Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
s’assura par un rapide regard que la chambre ne comportait ni porte et fenêtre par où la jeune fille pût s’évader. Alors, il s’inclina froidement et sortit.
    Bianca, terrorisée, s’habilla en toute hâte.
    Elle ne manquait pas de courage et était résolue à se défendre si cet homme avait menti. Elle glissa dans son sein un petit poignard, et lorsque Sandrigo ouvrit la porte au bout de dix minutes, il trouva Bianca habillée complètement.
    « Etes-vous prête à me suivre ? demanda-t-il.
    – Je suis prête, monsieur.
    – A la bonne heure ! fit rondement le bandit. Eh ! par la Vierge Marie, faut-il tant de façons à une honnête fille comme vous pour aller retrouver une mère en larmes !
    – Marchez, je vous suis !… »
    Sandrigo saisit la jeune fille par le bras et l’entraîna rapidement. Il traversa la maison à grands pas, franchit le jardin, et quelques minutes plus tard, arrivait à la carriole dont il avait attaché le mulet à un arbre du chemin.
    « Montez, signorina ! » dit-il.
    Bianca monta dans la carriole. D’un bond, Sandrigo prit place près d’elle, fouetta son mulet ; la carriole partit.
    Deux heures de course rapide amenèrent Sandrigo aux lagunes. Il s’arrêta au point où il avait laissé la barque. Le vieux marin qui l’avait amené était là.
    « Embarque ! dit-il. Je commençais à ne plus t’attendre ! »
    Sandrigo sans répondre sauta à terre. Il se retourna vers Bianca et s’aperçut alors que la jeune fille s’était évanouie.
    « Tant mieux ! fit-il entre les dents, cela simplifie les choses. »
    Il déposa la jeune fille sous la tente de la barque et la couvrit soigneusement d’un manteau de marin.
    « Qu’allons-nous faire de cette carriole et de ce mulet ?
    – Je te les donne ! dit Sandrigo. Ce sera le prix de ta course.
    – Peste ! fit le marin, tu deviens grand seigneur ! »
    Sandrigo fit un geste d’impatience.
    « Dépêchons-nous », dit-il d’une voix brève.
    Le marin avait appelé son mousse.
    « Tu vas, dit-il, conduire cette carriole à Mestre, où tu sais, chez notre… ami. Tu l’y laisseras et tu reviendras à Venise comme tu pourras, au plus tôt. Tu diras que c’est une prise. »
    Bianca revint à elle au moment où l’embarcation touchait le quai, à l’endroit où Sandrigo s’était embarqué, c’est-à-dire presque en face de ce cabaret louche où il était entré pour trouver le vieux marin.
    La jeune fille marchait, les idées en déroute. Elle vit qu’on l’entraînait dans une maison de sordide apparence, qu’on lui faisait monter un escalier gluant, qu’on la poussait dans une chambre dont elle entendit la porte se refermer à triple tour. Cette fois, Sandrigo avait jugé inutile de lui donner la moindre explication.
    La jeune fille, folle d’épouvante, se laissa tomber sur un siège et se prit à sangloter.
    Sans perdre un moment, Sandrigo se dirigea en toute hâte vers le palais d’Imperia. Après des pourparlers avec les valets de la courtisane, il fut enfin admis en sa présence.
    « Signora, lui dit-il brusquement, votre fille vous a été enlevée récemment.
    – Comment le savez-vous ?
    – Il suffit que je le sache, signora, fit Sandrigo avec un sourire. Donc, votre fille Bianca vous a été enlevée par un homme qui vous veut beaucoup de mal…
    – Un homme que je tuerai ! gronda-t-elle.
    – A moins qu’il ne meure de ma main… Mais nous traiterons cette question-là plus tard. Pour le moment, je viens simplement vous dire que je puis vous faire retrouver votre enfant.
    – Où est-elle ? Parlez… !
    – Je vous le dirai quand nous aurons convenu de certaines choses.
    – Lesquelles ? Parlez ! oh ! parlez vite !… Tout ce que vous voudrez !… Mais vous avez donc vu ma fille ! ma Bianca ! oh ! si vous avez un cœur, dites-moi seulement qu’elle n’a pas souffert, qu’elle n’est pas en danger !
    – Rassurez-vous, signora, dit le bandit presque ému. Votre fille n’a nullement souffert et aucun péril ne la menace. Dans une heure, si vous voulez, elle sera près de vous.
    – Dans une heure !…
    – Il suffit, madame, que nous nous entendions.
    – Combien voulez-vous ?… Parlez vite !
    – De l’argent ?… Ah ! madame !…
    – Que voulez-vous donc ? fit la courtisane étonnée.
    – Regardez-moi bien, madame. J’ai exercé jusqu’à ce jour la noble profession de bandit. Je m’appelle Sandrigo. On me redoute à vingt

Weitere Kostenlose Bücher