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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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être retenu par quelque chose.
     
    – Houla ! houla ! Moi, je vais pas dans les trous bleus ! C'est peut-être le Lusca qui le tient, ou le grand dauphin, dit l'Arawak, prêt à fuir.
     
    – Ne sois pas idiot. Le Lusca n'existe pas, non plus que les trolls et le dauphin sanguinaire. Déshabille-toi. Tiens, si tu veux, je plonge avec toi. Seulement, moi, je ne peux pas rester sous l'eau ni descendre aussi profond que toi. Mais j'attendrai que tu remontes. Toi seul peux sauver le scaphandrier. Tu dois le faire !
     
    – Par le Christ auquel tu crois, tu dois le faire, Sima ! répéta le père Taval.
     
    – Il n'y a pas de monstre dans ce trou, nom de Dieu, mais un bon Anglais qui va mourir si on ne fait rien ! s'écria Uncle Dave.
     
    – Alors, on saute tous les deux, Monsieur l'Ingénieur, consentit enfin l'Arawak.
     
    – Allons-y, dit Charles.
     
    Il ôta sa chemise et ses chaussures et plongea le premier. L'Indien, lesté d'une ceinture de plomb proposée par Bartley, le suivit. Le Français reparut rapidement en surface, le souffle court, tandis que le pêcheur d'éponges, dominant sa frayeur, descendait à la recherche de Malory.
     
    Comme l'attente se prolongeait, insupportable, Bartley constata que la cordelette de sécurité restait immobile et que le régulateur de la pompe indiquait une saturation d'air.
     
    – Jim ne répond plus, constata-t-il, des larmes plein les yeux.
     
    – Je connais Sima : il peut tenir près de huit minutes sans respirer. S'il le trouve, il le remontera, dit le docteur Kermor.
     
    Comme pour confirmer cet optimisme, une vigoureuse traction sur la corde de manœuvre indiqua, du fond, que celle-ci pouvait être halée, ce qu'on s'employa à faire avec précaution. Sima reparut le premier ; il tenait sous le bras une petite caisse de bois aux panneaux disjoints, qu'il tendit à Charles, déjà hissé hors de l'eau par le père Taval.
     
    Enfin émergea le scaphandre. Par le hublot du casque, on vit la face creuse de Malory et son regard révulsé.
     
    – Il a dû manquer d'air, dit le docteur Kermor tandis qu'on dévissait la sphère de cuivre.
     
    L'évanouissement de Malory ne fut pas de longue durée et il put bientôt raconter que, s'étant engagé dans une sorte de grotte, il avait vu sur un petit entablement rocheux, situé hors d'atteinte des eaux, sauf peut-être lors de grandes marées, une caisse qui s'était disloquée quand il l'avait saisie, trompé par son poids sans proportion avec son volume.
     
    – Elle était lourde et je l'ai laissée tomber. En me relevant, le conducteur d'air s'est coincé dans une fente du rocher : j'ai commencé à souffrir du manque d'air. Je vous ai alertés, et après, je ne sais plus. Mais je voudrais bien savoir si ce que je ramène est un trésor ou pas ! demanda-t-il.
     
    – Ce n'est pas un trésor au sens où vous l'entendez, mais c'est, je pense, l'objet que voulait lord Simon, répondit Charles.
     
    Il tira de la caisse détruite un conglomérat de sédiments marins ayant vaguement la forme d'une tête humaine.
     
    – Porte ça à Cornfield Manor ! ordonna-t-il à Timbo, sans satisfaire davantage la curiosité des insulaires qui faisaient cercle autour de lui.
     
    Tous finirent par se disperser en jacassant, maintenant persuadés que les monstres des trous bleus avaient trouvé leur maître, un homme vêtu de caoutchouc, coiffé d'une boule de cuivre avec des vitres.
     
    Le soir même, les deux scaphandriers furent accueillis par lord Simon au Loyalists Club et perçurent une somme en livres sterling. Charles Desteyrac fut félicité pour la perspicacité qui avait permis de résoudre le rébus du moine. Quant à Sima, il reçut de l'Anglais qui lui devait la vie une ceinture de scaphandrier, lestée de plomb, qui remplacerait avantageusement la pierre qu'il s'attachait au cou pour pêcher l'éponge. À ce cadeau, lord Simon ajouta un cheval de son haras.
     
    En quelques jours, sous la surveillance de Malcolm Murray, le crâne aztèque fut débarrassé de sa gangue de sédiments et de coquillages. Le cristal, dont Charles fignola le nettoyage avec un acide et des huiles, apparut dans toute sa pureté, ayant recouvré après trois siècles son étrange pouvoir de réfraction de la lumière. Enchâssés dans des cornées de pierre de lune, des pupilles de quartz blanc et des cristallins faits de saphir taillé donnaient à cette tête de mort un inquiétant regard.
     
    Le soir où

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