Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
contrefort et observa en réfléchissant :
    « Est-ce moi qu’il suit ?… Non, il est trop prudent pour faire cette besogne-là lui-même… En ce moment, j’en jurerais, il ne pense pas à moi… Mais pourquoi diable se cache-t-il ainsi ?… Car il se cache… »
    À ce moment, Rospignac arrivait devant la petite porte de l’hôtel du vidame et frappait d’une façon particulière, après avoir jeté un coup d’œil circonspect autour de lui. Comme s’il avait été entendu, la porte s’ouvrit presque aussitôt.
    Derrière son pilier de maçonnerie, Beaurevers entrevit un instant une opulente barbe blanche, admirablement soignée. Ce ne fut qu’un éclair. Cela lui suffit. Il attendit un instant et quand le bruit des verrous poussés lui eut indiqué que la porte s’était refermée, il sortit de son coin et vint s’arrêter devant cette porte.
    « Pourquoi, se dit-il, de nouveau rêveur, pourquoi Rospignac a-t-il l’air de se cacher pour rendre visite au vidame-le-duc ?… Ne sont-ils pas vaguement parents ?… Et pourquoi ce grand seigneur, qui dispose de nombreux serviteurs fait-il lui-même l’office de portier ?… Voilà qui est étrange… »
    De question en question, de réflexion en réflexion, il arriva que Beaurevers revint jusqu’à l’angle de la rue du Battoir, sans cesser de surveiller la petite porte du coin de l’œil. Là, il souffla dans un petit sifflet qui rendit un son strident, prolongé. Quelques secondes plus tard, les quatre accouraient au pas de course. Beaurevers leur dit quelques mots brefs. Ils se dissipèrent, disparurent avec une rapidité fantastique.
    Quant à Beaurevers, il revint se tapir contre un pilier en se disant tout réjoui :
    « Que tu passes par la rue de la Rondelle ou par le quai, la grande ou la petite porte, que tu sortes de chez Ferrière ou de chez le vidame, je sais, Rospignac, que tu ne m’échapperas pas !… Tudiable, depuis le temps que tes mouches bourdonnent autour de moi, c’est bien mon tour de te suivre… Seulement, comme je fais ma besogne moi-même, je suis certain que tu ne m’éventeras pas comme j’ai éventé tes mouches !… »
    Pendant ce temps, Ferrière s’en était allé tout droit à l’auberge du Pré.
    Il fut moins heureux que le comte de Louvre. Il ne trouva pas Fiorinda. Ce ne fut qu’après deux bonnes heures de patientes recherches qu’il finit par la découvrir aux environs du marché Saint-Gervais.
    Et ce fut elle qui, les yeux brillants du plaisir que lui causait cette rencontre qu’elle croyait due au hasard, le sourire épanoui sur les lèvres pourpres, ce fut elle qui l’aborda, le plus naturellement du monde.
    « Hé ! Monsieur de Ferrière, qui donc vous met ainsi en fuite ?… Ce n’est pas un homme assurément : j’ai vu de mes propres yeux comment vous savez charger l’épée haute… C’est donc une femme ! »
    La conversation s’engagea sur des banalités : nouveaux remerciements très sincères de Fiorinda, protestations polies de Ferrière. Lui, gardait encore une certaine gêne. Elle, au contraire, montrait une aisance incomparable.
    Et ce fut justement cette aisance qu’elle montrait qui lui permit de reconquérir toute sa présence d’esprit. Seulement, comme il ne pouvait pas comprendre ce calme déconcertant, il l’attribua tout simplement à un calcul. Et il se dit, avec une sourde colère contre sa propre timidité :
    « Malgré ses grands airs, cette diseuse de bonne aventure n’est au fond qu’une madrée coquette. Au diable soit le respect. Je vais la traiter selon son mérite. »
    Cependant, soit qu’elle lui en imposât malgré lui, soit qu’une sorte de pressentiment l’avertît qu’il faisait fausse route, soit enfin effet de sa timidité naturelle, il ne parvenait pas à se donner l’attitude qu’il jugeait convenable. Ce dont il enrageait.
    Ils se mirent en marche, côte à côte, elle devisant gaiement, sans rechercher le moins du monde à voiler son caractère qui était aimable et enjoué. Lui, dont le naturel était plutôt grave et mélancolique, faisait des efforts désespérés pour se mettre à son diapason et n’aurait pas su dire s’il y réussissait ou non.
    Fiorinda vint s’arrêter sous l’orme de Saint-Gervais et avec un sourire malicieux :
    « Nous voici, dit-elle, dans une des innombrables salles de mon vaste domaine. C’est là, dans ce superbe décor, que je reçois la foule des fidèles qui désirent faire appel à

Weitere Kostenlose Bücher