre.
    Il s’interrompt puis reprend :
    « Je ne crois pas que la Révolution soit finie. »

CINQUIÈME PARTIE
     
    1 er octobre
1791-10 août 1792
    « La Patrie en danger »
     
    « Je leur avais bien dit, foutre, que ça
irait. Quand le faubourg Saint-Antoine, quand les braves sans-culottes, quand Le
Père Duchesne veulent quelque chose, y a-t-il quelque puissance au monde
qui puisse l’empêcher ?
    Ainsi donc, foutre, Madame Veto a eu beau
remuer de cul et de tête tous les mouchards de Blondinet [La Fayette] et
Blondinet lui-même ont été impuissants. »
    Hébert, Le
Père Duchesne, avril 1792

26
    Louis hausse les épaules, puis se voûte et reste ainsi les
yeux mi-clos, comme écrasé.
    Il avait pensé que, en acceptant la Constitution révisée, il
regagnerait l’amour du peuple, et que les députés élus à l’Assemblée nationale
législative, dont la première session s’est tenue le samedi 1 er octobre
1791, seraient prêts à reconnaître les pouvoirs qui lui étaient concédés.
    Ils étaient sept cent quarante-cinq, et seulement cent
trente-six inscrits au club des Jacobins, deux cent soixante-quatre adhérents
au club des Feuillants, et trois cent quarante-cinq formant à eux seuls presque
une majorité indépendante qui vote au gré des événements, des acclamations des
tribunes du public, de ses sentiments.
    Et dès le 5 octobre, après avoir entendu un discours de
Couthon, un député inconnu, homme de loi à Clermont-Ferrand, paralytique, qu’on
dit Jacobin et affilié au club des Cordeliers, un « exagéré » donc, l’Assemblée
décrète que le roi ne sera plus appelé « Sire » et « Majesté »,
qu’il disposera non d’un trône mais d’un siège quelconque, et que les députés
pourront être assis en sa présence.
    Peu importe que, le

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