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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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parents… »
    D’un geste vif, il jeta les bras autour du cou de Beaurevers et plaqua sur sa joue un baiser fraternel, en disant :
    « Maintenant , vouspouvez allez voir la reine mère, mon ami. »
    Après ces paroles – si graves par les sous-entendus terribles qu’elles contenaient, et le ton sur lequel elles étaient prononcées, – ce geste imprévu adorable de grâce puérile, acheva de bouleverser Beaurevers. Mais il n’était pas l’homme des attendrissements prolongés. Il se secoua violemment comme pour refouler toute émotion intempestive. Et saisissant le royal adolescent dans ses bras vigoureux, il l’enleva et le tint un instant étroitement pressé sur sa loyale et puissante poitrine. Après quoi, il le posa doucement à terre en disant :
    « À mon tour, écoutez ceci, Sire : j’ai le tempérament d’un lion… Eh bien, pour vous, pour vous seul, je ferai violence à mon tempérament. Et si c’est nécessaire à votre salut, je vous promets d’agir en renard. Je ne vous en dis pas plus long.
    – En ce cas, dit François, qui reprit son air riant et heureux, en ce cas, gare à ceux qui se trouveront aux prises avec un renard tel que vous !… À tout à l’heure, ici, chevalier.
    – À tout à l’heure, Sire. »

VIII – LE CHEVALIER DE BEAUREVERS
    Il était encore de bon matin au moment où le chevalier de Beaurevers se dirigeait vers les appartements de la reine mère.
    Pâle, froide, raide sous les longs voiles noirs des veuves, Catherine de Médicis, depuis longtemps levée, montrait une singulière agitation. Elle semblait ne pas tenir en place, tendant l’oreille, épiant les moindres bruits qui parvenaient jusqu’à elle, allant soulever un coin du rideau de la fenêtre, et jetant fréquemment les yeux sur une horloge placée dans un angle. Et alors elle murmurait en crispant les doigts :
    « Non, il est encore trop tôt !… On s’étonnerait… Oh ! Savoir, savoir !… Dire que ce serait si facile… quelques pas à faire… et je serais fixée… Au lieu de cela, il faut demeurer, attendre dans l’incertitude qui me ronge !… Oui, mais c’est plus prudent. Rongeons donc notre frein… heureuse encore de n’avoir pas à dissimuler mes impressions. »
    Il est de fait qu’elle ne dissimulait rien en ce moment, car sûre que personne ne pouvait l’épier dans cette pièce où elle s’était réfugiée à bon escient, elle montrait un visage ravagé par l’angoisse, dévoré par l’impatience.
    Quel événement sensationnel – terrible, peut-être – dont elle n’osait s’informer, Catherine de Médicis attendait-elle donc ce matin-là ?
    Une dernière fois, elle consulta les aiguilles insensibles :
    « Maintenant, je peux m’informer sans éveiller les soupçons », dit-elle avec un soupir de soulagement.
    Elle appela. Celle de ses femmes qui se présenta était M me  de Fontaine-Chalandray, jeune femme d’une éclatante beauté, que les familiers continuaient à appeler « la belle de Torcy », de son nom de jeune fille.
    « Torcy, dit Catherine, voyez donc comment le roi a passé la nuit. Le pauvre enfant m’a paru bien pâle, hier, et je suis inquiète. »
    En effet, c’était bien une mère tendrement inquiète qui parlait. Torcy sortit pour exécuter l’ordre de sa maîtresse.
    Catherine, très calme en apparence, alla s’agenouiller sur son prie-Dieu et attendit, les mains jointes sur l’accoudoir, les yeux fixés sur un christ de bronze doré, chef-d’œuvre de ciselure signé Benvenuto Cellini.
    Priait-elle ?… Qui sait ?
    Derrière elle, le froissement d’une lourde portière lui indiqua que sa messagère était de retour. Elle n’osa pas se retourner. Son cœur bondissait dans son corsage. Ses tempes bourdonnaient. Ses ongles s’incrustaient dans le velours de l’accoudoir. Mais sa voix demeura calme pour interroger :
    « Eh bien ?
    – Sa Majesté a passé la nuit près de la reine. Le roi, en se levant ce matin, paraissait en excellente santé et d’humeur joyeuse. »
    Vers le christ de bronze impassible, Catherine leva un visage livide, épouvantablement ravagé, et garda sur lui deux yeux chargés de muettes imprécations. Et cependant ses lèvres laissaient tomber avec onction :
    « Dieu soit loué ! »
    Elle laissa tomber sa tête dans ses mains et parut s’abîmer dans d’ardentes actions de grâce. Lorsqu’elle se leva, elle montrait un visage froid, impénétrable. Elle parut réfléchir un

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