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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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attendait patiemment, en vidant un pot de cervoise.
    Le mendiant demeura environ un quart d’heure avec Guillaume Pentecôte : il faisait son rapport qui fut écouté avec attention. Au bout de ce temps, Guillaume Pentecôte régla la dépense et, laissant là le mendiant, partit à son tour.
    Quelques minutes plus tard, c’était lui qui, à son tour, faisait un rapport écouté avec non moins d’attention par Rospignac auquel il s’adressait. Quand le truand eut terminé, le baron résuma, l’air pensif :
    « Ainsi, les voilà au mieux avec Ferrière… Il faudra voir… On pourra peut-être tirer parti de ces visites… J’y réfléchirai. »
    Et avec un grincement :
    « Pour ce qui est de la Fiorinda… je jure Dieu que j’y mettrai bon ordre… dussé-je la poignarder de mes propres mains ! »
    Trois jours s’étaient écoulés, depuis que le vicomte de Ferrière s’était battu en l’honneur de Fiorinda, qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais vue, avant ce jour.
    Pendant ces trois jours, Ferrière ne sortit que deux fois : la première fois pour aller prendre des nouvelles de Saverny et de Roquebron qu’il avait blessés, si l’on s’en souvient : la deuxième fois pour rendre visite au comte de Louvre et au chevalier de Beaurevers.
    Le comte de Louvre ayant déclaré qu’on le trouvait rarement chez lui, attendu qu’il passait la plus grande partie de son temps chez son ami Beaurevers, ce fut tout naturellement chez ce dernier que Ferrière se rendit tout d’abord.
    Sa visite était certainement attendue, car, en effet, il trouva François à l’hôtel de la rue Froidmantel, où il était comme chez lui. Cependant, le roi – qui tenait son double rôle avec une aisance qui attestait une grande habitude – le roi qui ne voulait pas que le moindre soupçon pût se lever dans l’esprit de son nouvel ami, tint à lui prouver qu’il avait réellement un logis à lui.
    Ce logis avait été préparé de longue main par Nostradamus lui-même qui avait, pour cette aventure extraordinaire dans laquelle il lançait le roi de France, prévu jusqu’aux plus infimes détails. Il était situé à l’angle des rues du Bouloi et des Petits-Champs. C’était un hôtel de proportions modestes mais qui avait, extérieurement, assez belle apparence. À l’intérieur, il était aménagé avec une somptuosité qui émerveilla Ferrière qui, pourtant, était fastueusement logé lui-même et qui était un fin connaisseur. Les serviteurs y étaient peu nombreux : six gaillards taillés en Hercule et qui, sous la livrée très simple, de nuance indécise, vous avaient des allures formidables. Ce qui s’explique par ce fait qu’ils avaient été choisis par Beaurevers qui était allé les chercher parmi ces anciens loups affamés, d’ailleurs dévoués à Beaurevers presque autant que ses quatre fidèles, l’aubaine était miraculeuse. En effet, la place était bonne : peu ou point de besogne, copieusement nourris, bien couverts, largement payés, ils n’eussent pas changé leur sort pour un empire. Aussi obéissaient-ils au doigt et à l’œil à une jeune et jolie gouvernante qui n’était autre que Myrta. Celle-là même que Beaurevers appelait sa sœur et qui était l’amie de Fiorinda, avait-il dit.
    Il va sans dire que les serviteurs et Myrta elle-même ignoraient totalement la véritable personnalité du comte de Louvre qui passait à leurs yeux pour une manière d’original. Myrta soupçonnait bien quelque mystère sous cette apparente originalité. Mais c’était une fille très discrète que Myrta. Et puisque Beaurevers n’avait pas cru devoir la mettre dans la confidence de ce mystère, c’est qu’il avait de bonnes raisons pour cela. Et elle avait gardé ses petites observations pour elle.
    Au surplus, elle n’eût pas hésité à verser son sang jusqu’à la dernière goutte pour cet énigmatique comte de Louvre. Uniquement parce que Beaurevers lui avait dit, en la plaçant là :
    « Myrta, ma petite sœur, souviens-toi que s’il arrive malheur à ce jeune homme, je n’aurai plus, moi, qu’à me passer mon épée au travers du corps. Veille donc sur lui, veille bien, Myrta… Si tu ne veux que je meure. »
    Et comme cela était dit sur ce ton froid d’implacable résolution qu’elle connaissait bien, Myrta, en pâlissant, avait répondu :
    « Soyez tranquille, monsieur, je réponds sur ma tête qu’il ne lui arrivera rien de fâcheux, tant qu’il

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