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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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terreur et regarda autour d’elle cherchant une arme, décidée à tuer l’homme qu’elle aimait. Sandrigo surprit ce regard. Il haussa les épaules.
    « Ecoute, reprit-il, il y a deux hommes qui m’ont offensé mortellement. Entre eux et moi, c’est une lutte sans pitié. Tu les connais. Je n’ai pas besoin de te les nommer. Maintenant, j’ai besoin, moi, de la petite Bianca, qui se trouve sous ta garde. Je ne veux lui faire aucun mal. Loin de là, je veux simplement la ramener à sa mère. Cela est utile à mes projets. Es-tu avec moi contre mes ennemis,… Si oui, viens : un prêtre nous unira, tu seras ma femme pour toujours. Tu vas donc venir avec moi à Venise ; tu raconteras tout ce qui s’est passé ici ; puis de là, nous irons trouver un prêtre qui nous unira. Eh bien, que dis-tu, Juana ?…
    – Je dis que, moi vivante, Bianca ne sortira pas d’ici !
    – Ainsi, reprit le bandit, tu es contre moi ?
    – Oui !
    – Tant pis, rugit Sandrigo, c’est toi qui l’auras voulu ! »
    En parlant ainsi, il se jeta sur la jeune femme qu’il renversa. Entre eux, la lutte ne pouvait être longue. En quelques instants, Juana se trouva bâillonnée et liée. Sandrigo leva son poignard. Mais peut-être une lueur de pitié vint-elle éclairer cette scène obscure, car le bras levé pour frapper retomba.
    « Au fait, murmura-t-il, c’est inutile. Et puis, je ne suis pas fâché qu’elle leur raconte. Ils verront à quel homme ils ont affaire ! »
    En renversant Juana, il avait touché la clef cachée dans le corsage de la jeune fille. Il prit cette clef, ouvrit la porte qui conduisait à Bianca.
    Il entra et se trouva dans une pièce vide. Il alla plus loin, pénétra dans une autre pièce ; c’était celle où dormait le vieux Candiano.
    Le bandit s’approcha doucement du lit du vieillard.
    « Cela ne vaut pas un coup de poignard ! » finit-il par murmurer.
    Il recula lentement, et sans bruit referma la porte.
    Il s’arrêta devant une autre porte. Il l’ouvrit avec précaution, passa la tête dans l’entrebâillement et sourit.
    « C’est là », murmura-t-il.
    C’était là, en effet. Bianca dormait d’un sommeil paisible d’heureuse enfant. Le bandit ne put retenir une sourde exclamation.
    « Par les saints, qu’elle est belle ! » songea-t-il.
    Bianca ne s’était pas réveillée.
    Sandrigo toucha du bout du doigt l’épaule nue de la jeune fille.
    La jeune fille se réveilla, ouvrit des yeux épouvantés, et eut un brusque recul d’horreur en même temps qu’elle s’enveloppait de ses couvertures et jetait un cri terrible :
    « Juana ! Juana !… »
    Un sourd gémissement lui répondit.
    « Rassurez-vous, signorina, dit Sandrigo ; je ne vous veux aucun mal. Ecoutez-moi je vous prie, et prenez note de mes paroles, car nous n’avons pas de temps à perdre. Je vous jure qu’aucun mal d’aucune sorte ne vous sera fait. Il est d’ailleurs inutile d’appeler Juana. Elle n’est plus ici. Voici ce que j’ai à vous dire. Je viens de la part de votre mère.
    – Ma mère ! s’exclama Bianca.
    – Oui : la signora Imperia. C’est elle qui m’envoie, et pour preuve que je vous dis la vérité, je vais vous raconter ce qui vous est arrivé. Vous avez été enlevée de la maison de votre mère, malgré elle, sinon malgré vous. La signora Imperia est désespérée. Elle s’est adressée à moi pour vous retrouver. Me croyez-vous ?
    – Continuez…
    – Votre mère, la signora Imperia, m’a donc supplié de me mettre à votre recherche. J’ai accepté, j’ai entrepris de vous retrouver et j’ai été assez heureux pour aboutir à cette maison où vous êtes séquestrée par votre ravisseur… Oh ! ne protestez pas, c’est inutile… Or, voici maintenant ce que je viens vous dire. Je vais me retirer dans la pièce voisine où j’attendrai dix minutes. Vous mettrez ces dix minutes à profit pour vous habiller et être prête à me suivre…
    – Vous suivre ! s’écria la jeune fille qui reprenait peu à peu toute son énergie. Jamais ! Qui me prouve que vous venez de chez ma mère ?
    – Vous me suivrez volontairement, je l’espère, dit Sandrigo. Je viens si bien de la part de la signora Imperia qu’elle m’a donné des instructions formelles et m’a enjoint d’employer la violence, si, par impossible, vous étiez assez dénaturée pour vous refuser à venir consoler une mère qui pleure et souffre. »
    En disant ces mots, Sandrigo

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