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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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chambre sur le canal.
    Le lendemain, l’Arétin présentait à ses deux secrétaires un nouveau compagnon qui, désormais, dit-il, ferait partie de son existence : c’était un secrétaire qu’il affirma lui avoir été adressé par son grand ami Jean de Médicis.
    Le surlendemain, vers neuf heures du soir, l’Arétin montait dans la belle gondole à tente pourpre qui stationnait devant son palais. Il emmenait avec lui son nouveau secrétaire et trois domestiques vêtus d’une éclatante livrée parmi lesquels se trouvait le colosse aux cheveux gris et au dos voûté.
    La gondole glissa le long du Grand Canal. Dix minutes plus tard, elle s’arrêtait en face du somptueux palais d’Imperia.
    En passant derrière l’Arétin, Scalabrino fit à un curieux un signe imperceptible auquel il fut répondu par un signe pareil.
    L’Arétin monta les degrés du palais, et entra dans la grande salle où circulait une foule élégante.
    Imperia, magnifique statue, accueillait ses invités par un sourire et une parole de bienvenue. Elle était radieuse. La superbe courtisane était là dans son élément.
    A son entrée, l’Arétin avait marché droit à Imperia, Roland faisant signe à Scalabrino de le suivre, s’était perdu vers le fond de la salle.
    Pierre Arétin et Imperia se voyaient pour la première fois.
    Ces deux êtres échangèrent un sourire qui était un poème.
    Tout de suite, ils se comprirent merveilleusement.
    L’Arétin s’assit près d’Imperia, et la conversation devint un tournoi de phrases alambiquées.
    « Et qui vous a attiré à Venise ?
    – D’abord le désir de vous voir, madame, ensuite une lettre de mon ami Bembo.
    – Ah ! fit-elle, vous connaissez le nouveau cardinal ?
    – C’est moi-même qui lui ai apporté sa nomination, madame. Mais vous-même, le connaissez-vous donc ?
    – C’est un de mes amis », dit Imperia avec une expression de haine et presque de terreur.
    Et comme si la pensée qui traversait à ce moment son esprit en eût emmené une autre, elle fit signe à un valet.
    « Allez me chercher dame Maria », dit-elle.
    Puis reprenant :
    « Votre intention est donc de vous installer à Venise ? On parle d’un beau palais que vous avez loué et meublé magnifiquement.
    – Magnificence qui ne vaudra jamais la vôtre, madame, bien que Titien lui-même ait présidé à sa décoration. C’est vrai, je m’installe à Venise, et pour longtemps, j’espère.
    – On y est en sûreté, fit tout à coup Imperia. C’est une sorte de forteresse d’où on peut impunément braver les plus forts…
    – Vous lisez admirablement dans la pensée des gens, dit l’Arétin à voix basse ; et si vous voulez, à nous deux, nous dominerons Venise… et nous y serons inexpugnables.
    – J’accepte l’alliance. Mais, dites-moi, quel est cet homme qui marchait près de vous lorsque vous êtes entré ?
    – Vous voulez parler de mon secrétaire Paolo ?
    – Ah ! c’est votre secrétaire », fit Imperia pensive.
    A ce moment, une femme d’âge s’arrêta devant elle et dit :
    « Vous m’avez fait demander, madame ?
    – Oui, Maria… Que fait Bianca ?…
    – M lle  Bianca dort comme un ange, bien que dans le commencement de la soirée, elle ait paru un peu indisposée.
    – Indisposée ! s’écria Imperia et vous ne me l’avez pas dit…
    – Je n’ai pas osé, madame… à cause de la fête…
    – Et que m’importe la fête ! Je suis sûre que Bianca est souffrante encore ; voyons, parlez…
    – Madame, il est vrai que la signorina souffre un peu… mais ce n’est rien…
    – Excusez-moi, dit Imperia à l’Arétin d’une voix tremblante, je reviens à l’instant.
    – Madame, dit l’Arétin, si j’en crois ce que je viens d’entendre, la santé de cette demoiselle vous est précieuse…
    – Elle est ma fille, fit Imperia avec un naïf orgueil.
    – Ah !… vous avez donc aimé ! dit l’Arétin, puisque vous aimez tant cette enfant.
    – J’ai aimé une fois dans ma vie, une seule fois et cela m’a valu tous les tourments de l’enfer. Cette enfant n’est pour rien dans cet amour. Je l’aime pour elle-même…
    – Quoi qu’il en soit, vous ne seriez peut-être pas fâchée d’avoir un bon médecin sous la main ? J’en ai un à vous offrir. C’est ce secrétaire dont vous me parliez tout à l’heure.
    – Soit ! Venez avec moi. »
    Elle traversa la salle de fête en souriant. Accompagnée de l’Arétin,

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