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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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cette personne et si vous la rendiez malheureuse, Fish Lady serait capable de vous tuer. Souvenez-vous de la fin de l'indigne mère d'Ottilia ! dit le major.
     
    – Merci pour l'avertissement, dit Charles, qui ne souhaita pas poursuivre l'entretien et se retira.
     
    Malcolm Murray l'accueillit avec chaleur et lui montra aussitôt le dessin d'une maison à un étage, sans galerie ni véranda, au contraire des belles demeures de l'île, mais dotée de balcons et de fenêtres à encorbellements. Elle parut à Charles de proportions parfaites, ressemblant davantage à une villa des rives de la Brenta, banlieue vénitienne familière à Murray, qu'à un cottage anglais.
     
    – Mon futur home , mon cher. Mon oncle m'a offert un beau terrain près du port oriental, et je vais y construire ma résidence. Bien que mon père soit revenu à de bons sentiments à mon égard et qu'il me renvoie, à ses frais, Mortimer, mon ancien valet, à qui j'ai pardonné sa traîtrise d'autrefois, je n'ai pas l'intention de retourner vivre en Angleterre. J'ai passé l'âge des fredaines et je suis bancal comme un vieux banc. Et puis, je me soumets avec bonheur à ce que Carver appelle l'envoûtement d'une l'île au soleil.
     
    Murray étant un confident sans préjugés, Charles lui raconta sa croisière à Eleuthera, avoua son amour pour Ounca Lou, et laissa entendre qu'elle était devenue sa maîtresse.
     
    – Vous avez de la chance. C'est bien la plus belle fille de l'île, d'après Tilloy qui s'y connaît. Mais, attention ! La sorcière de Buena Vista risque de ne pas apprécier cette liaison. On dit que Fish Lady commande aux requins. Ne vous baignez pas n'importe où, Charles !
     
    – À l'heure qu'il est, lady Lamia doit savoir à quoi s'en tenir sur mes rapports avec sa filleule. Si je vois un requin, je change de baie, dit Desteyrac en riant.
     
    Murray ayant invité l'ingénieur à partager son repas du soir, l'Anglais évoqua la nouvelle qui alimentait les conversations au Loyalists Club : le riche mariage du lieutenant Tilloy et sa démission de la flotte Cornfield.
     
    – Quand Mark est allé annoncer son départ à Cornfield Manor, mon oncle est entré dans une colère apocalyptique. Il a aboyé pendant un quart d'heure sans discontinuer. Il a traité ce pauvre Mark de renégat et l'a assuré qu'il serait cornard avant d'être marié, parce que les filles de Jeffrey ont le feu sous leur jupon. Il l'a prévenu que, son cousin de New York étant pingre comme un vicaire écossais, il serait exploité au plus juste salaire. Bref, une vraie scène de jalousie !
     
    – Cela prouve l'estime dans laquelle lord Simon tient notre ami Mark.
     
    – Peut-être, mais mon oncle a horreur qu'on le quitte, qu'il s'agisse d'un ami ou d'une chambrière. C'est pour lui une désertion inexcusable, car il croit qu'on ne peut pas avoir de meilleure vie qu'auprès de lui, sous sa coupe. Quand votre pont sera achevé et que vous rentrerez en France, attendez-vous à une scène semblable, plus violente peut-être, car Simon Leonard vous aime comme le fils qu'il aurait voulu à son côté.
     
    – Peut-être resterai-je, moi aussi, comme vous, à Soledad, dit Charles, ce qui lui valut une accolade fraternelle.
     
    Il n'était plus question d'aller passer la nuit à Little Manor, où Ounca Lou devait l'attendre, et ce fut sans plaisir qu'il retrouva, dans son grand bungalow, une couche solitaire.
     

    Au matin du 10 mai 1856, la fuente del Ángel attira beaucoup de curieux, dont de nombreux marins britanniques de la flotte Cornfield, venus voir leurs compatriotes scaphandriers à l'œuvre. Des indigènes du voisinage, qui croyaient à la malfaisance des monstres cachés dans les trous bleus, se tenaient à bonne distance, silencieux et apeurés. Comme Charles, le père Taval avait été convoqué par lord Simon, et le docteur Kermor envoyé par le major Carver.
     
    Pourvus d'un meilleur matériel que lors de leur premier séjour, Jim Malory et Samuel Bartley montrèrent à Charles la nouvelle pompe à air à quatre cylindres, invention du français Joseph-Martin Cabirol, et le plus récent scaphandre, avec habit en toile caoutchoutée, chaussures à semelles de plomb pesant chacune sept kilos, lest de dos et de poitrine de dix-huit kilos et casque doté d'une soupape qui permettait l'évacuation automatique de l'air envoyé en surplus.
     
    – Le danger pour Jim, qui va descendre dans le trou d'eau pour tenter de trouver

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