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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’est pas un homme, Fiorinda. C’est un chien enragé qui peut déchaîner les pires catastrophes… si je ne profite de l’occasion pour le clouer sur le sol. »
    Elle comprit qu’il disait vrai, que la mort de Rospignac était nécessaire pour éviter de grands malheurs. Néanmoins elle insista :
    « Je vous en supplie, Beaurevers, faites cela pour moi… c’est terrible d’avoir une chose pareille sur la conscience… Celui-ci serait le deuxième… je ne vivrais plus… Je vous en conjure, ne le tuez pas à cause de moi… Vous le retrouverez, allez…
    – Vous le voulez ?… Eh bien, soit, je ne peux pas vous refuser cela à vous qui êtes comme la sœur de ma sœur Myrta… Dieu fasse que je n’aie jamais à regretter la sottise que vous me faites faire. »
    Radieuse, elle assura :
    « Vous n’aurez rien à regretter, monsieur de Beaurevers, je vous le jure ! »
    Elle s’écarta, sans s’éloigner cependant. Elle voulait voir.
    Les deux hommes tombèrent en garde. Et Rospignac, dès cet instant, retrouva tout son sang-froid. Néanmoins, comme il avait encore sur le cœur les paroles qu’il venait d’entendre, il avertit :
    « Tiens-toi bien. Je ne te ménagerai pas, moi, et si je peux avoir ta peau, je l’aurai.
    – Essaie ! » répondit laconiquement Beaurevers.
    Durant quelques secondes, les deux adversaires s’escrimèrent en silence.
    Rospignac attaqua, avec une force irrésistible. Et il s’aperçut tout de suite que s’il était un maître en fait d’armes, il venait de rencontrer en Beaurevers un adversaire qui pouvait passer, à juste raison, pour le maître des maîtres. Et il serra son jeu.
    Beaurevers se contenta de parer silencieusement : il étudiait son jeu, mesurait sa force. Il ne tarda pas à être fixé.
    Alors, il se mit à parler :
    « Mes compliments, baron, dit-il. Encore quelques années d’étude et vous ferez, je crois, un escrimeur passable. Par exemple, il vous faudra travailler ferme pour en arriver-là. Vous manquez de tenue, baron, trop de laisser-aller, trop de mollesse, vous ne vous couvrez pas assez.
    – Misérable fanfaron ! hurla Rospignac.
    – Vous ne vous couvrez pas assez, c’est votre défaut capital. Tenez, si je n’avais pas promis à cette enfant que vous avez grossièrement insultée de vous faire grâce, j’aurais pu vous expédier deux ou trois fois déjà. Voyez plutôt… »
    Et, profitant d’un jour, Beaurevers allongea le bras et porta la pointe de sa rapière sur la poitrine de Rospignac. Il ne tenait qu’à lui de pousser un peu plus, et le baron tombait pour ne plus se relever.
    Rospignac s’en rendit parfaitement compte. Il se vit, aux mains de ce formidable adversaire, comme un pantin que l’autre faisait mouvoir à sa guise. Il se vit perdu. Et la sueur froide de l’angoisse vint mouiller ses tempes.
    « Connaissez-vous le coup de Beaurevers, baron ? demanda Beaurevers sans cesser de parer.
    – Non, mais je connais celui-ci, pare-le, si tu peux, écuma Rospignac qui se fendit à fond.
    – Je pare, dit froidement Beaurevers, qui para, en effet, et j’aurais pu riposter. Mais je veux vous apprendre le coup de Beaurevers. Regardez bien. »
    À son tour, Beaurevers se mit à attaquer.
    Ce ne fut pas long. Il y eut quelques passes fulgurantes d’une rapidité fantastique. Puis, l’épée de Rospignac, écartée avec une force irrésistible, la rapière de Beaurevers vint le cingler au visage, comme un coup de cravache.
    Le coup fut si rude, si douloureux, que Rospignac lâcha son épée pour porter la main à sa joue, et lança un véritable hurlement de douleur. En tombant, la pointe de son épée porta sur un pavé qui se trouva malencontreusement là ! L’arme se cassa net. Et Rospignac se trouva désarmé.
    « Voilà le coup de Beaurevers », dit gravement Beaurevers.
    Et il ajouta :
    « Ordinairement, je tue mon homme après ce coup-là… Mais j’ai promis de ne pas vous tuer. »
    Alors Rospignac était désarmé ; il rengaina paisiblement et attendit.
    Le baron contempla d’abord son épée brisée d’un œil hébété, puis la rage, la honte et la défaite, le jetèrent dans un accès de frénésie. Après avoir contemplé son épée, d’un coup d’œil rapide, il inspecta Beaurevers, le soupesa pour ainsi dire.
    Toujours est-il que, d’un geste violent, il tira le poignard qu’il avait à la ceinture et marcha sur Beaurevers, le poing levé, en grondant :
    « La dague !…

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