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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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votre secrétaire.
    – Oh ! oh ! s’écria Pierre Arétin, voilà bien de l’ambition, monsieur ! Qu’avez-vous écrit ? Avez-vous fait vos preuves ?…
    – Je puis les faire devant vous en improvisant une ballade. »
    Ayant dit, le Florentin parut attendre avec modestie la décision du poète. L’Arétin considéra l’étranger de la tête aux pieds, puis se tournant vers ses invités que cette scène semblait amuser fort :
    « Si Leurs Seigneuries n’y voient pas d’inconvénient…
    – Nos Seigneuries seront enchantées, dit un homme que le Florentin n’avait pas aperçu, au fond de la pièce.
    – Du moment que tu le désires, mon cher Bembo ! dit l’Arétin. Mais que diraient tes fidèles s’ils te voyaient ici, occupé de sonnets et de ballades qui n’ont rien de commun avec les Saints Evangiles !… Commencez, jeune homme.
    – Le sujet de ma ballade se passe non loin de Trévise, dans les gorges de la Piave. En voici le titre :
Le poète et le bandit. »
    L’Arétin s’était levé.
    « Monsieur, dit-il, excusez-moi. J’avais oublié un rendez-vous important. Si vous voulez revenir demain, j’écouterai votre ballade avec un vif plaisir. A demain donc, à demain… »
    Il ouvrit une porte et glissa ce mot dans l’oreille du Florentin :
    « Attendez-moi ici… »
    Puis, revenant à ses invités :
    « Au diable les rendez-vous ! Je suis excédé, ma parole ! Depuis huit jours, je n’ai pas encore eu le temps de composer un sonnet que me demande le duc de Ferrare, et un conte que je veux envoyer à Sa Majesté l’empereur Charles.
    – Te voilà bien à plaindre, mon cher Pierre, dit l’homme qui était assis au fond.
    – Eh ! il faut que je gagne ma vie ! Ce n’est pas comme toi que ta prébende de nouveau cardinal suffirait à faire vivre largement.
    – Cardinal par la grâce de l’Arétin ! dit Bembo.
    – Il est vrai que j’ai quelque influence auprès du Saint-Père », dit l’Arétin.
    Les invités de l’Arétin, cependant, avaient pris congé.
    Bembo à son tour se retira. Alors, Pierre Arétin se dirigea rapidement vers la porte par où il avait fait passer le Florentin.
    « Venez, lui dit-il en l’entraînant sur le fond du palais jusqu’à une pièce exiguë et très simplement meublée. Ici, ajouta-t-il alors, je ne crains pas les oreilles indiscrètes et vous pouvez parler. »
    Le Florentin, d’un geste, se débarrassa de la chevelure blonde et la mâle figure de Roland apparut à l’Arétin.
    « Vous ! s’écria celui-ci.
    – Moi, qui joue mon rôle comme j’espère que vous jouerez le vôtre. Et pour commencer…
    – Parlez, maître ! dit l’Arétin, à qui ce mot vint sans effort.
    – Eh bien, tout d’abord, il faut que je sois votre secrétaire pour quelque temps. Ensuite, je veux venir avec vous à la fête à laquelle vous devez assister après-demain.
    – Chez la courtisane Imperia ?
    – Oui. A propos, comment vit cette femme ? Il me semble avoir entendu dire qu’elle a un enfant. Est-ce exact ?
    – C’est exact, Imperia a une fille, Bianca, qui a douze ou quatorze ans.
    – Bien. Vous vous arrangerez au cours de cette fête pour que je puisse voir la jeune Bianca et pour que la courtisane Imperia ait confiance en votre secrétaire.
    – Est-ce tout, maître ?
    – Tout pour le moment. J’oubliais. L’homme qui m’accompagne et qui est resté dans une de vos antichambres devient votre domestique. Il vous accompagnera également au palais d’Imperia. »
    L’Arétin, tout pâle, reconduisit Roland jusqu’à une porte dérobée qui s’ouvrait sur le derrière du palais. Le faux Florentin s’éloigna rapidement. Alors, Pierre Arétin revint lentement vers la pièce où attendait l’homme aux cheveux gris. Il aperçut le colosse qui attendait paisiblement sur une banquette.
    « C’est vous, mon ami, qui désirez entrer à mon service ? lui demanda-t-il.
    – Oui, et même le plus tôt possible.
    – A l’instant même, si vous le désirez.
    – En ce cas, faites-moi faire une livrée. Il faut que je l’aie, au plus tard, après-demain. Ah ! autre chose… Je désire ne pas coucher avec les autres domestiques.
    – Vous aurez votre chambre.
    – Il sera bon qu’elle donne sur le Grand Canal.
    – Venez, je vais vous la montrer et vous me direz si sa situation vous convient. »
    Quelques instants plus tard, Scalabrino, que l’Arétin ne reconnut pas, était installé dans une

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