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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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plante ne portait ni cornets pourpres ou violets, ni baies noires et brillantes, mais elle restait néanmoins mortelle. Lady Hawisa tendit la main comme pour la caresser et regarda à nouveau l’immonde nuage qui s’étendait au-dessus des arbres tel un miasme maléfique. Cette fumée, observa-t-elle, était chargée du sang et de la chair d’Adam, le beau chef des Frères du Libre Esprit, à la bouche si experte en baisers, aux yeux rieurs, Adam qui était à présent mort comme les autres, tous envoyés dans la nuit éternelle par son époux. Elle inspira lentement. Elle se remémora la description faite par le père Thomas du mystérieux inconnu qui était venu menacer Lord Oliver. Il se faisait appeler Nightshade. Eh bien, si c’était vrai, alors Lord Scrope était la Mandragore incarnée, corps et âme ! Elle tendit derechef la main pour effleurer la belladone. Elle servirait ! Elle pensa au blanc-manger qu’elle avait cuisiné. Il suffirait d’en saupoudrer la part de son époux...
    Elle se releva d’un bond, lançant un regard affolé alentour : à quoi songeait-elle donc ! Elle vit le bosquet de trembles frémissant dans le vent froid à l’autre bout du jardin. Frémissaient-ils vraiment ou y avait-il autre chose ? On prétendait que les trembles palpitaient, vent ou pas, parce qu’ils se sentaient, en secret, coupables d’avoir servi à façonner la croix du Christ. Lady Hawisa se dit qu’elle était comme un tremble, qu’en cachette elle se complaisait dans de mauvaises pensées, des désirs hostiles. Alors qu’elle était descendue au jardin pour apaiser son âme, voilà qu’elle était tentée. Elle voulait être libre, il le fallait !
    Oubliant son panier, elle s’enfuit de l’enclos en franchissant la porte en forme de cercueil et prit le couloir. Des serviteurs, interdits, la dévisagèrent avec curiosité. Elle s’arrêta, respira profondément. Surtout ne pas se trahir ! Elle emprunta corridors et galeries d’un pas posé pour gagner sa chambre. Une fois arrivée, elle essaya de maîtriser la violence de sa rancoeur. Elle s’étendit sur son lit, le regard fixe, sommeilla un peu et fut enfin réveillée par des bruits montant de la cour au retour de Sir Hugh et de ses compagnons. Lady Hawisa était encore maussade ; elle ne pouvait le rencontrer, pas maintenant. Elle devait se confesser et prier. Elle se leva, s’apprêta et suivit le couloir qui menait à la chapelle du manoir. La porte était ouverte. Elle se demanda s’il y avait quelqu’un. Elle appela, mais personne ne répondit. Elle ferma l’huis, s’y adossa et contempla la splendide suspension eucharistique incrustée de pierreries. Elle miroitait dans la lumière rouge de la lampe d’autel. À ses côtés se trouvait le crucifix. La tête baissée du Christ mort était couronnée d’un anneau qui avait appartenu autrefois à Gaston de Béarn, le cousin de son époux. Hawisa se demanda en passant à quoi ce parent de Lord Oliver, ce héros des croisades, avait ressemblé en réalité. Sur le mur de la chapelle, on avait scellé une plaque de marbre à sa mémoire, en souvenir du preux soldat du Christ qui avait péri à Acre. Elle se dirigea vers le lieu de contrition, près de la chapelle de la Vierge, à gauche de l’autel. C’était là que le prêtre de passage se tenait à l’ordinaire dans la chaire de miséricorde pendant qu’elle s’agenouillait sur le prie-Dieu capitonné pour avouer ses péchés. C’est ce qu’elle fit ; personne ne pouvait l’entendre : elle était seule avec le Seigneur. L’endroit était sombre ; l’obscurité envahissait coins et recoins. Lady Hawisa leva les yeux vers la croix.
    — C’est comme mon âme, chuchota-t-elle : plein d’ombres.
    Elle se signa.
    — Pardonnez-moi, mon père, entonna-t-elle, comme si le père Thomas était présent. Absolvez-moi de mes répugnantes fautes. Je ne me suis pas confessée depuis l’Avent. J’ai failli : j’ai commis d’horribles meurtres bien des fois dans mon coeur.
    Elle se frappa la poitrine.
    — Mon époux, Lord Scrope... En rêve, je l’ai occis à maintes reprises, par la corde, la dague, le poison. C’est un démon qui délaisse ma couche sauf quand il veut satisfaire sa concupiscence, qui me refuse tout réconfort, me hait et me méprise, comme il hait et méprise tout être vivant. Il a assassiné et massacré pour cacher les noirs secrets bien enfermés dans cette sinistre âme de fer qui est la

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