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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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On lui prétend des charmes sans pareils !
    Tout prés de la cheminée aux bûches crépitantes, une femme qui s’était dissimulée, dès leur irruption, sous quelques peaux d’ours, venait soudainement de bondir dans un lit et de s’insérer entre des draps de soie dont les flammes hautes et dorées, toutes proches, avivaient les reflets nacrés et les moirures.
    « Peaux de bêtes, coussins innombrables, du mastic (490) j’en jurerais, dans cette cassolette de bronze… Et ce lit grandissime, serti de tant de brillances qu’il semble celui d’un calife !… Ces goûts de mahomet ont-ils celui du prince ou de Cobham ? »
    Tristan amena son badelaire sur sa poitrine :
    – Il me déplairait fort de vous livrer aux empoignades de mes hommes…
    Face à ce prince orgueilleux pétri de qualités guerrières, pénétré de son importance et peut-être envieux de l’autorité de son père sur la Grande Ile et de son emprise sur le Continent, Tristan avait trouvé son attitude : un air de déférence et d’ennui attristé qui m’était la conséquence d’aucune pose mais l’expression d’une très pesante et authentique indifférence pour tout ce que cet homme représentait : les honneurs, même réduits du fait de son mariage, la fortune, les amours réussies grâce à celle-ci. Cette froideur semblait convenir à Édouard de Woodstock dégoûté, peut-être, par toutes sortes de bassesses.
    – Hâtez-vous, messire !… Il y va de votre vie autant que de la nôtre !
    – Et si je refusais ?
    – Songez-y bien : si nous appartenions à l’une de ces meutes de Barbarie dont nous avons copié les visages, vous perdriez déjà votre belle assurance. Et même si, tout à coup, nous décidions de nous conduire comme les Anglais ! Nous pourrions – pourquoi pas ? –, nombreux comme nous sommes, rendre un… pressant hommage à votre dame…
    – À grand plaisir ! ricana Callœt qui venait d’apparaître et, remuant des coudes, parvenait à la hauteur du prince.
    D’un regard, Tristan signifia au Breton de se taire, puis, les yeux dans ceux de l’ennemi :
    – Nous sommes la France, monseigneur… Nous allons faire en sorte de vous y mener… Vous allez passer en hâte les vêtements que je vois sur cette escabelle.
    – Vous êtes fous !
    Jeanne de Kent avait crié. Assise sur le lit, insolemment belle et sans souci de montrer ses seins larges, dardés, fardés çà et là de rouge à force de succions, elle croyait pouvoir subjuguer tous les hommes.
    – On peut pas les toucher…
    – Bouge pas, Callœt, où je te troue la peau !
    Bon sang, cette présence de femme allait tout compromettre. Que faire ? D’un regard – le plus dur, le plus impitoyable dont il se crut capable –, Tristan intima au prince ébahi l’obéissance et la promptitude ! Comme celui-ci, résigné, enfilait ses chausses, Buzet-le-malappris fut secoué d’un rire que sa voix de fausset rendait abominable :
    – Même molle, il a, ma foi, une jolie boudiné… Est-elle suffisamment grosse et longue, dame, pour vous combler ?
    – La mienne est plus épaisse… La voulez-vous essayer ?
    Gueguen, lui aussi, venait d’abandonner le guet dans la cour. Toujours les Bretons. Toujours ce manquement aux devoirs et à la bienséance.
    – Il suffit ! hurla Tristan levant son badelaire. Je fais de toi un eunuque, Gueguen, si tu avances encore !
    –  Scourtdrels 214 / grommela Édouard de Woodstock en bouclant sur ses hauts-de-chausses une ceinture de cuir endiamanté. Ordures !
    – Taisez-vous, messire ! Il se peut que nous méritions votre mépris, mais à nous tous, nous avons commis moins de crimes que ceux qui vous ont fait, chez nous, une réputation détestable.
    Si Édouard de Woodstock avait pu voir, comme Tristan, le visage livide, terriblement attentif de Jeanne, sa belle bouche incurvée de dépit, ses yeux las, mais secs, dépourvus de la moindre lueur d’inquiétude, il se fût peut-être rallié à l’opinion de son père envers ce que Jean II nommait une catau 215 . Mais Jeanne était experte en jeux de physionomie : quand il abaissa son regard sur elle, le visage aveuli n’était qu’une splendeur : l’amour y fleurissait jusqu’aux lobes des oreilles chargés de pendentifs d’or gros et ronds comme des œufs de fauvette.
    – Enfin, messire ! s’emporta Tristan. Va-t-il falloir qu’un de mes gars vous aide à ajuster votre pourpoint ?
    « Il veut gagner du

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