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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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commentaire du père Thomas. Un coup à la porte le fit cesser. Les deux serviteurs apportèrent un coffre à flèches délabré. Ils le déposèrent devant Lord Scrope, s’inclinèrent et quittèrent la pièce. L’air triomphant, le maître des lieux repoussa du bout de sa botte le couvercle saillant. Corbett fit un signe à Ranulf, qui s’accroupit et entreprit de sortir le contenu de l’arche : deux grands arcs dont le bois d’if luisait encore ; deux carquois de longues flèches en frêne, au bout ferré et garnies de plumes d’oies grises ; deux arbalètes du Brabant ; deux haches de combat ; des poignards et des épées galloises, courtes et massives, à la pointe menaçante et aux bords en dents de scie. Corbett prit un arc presque aussi haut qu’un homme. Tout en if, avec une prise ferme, il était pourvu d’une corde puissante. Le magistrat la pinça tout en la tirant légèrement et en tentant de refouler les cauchemars induits par les ravages sanglants que ces longs arcs avaient provoqués lors de la campagne du roi au pays de Galles. Il revoyait les soldats transpercés par les traits de ces terribles armes, assez fatales pour abattre un destrier caparaçonné et son cavalier en armure. Un maître archer pouvait décocher dix flèches en quelques secondes. Il reposa l’arc et, du pied, fouilla parmi les autres.
    — Ils sont neufs, constata-t-il à mi-voix, alors que, de toute évidence, leurs possesseurs n’avaient pas un sol. De plus, ils ont accosté à Douvres...
    — Justement, souligna Scrope d’un ton presque sarcastique. Ils avaient sur eux des missives des cardinaux en Avignon, scellées et datées d’il y a plus d’un an.
    Il se retourna et claqua des doigts. Frère Gratian lui tendit une sacoche de cuir ; Scrope la vida et remit les rouleaux déchirés au clerc. Ce dernier les déroula et les étudia avec attention. Le temps les avait jaunis et ils portaient des traces de doigts, mais on y voyait encore le sceau pourpre de la curie d’Avignon. Licences ordinaires accordées à ce genre de groupe errant, elles arboraient la signature du cardinal Caetani et demandaient que le passage des Frères du Libre Esprit soit assuré en toute sécurité.
    — Les officiers du port de garde de Douvres, murmura Corbett, n’ont pu manquer de voir ces documents, de fouiller leurs bagages sans trouver ni armes ni produits de contrebande et leur ont ouvert les grilles.
    Il s’interrompit.
    — En ce qui concerne leur religion, ajouta-t-il d’un ton sec, je suis certain que les bons pères en Avignon n’étaient pas tout à fait avertis de l’attitude des Frères du Libre Esprit envers les enseignements de l’Église sur certaines questions délicates. Donc, conclut-il, comment ont-ils pu acheter ces armes ? Comment se sont-ils procuré l’argent nécessaire ?
    — Quelqu’un n’aurait-il pas pu les leur fournir ? suggéra Ranulf.
    — Et dans quel but ? dit Corbett, songeur. Mais il désigna Scrope – c’est bien après l’attaque contre eux que vous avez découvert ces armes ?
    — Non, non, non, répondit l’hôte en souriant et en hochant la tête. Frère Gratian, racontez-leur ce qui s’est passé.
    Le prêtre se pencha en avant comme s’il était un prêcheur s’adressant à ses fidèles du haut de sa chaire.
    — Vers l’automne dernier, des rumeurs se répandirent sur les activités des Frères du Libre Esprit. D’affreuses allégations coururent sur leur concupiscence, leur malhonnêteté, leur fourberie. Qui plus est, ils soutenaient des doctrines rejetées par notre Église. Quoi qu’il en soit, je suis allé dans la forêt de Mordern, jusqu’au village qui s’y trouve, pour leur faire entendre raison, leur demander de se faire plus discrets, et même pour lever les accusations portées contre eux.
    — Et avez-vous été entendu ?
    Gratian secoua la tête.
    — Non. C’est grand dommage, Sir Hugh ! Ils se sont contentés de se moquer de moi, de me railler. Leur état d’esprit avait changé. Cela ne me plaisait guère. Ils n’étaient pas accueillants. En fait, ils n’ont pas été hostiles, mais ont refusé de m’obéir. Or, devant l’église abandonnée il y a une pierre tombale, délabrée depuis longtemps par la pluie et les intempéries. En repartant, j’ai remarqué qu’on l’avait récemment utilisée pour affûter des lames, comme le font les soldats. En rentrant, je suis allé rendre compte à Lord Scrope.
    Ce dernier

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