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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sienne. Il n’ose pas dormir près de moi de peur de laisser échapper dans son sommeil des révélations sur d’anciens péchés qui, au fil des ans, n’ont cessé de fermenter dans son esprit. Mon père, je le hais vraiment. Son contact me dégoûte, de même que ses yeux sans vie comme ceux d’un corbeau. Il a tué les jouvenceaux, le bel Adam, et pourquoi ? Je lui ai offert un gobelet, mon père, en bois d’if, mais lui ai dit que c’était de l’orme. Un cadeau, une malédiction, plutôt. Elle lui portera malchance dans cette cellule qu’il s’est fait aménager, le recoin noir et dissimulé d’une vie noire et dissimulée. Je ne pense qu’à l’empoisonner, à remplir cette coupe d’une potion nocive.
    Hawisa sentit s’apaiser son courroux. Elle se détendit, baissa la tête et, tout en récitant à voix basse le confiteor, s’abandonna aux larmes. Elle finit par se calmer et se releva. Elle se sentait un peu coupable. Une foule d’hôtes comptait sur elle.
    — Mea culpa, mea culpa, chuchota-t-elle. J’ai négligé mes devoirs.
    Elle pensa à la sacoche de la chancellerie fermée du sceau royal qui attendait Corbett. Elle sécha en hâte ses yeux et quitta la chapelle, ignorant que quelqu’un était tapi dans l’un des angles du choeur. Quelqu’un qui l’avait observée et avait ouï sa confession privée...
    Corbett était étendu sur son lit, bottes, chape et ceinturon empilés sur le sol près de lui. Ranulf, installé à la table de travail, préparait une écritoire. Il jeta un coup d’oeil au magistrat et sourit. « Maître Longue Figure » allait maintenant broyer, comme un apothicaire avec son mortier et son pilon, tout ce qu’il avait entendu, vu et observé. Ranulf était heureux de quitter cette forêt hantée et déserte, de s’éloigner de ce village macabre avec son église en ruine peuplée de fantômes, son bûcher funéraire dont les flammes ardentes avaient consumé les conséquences du péché, mais non sa cause, pour reprendre les mots de Sir Hugh. Ils s’étaient hâtés, dans un froid à couper le souffle, vers la chaleur du manoir où, ayant pris place devant le feu ronflant de l’office, ils avaient savouré un délicieux civet de venaison, du tendre pain blanc et des gobelets du meilleur clairet. Maître Benedict, qui, avec ses yeux cernés, son visage pâle, avait tout d’un spectre lors de son retour au manoir, avait peu à peu repris des forces. Il avait prié Ranulf et Sir Hugh d’aller présenter leurs respects à Dame Marguerite qui était restée au château la veille et désirait leur parler. Corbett, qui voulait d’abord se reposer et réfléchir, promit d’aller la voir plus tard dans la soirée. Ranulf s’interrogea : quand son maître allait-il commencer à agir ? Il était sur le point d’appointer une plume quand un coup retentit à la porte. Corbett bascula ses jambes hors du lit et fit un signe de tête à son compagnon. Ce dernier traversa la salle, ouvrit l’huis et sourit à Lady Hawisa.
    — Je suis navrée...
    Elle s’avança dans la lumière. Ranulf lut l’inquiétude dans ses yeux et sur ses traits.
    — Veuillez me pardonner, mais...
    Il s’écarta et, fort courtois, la fit entrer. Corbett s’excusa : il n’était pas habillé de façon correcte pour la recevoir. Lady Hawisa d’un geste signifia qu’elle n’en avait cure sans cesser de sourire devant le plaisir manifeste que sa présence procurait à Ranulf.
    — Sir Hugh, je dois vous présenter mes regrets.
    Elle le fixa sans ciller.
    Le magistrat nota qu’elle avait les yeux rougis. Elle souleva la sacoche de la chancellerie.
    — Elle est arrivée pendant votre absence. J’aurais dû vous l’apporter plus tôt, je...
    Le clerc la remercia. Lady Hawisa, se souvenant soudain de l’endroit où elle se trouvait, se dirigea sans perdre de temps vers l’huis. Ranulf la suivit dans le couloir ; quand il revint, Corbett, assis devant la table, son livre de code ouvert devant lui, se hâtait de traduire la missive.
    — C’est de Drokensford, de la chancellerie royale, dit-il en souriant. Il annonce que la Cour va à Colchester et il y a deux autres nouvelles. Un espion, au Nouveau Temple, affirme que les templiers ont dépêché quelqu’un ici pour recevoir le Sanguis Christi.
    « Lui, ou elle, a reçu pour ordre strict de la part du Grand Maître du Temple de ne pas attendre que Lord Scrope le lui remette, mais de s’en emparer dès que

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