Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
caverne. Il vit l’Arétin qui, dans son lit, le regardait avec étonnement. Il eut honte de cette terreur irréfléchie et se rassit en demandant :
    « Voyons, avant de partir, n’as-tu parlé à personne de cette mission ?…
    – A personne au monde », dit l’Arétin après une légère hésitation.
    Mais si courte qu’eût été cette hésitation, Bembo l’avait remarquée.
    « Misérable, gronda-t-il en s’approchant du lit, tu as parlé !
    – Non, je le jure !
    – Sais-tu, reprit Bembo en secouant violemment la main de l’Arétin, sais-tu qui était ton secrétaire ?…
    – Quel secrétaire ? Deviens-tu fou ?…
    – Le mystérieux secrétaire sur lequel je t’ai vainement interrogé et dont tu ignorais tout, jusqu’à son nom ! Sais-tu qui il était ?
    – Non, par les cheveux de Chiara !
    – Où est-il ? Qu’est-il devenu ?
    – Il a disparu la veille de mon départ. Que le diable le tienne en sa digne garde !
    – Eh bien ! triple fou, c’était Roland Candiano !
    – Bah !…
    – C’était lui, te dis-je !
    – Eh bien ! Qu’y a-t-il là de si étrange ? Et que veux-tu que cela me fasse ? En quoi les faits et gestes de M. Roland Candiano me regardent-ils, après tout ?… Il est parti, bon voyage ! Il ne reviendra pas, ou reviendra, à son aise ! »
    Ces derniers mots firent tressaillir Bembo. Une flamme d’espoir terrible brilla soudain dans ses yeux.
    « S’il allait revenir ! » songea-t-il. »« Ce que je vois de plus en plus clair en tout cela, continuait l’Arétin, c’est que je perds, moi, outre l’amitié de Jean de Médicis, deux mille cinq cents bons écus que je devais toucher en rentrant, une fois ma mission terminée.
    – Ecoute, fit Bembo. Veux-tu toucher la somme tout de même ?
    – Si je le veux ! s’écria l’Arétin qui s’arrêta soudain de pleurer.
    – Veux-tu en toucher le double, le triple, tout ce que tu voudras ?
    – Parle, ami Bembo, tu parles d’or. Que faut-il faire ?
    – Presque rien. Ton secrétaire…
    – Le fameux Roland Candiano ?
    – Oui. Eh bien… tu as dit qu’il reviendrait peut-être. ?
    – C’est lui-même qui me l’a fait dire.
    – Bon. Eh bien ! quand il reviendra, il s’agit de lui faire bon visage, de le retenir, coûte que coûte, auprès de toi, une heure ou deux…
    – Ce n’est pas difficile.
    – Et, tout aussitôt, de me faire prévenir.
    – Ah ! ah !
    – Hésiterais-tu ? gronda Bembo.
    – Non pas, mort diable ! Je ne connais pas cet homme, ni ne veux le connaître. Peu m’importe, ce qui peut lui arriver ! C’est dit, Bembo ! S’il revient, je t’envoie prévenir tout courant.
    – Et dès le jour même tu touches dix mille écus.
    – Dont j’aurais le plus grand besoin. Ces coquines, pendant mon absence, ont fait d’étranges dépenses. Je les ai retrouvées avec des robes de soie brochée et des écharpes de prix. Outre que j’ai moi-même fortement écorné pendant mon voyage…
    – Présente-toi au Trésor. Tu y toucheras mille écus. On sera prévenu.
    – Diavolo ! tu tiens donc les clefs de la caisse ?
    – Oui, Pierre, et songe que cette caisse, je l’ouvrirai pour toi autant que tu voudras si tu nous rends ce service.
    – C’est dit, et tu peux compter sur moi ! »
    Bembo partit en toute hâte et revint au palais ducal où le doge Foscari l’attendait avec impatience, se promenant tout agité dans son cabinet où ce jour-là il ne voulut donner aucune audience à personne.
    « Eh bien ? fit le doge empressé en apercevant Bembo, as-tu quelque nouvelle positive ? sais-tu le nom du meurtrier du Grand-Diable ?
    – Monseigneur, dit Bembo, vous ne vous étiez pas trompé.
    – C’est donc bien Roland Candiano ! exclama Foscari en pâlissant.
    – C’est bien lui, monseigneur. Mais en apprenant cette mauvaise nouvelle chez l’Arétin, j’en ai une autre qui corrige quelque peu la première.
    – Parle vite, Bembo ; car je te jure qu’en ce moment je ne vois autour de moi que malheurs et catastrophes.
    – Eh bien, monseigneur, je crois que sous peu, Roland Candiano sera dans nos mains.
    – Comment cela ?
    – Candiano est en relations avec l’Arétin.
    – Lui ! Que pouvait-il donc espérer de ce faiseur de vers ?
    – Je ne sais ; toujours est-il que Roland s’est mis en relations suivies avec l’Arétin et qu’il est infiniment probable qu’il reviendra chez lui.
    – Et

Weitere Kostenlose Bücher