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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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j’ai dans l’idée qu’elle se laissera facilement persuader. N’importe, je suis de l’avis du comte ; c’est une affaire que vous devez élucider le plus tôt possible. Et si vous êtes réellement décidé…
    – J’y vais de ce pas », trancha Ferrière qui sauta sur son manteau et son chapeau.
    C’est à peine s’il prit le temps de dire au revoir. Déjà il s’élançait vers la porte. Beaurevers l’arrêta :
    « Savez-vous où vous la trouverez ? fit-il.
    – Par les rues, je pense, comme la dernière fois… je chercherai. »
    Beaurevers réfléchit une seconde et levant les épaules comme pour jeter bas des scrupules importuns :
    « Allez rue des Marais, dans le faubourg Saint-Germain, dit-il. Fiorinda habite l’avant dernière maison que vous trouverez à votre main gauche. Je ne peux pas vous donner d’indications plus précises, n’étant jamais allé chez elle. Cependant, je sais qu’elle habite là, sous les toits.
    – C’est plus qu’il m’en faut ! Merci, chevalier. »
    Et Ferrière partit en courant comme s’il avait eu le diable à ses trousses.
    Quand il fut sorti, François dit en souriant : « Il ne se doute pas de l’agréable surprise que ce mariage lui réserve.
    – Oh ! fit Beaurevers d’un air rêveur, il n’est pas encore célébré, ce mariage. Et s’il faut vous dire ma pensée tout entière, je crois bien qu’il ne se fera pas… si le roi n’intervient pas directement.
    – Eh bien, assura François, le roi interviendra, voilà tout. Et quand il aura manifesté sa volonté, il faudra bien que tout le monde s’incline.
    – Même MM. de Guise ? » demanda Beaurevers, en le regardant dans les yeux.
    Un afflux de sang colora les pommettes de François et avec une singulière énergie :
    « MM. de Guise comme les autres… et plus que les autres. »
    Et, oubliant pour un instant le rôle qu’il jouait, soulevant une seconde le masque qui lui pesait sans doute, redressé dans une attitude vraiment royale, les dents serrées, l’œil chargé d’éclairs :
    « Ah ! Qu’elle sonne enfin l’heure où je serai assuré de vivre !… Et l’on verra, MM. de Guise en tête, si je sais être roi et si je tolère chez moi, dans mon royaume, d’autre maître que moi !… Que quelqu’un, si grand soit-il, ose seulement redresser le front devant moi et, j’en jure Dieu, sa tête tombera sous la hache du bourreau ! »
    À ce moment, on vint aviser Beaurevers qu’une femme âgée, se disant envoyée par Fiorinda, insistait pour être reçue.
    À ce nom de Fiorinda, Beaurevers consulta du regard François devenu soudain attentif et, sur un signe de lui, donna l’ordre d’introduire. Et pendant qu’on allait chercher la messagère, il expliqua :
    « Si Fiorinda envoie ici, c’est qu’un grave danger la menace. »
    La femme entra. Elle marquait une soixantaine d’années. La femme plongea dans une révérence point trop gauche, nullement intimidée, d’une petite voix flûtée et d’un air mystérieux :
    « C’est peut-être bien vous, mes jeunes seigneurs, qui êtes le seigneur comte de Louvre et le seigneur chevalier Beaurevers ?
    – Voici, en effet, monsieur le comte de Louvre, et je suis, moi, le chevalier de Beaurevers.
    – En ce cas, c’est bien à vous que j’ai affaire », dit la vieille avec satisfaction.
    Et avec le même air mystérieux plutôt inquiétant, d’une voix apitoyée :
    « C’est pour vous dire, mes beaux seigneurs, que Dieu vous garde, que si vous ne voulez que la jolie Fiorinda meure de malemort, il vous faut courir à son secours sans plus tarder.
    – Est-elle donc sérieusement menacée ? demanda Beaurevers qui commençait à s’alarmer. Que lui est-il donc arrivé ?
    – Je ne saurais vous dire ce qui lui est arrivé, vu qu’elle ne me l’a point dit. C’est une fille discrète et point bavarde sur ses affaires que la petite Fiorinda. Mais je puis vous répéter mot pour mot ce qu’elle m’a dit. Car, Dieu merci, malgré l’âge, la mémoire est encore bonne chez moi. »
    Beaurevers n’était pas précisément patient. Ce verbiage commençait à lui porter sur les nerfs. Ce fut donc d’une voix assez rude qu’il dit :
    « Parlez, bonne femme, et pour Dieu, faites vite. »
    Sans se démonter, la vieille reprit, imperturbablement :
    « Il faut vous dire, mon jeune seigneur, que j’habite sur le même palier que Fiorinda. Oui, nous sommes voisines. Il faut vous

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