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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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expliqua :
    « Défunte M me  la vidamesse était une cousine à moi.
    – Voilà qui est fâcheux… parce que je crains que le fils du vidame, le vicomte de Ferrière, ne s’avise de se jeter à la traverse de mes projets…
    – Madame, interrompit Rospignac avec une froideur sinistre, quand le service l’exige, je ne connais plus ni parents ni amis. »
    Catherine sourit et :
    « Pour l’instant, il me faut ménager M. le vidame de Saint-Germain. »
    Et avec un froncement de sourcil :
    « Et il ne faudrait pourtant pas que monsieur son fils se montre trop gênant… Si cela devait être…
    – Je m’en débarrasserais comme de Beaurevers », acheva froidement Rospignac.
    Et Catherine approuva d’un léger signe de tête et congédia Rospignac, qui sortit.

X – ÉBAUCHE D’AMITIÉ
    Nous avons dit que le comte de Louvre, accompagné de son ami Beaurevers, avait pris le bac au quai du Louvre, pour se rendre rue de la Rondelle, à l’hôtel de Ferrière.
    Le long des fossés de la demeure royale, ils croisèrent MM. de Trinquemaille, de Strapafar, de Corpodibale et de Bouracan, lesquels, comme par hasard, flânaient par là, superbes dans leurs resplendissants costumes de satin et de velours, bombant le torse, tendant le jarret.
    Le comte et le chevalier passèrent, sans avoir l’air de les voir. Eux, suivirent aussitôt à vingt pas, raides comme des soldats à la manœuvre. Et ils prirent place dans le bac, faisant bande à part, ne s’occupant pas plus des deux jeunes gens que s’ils n’avaient existé. Et cependant, ils ne perdaient pas un geste, pas un clin d’œil de Beaurevers qu’ils ne cessaient d’observer à la dérobée et qui, de temps en temps, par gestes convenus, leur parlait un langage compréhensible pour eux seuls.
    De Louvre et Beaurevers pénétrèrent dans l’hôtel. Les quatre entrèrent dans un cabaret d’où ils pouvaient surveiller la grande porte cochère, tout en vidant quelques gobelets de vin frais.
    Cette grande porte faisait face aux derrières du collège d’Autun, lequel avait son entrée dans la rue Saint-André-des-Arts. À peine les deux jeunes gens étaient-ils entrés chez le vicomte de Ferrière qu’un mendiant, qui depuis un moment les suivait sans qu’ils y eussent pris garde, vint se blottir dans un renfoncement formé par un des contreforts du mur de clôture du collège. Là, en nasillant, d’une voix lamentable, il se mit à implorer la charité des rares passants de cette voie étroite et peu fréquentée. Seulement, de l’endroit où il s’était mis, ce mendiant pouvait surveiller la porte de l’hôtel de Ferrière aussi bien si ce n’est mieux que les quatre derrière les vitres de leur cabaret.
    De cette visite de pure courtoisie, nous ne dirons rien, si ce n’est qu’elle eut pour résultat de transformer l’élan de sympathie qui avait porté les trois jeunes gens l’un vers l’autre, en un commencement d’amitié : une de ces amitiés à toute épreuve, comme on ne les cimente qu’à vingt ans. Cependant, il nous faut mentionner l’incident suivant :
    Au cours de la conversation, Ferrière s’écria tout à coup :
    « Plus que je vous regarde, comte, plus il me semble que votre figure ne m’est pas inconnue ! Évidemment, vous ressemblez à quelqu’un de ma connaissance. Mais à qui ? Le diable m’emporte, voilà ce que je n’arrive pas à préciser. »
    De Louvre et Beaurevers échangèrent un sourire furtif. Et le comte, le plus naturellement du monde, répliqua :
    « Vous n’êtes pas le premier qui me faites cette réflexion, je jurerais que j’ai une vague ressemblance avec notre sire le roi François deuxième… Du moins me l’a-t-on assuré.
    – Et c’est vrai, charbieu ! La ressemblance est même plus frappante que vous ne le dites. Et n’était cette moustache ébouriffée qui vous va si bien, je jurerais que j’ai l’honneur de me trouver en présence de Sa Majesté.
    – Oui, mais voilà, s’écria François en souriant malicieusement, il y a la moustache !… Le roi est encore trop jeune pour en avoir une pareille.
    – C’est vrai, il y a cette moustache », reprit Ferrière, qui d’ailleurs était loin de soupçonner la vérité.
    Et après avoir fouillé attentivement le visage de celui qui, pour lui, n’était que le comte de Louvre, il ajouta de bonne foi :
    « Certes, la ressemblance est grande… Cependant, en y regardant de plus près, je vous trouve plus fort,

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