Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sera chez lui, c’est-à-dire sous ma garde. »
    Ferrière fut donc reçu et magnifiquement traité dans ce petit hôtel des Petits-Champs. Et sous l’amoncellement de merveilles qui s’étalaient à ses yeux, il ne devina pas que se dissimulait une véritable place forte.
    Nous répétons – parce que ce point a son importance qui sera reconnue en temps et lieu – que, malgré l’incident signalé de la vague ressemblance du comte avec le roi, il ne pouvait avoir aucun soupçon, même vague, de la réalité.
    Du reste, François avait donné complaisamment des détails, imaginés pour la plupart, sur ses domaines et sur sa famille qu’il avait dit établie dans une province éloignée. L’attitude si naturelle du comte et du chevalier, le ton de parfaite égalité qui existait entre eux, tout contribua à le plonger plus avant dans son erreur.

XI – CE QUI FUT DIT SOUS L’ORME DE SAINT-GERVAIS…
    L’impression que Fiorinda avait produite sur Ferrière était plus profonde qu’il ne pensait lui-même. L’image de la jolie diseuse de bonne aventure s’était imprimée dans son esprit de manière ineffaçable. Nous ne voulons pas dire qu’il y pensait : il pouvait, de bonne foi, se figurer l’avoir oublié. Néanmoins, elle était là, dans un coin de sa mémoire, toujours présente, sans qu’il s’en rendît compte.
    En apparence, Fiorinda ne fut pour rien dans l’espèce de claustration qu’il s’imposa. Il demeura chez lui parce qu’il croyait qu’ayant été quelque peu endommagé dans les deux luttes successives qu’il avait eu à soutenir, sur le Pré-aux-Clercs et à la porte de Nesle, il avait besoin de repos. Il se le dit et il le crut de très bonne foi.
    Cependant, il faut croire que, durant tout ce temps, un travail obscur, inconscient, s’était fait dans son esprit car, le quatrième jour, il s’écria tout à coup, sans raison apparente :
    « Il faut que je la voie !… que je lui parle !… »
    Et il partit en courant, comme un fou.
    Il y avait à peine dix minutes que le vicomte était sorti lorsque Beaurevers se présenta à l’hôtel de Ferrière. Il était seul. Le roi, ce jour-là, restait au Louvre. Quant à ses quatre éternels compagnons, MM. de Strapafar, de Bouracan, de Corpodibale, de Trinquemaille, ils n’étaient pas avec lui non plus. Mais il est probable qu’ils ne devaient pas être loin et qu’ils attendaient patiemment son retour dans quelque cabaret du voisinage.
    Le vicomte était absent, Beaurevers ne fit qu’entrer et sortir.
    Il est temps de dire que l’hôtel de Ferrière était mitoyen avec celui du vidame de Saint-Germain, son père. Ces deux hôtels mitoyens avaient, selon l’usage, leurs jardins sur le derrière. Ces deux jardins s’étendaient jusqu’au quai des Augustins. Ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient très grands. Dans le mur, haut et épais, éperonné de contreforts, qui les clôturait du côté du quai, ils avaient chacun une petite porte. À l’intérieur, les deux jardins étaient séparés par un petit mur percé de trois portes ; une près du corps de logis, une vers le milieu et la troisième près du mur de clôture. Ces trois portes étaient munies de verrous des deux côtés. Mais ces verrous n’étaient jamais poussés.
    Grâce à cette disposition, le père et le fils se trouvaient chacun chez soi. Pour se voir, ils n’avaient qu’à franchir une de ces trois portes. Et c’est la raison pour laquelle les verrous n’étaient pas poussés.
    Beaurevers, qui, sans doute, se trouvait désœuvré ce jour-là, sortit de chez le vicomte assez ennuyé. Il va sans dire qu’il connaissait la disposition des lieux que nous venons d’indiquer. Pensif et distrait, Beaurevers tourna à droite, machinalement, en sortant de l’hôtel de Ferrière. Cela le mena dans la rue du Battoir. De nouveau, il tourna à droite dans cette rue. Il est certain qu’il accomplissait ces évolutions au hasard. Nous avons dit qu’il paraissait absent. Et cela le conduisit sur le quai, près du mur de clôture des deux hôtels contigus.
    Or, comme il était là, indécis, se demandant ce qu’il allait faire, ses yeux tombèrent sur un homme qui venait de déboucher du pont Saint-Michel et se dirigeait vers lui. Il le reconnut à l’instant, bien qu’il fût enveloppé dans le manteau relevé jusqu’aux yeux : c’était Rospignac. Cette rencontre imprévue lui rendit toute sa présence d’esprit.
    Il se blottit contre un

Weitere Kostenlose Bücher