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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’agissait pas que de vengeance ; l’assassin préparait son oeuvre sanglante d’hier soir. Imagine, Ranulf, les froides ténèbres ; les gardes restant près du feu. Ils jettent parfois un coup d’oeil vers la retraite ou le lac. Il en va autrement des chiens : ils vagabondent, flairent des pistes et remarquent des choses qui échappent aux humains. Il fallait qu’ils meurent, et ils sont morts. C’est la même chose pour Robert de Scott, un homme proche des sombres menées de son maître. Le Sagittaire a su que Robert festoyait dans cette taverne. Il a pris position et l’a tué. Robert de Scott était dévoué, corps et âme, à Lord Scrope. Il n’était plus là la nuit dernière pour exercer sa vigilance sur les gardes et les chiens. L’important dans l’assassinat, Ranulf, c’est que pour abattre des hommes comme Lord Oliver, il faut d’abord supprimer les sentinelles. Ce qu’a fait le Sagittaire.
    Corbett reposa les pincettes.
    — Mais qui est le Sagittaire et comment il a exécuté Scrope, voilà ce que j’ignore.
    — De quelle façon résoudrez-vous ce mystère, Maître ?
    Chanson apporta un plateau avec le pain, le fromage et de la viande séchée et servit des portions dans les assiettes d’étain que tenait Ranulf. Le clerc des écuries était fasciné par ce qui s’était passé. Il se demandait comment Sir Hugh trouverait la solution. Il aimait observer Corbett quand il posait des questions ; c’était plus intéressant que de regarder des chiens poursuivre un lièvre !
    — Comment résoudrons-nous cette affaire, Chanson ?
    Corbett découpa un morceau de viande et rompit le pain.
    — Laissons les choses en état pour l’instant ; laissons le mal triompher pour l’heure. Je veux agir, et vite. Le roi sera mécontent que Scrope ait été assassiné ; et encore plus furieux qu’on se soit servi de sa dague et qu’on ait dérobé le Sanguis Christi et d’autres trésors. Nous avons tant de questions à poser, tant de gens à interroger ! Par conséquent, demain matin, assisté de Ranulf et d’Ormesby, le mire, en tant que troisième juge, je formerai une cour d’Oyer et Terminer {16} . Nous la tiendrons dans la grand-salle du manoir, convoquerons tout le monde et ferons prêter serment. C’est ce qu’il y a de mieux à faire. Pour le moment, il faut que je réfléchisse.
    Les jours suivants, Corbett décida pourtant de ne pas mander si vite sa cour d’Oyer et Terminer. Il jugea préférable d’observer et d’écouter avec attention pendant quelque temps encore. Qui plus est, le manoir était en deuil et Lady Hawisa, toujours sous le choc, devait cependant veiller aux dispositions funéraires. On se hâta de préparer la dépouille de Lord Scrope pour l’enterrement. Le père Thomas, Maître Benedict et frère Gratian promirent solennellement de chanter des messes chaque jour pour le repos de son âme jusqu’à l’inhumation. Le dominicain, en particulier, était fort affairé. Il détenait une copie du contrat en trois exemplaires qui détaillait le testament de Lord Oliver. Le père Thomas en possédait une dans le coffre paroissial et l’homme de loi de Scrope une autre à Mistleham. Le magistrat était persuadé que Lord Scrope avait gardé l’original par-devers lui. Il aurait fort bien pu se trouver dans l’un des coffrets ou l’une des cassettes enfermés dans le coffre au pied du lit, bien qu’on n’y eût découvert aucun manuscrit de ce genre. Corbett, se souvenant de ce que le père Thomas avait dit à propos des registres paroissiaux, se demanda si quelques documents conservés dans la retraite n’avaient pas été volés. Le bruit courait que frère Gratian faisait souvent allusion au testament, comme pressé de voir achevés les préparatifs des obsèques, et annonçait à qui voulait l’entendre que maintenant que Lord Oliver avait trépassé, il devait regagner le couvent des dominicains à Londres. Ranulf, plein de sollicitude pour Lady Hawisa, enquêta de son côté avec diligence au sujet du testament. Il fallait encore en lire les clauses, les publier et les faire entériner par la cour de la chancellerie. L’essentiel des biens de Scrope semblait néanmoins revenir à son épouse, mais Maître Claypole, le père Thomas, Dame Marguerite, frère Gratian et Ormesby, le médecin, recevraient sans doute des legs importants.
    Le vieux physicien proclama lui-même la bonne nouvelle quand il rendit visite au magistrat pour lui rendre

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