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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les décrets de l’Église !
    Corbett désigna une bâtisse au bout de l’allée :
    — Et voici le dépositaire, n’est-ce pas ?
    — Oui, répondit-elle, acerbe. Faites ce que vous avez à y faire !
    Corbett ordonna à Ranulf de rester à l’extérieur, puis ouvrit la porte non verrouillée. Il faisait frais et humide à l’intérieur et une légère odeur de putréfaction se mêlait à celle de la terre. Il referma la porte derrière lui. La présence menaçante de la mort pesait sur son esprit comme une chape de plomb. Il sursauta lorsqu’une chauve-souris, dérangée par le bruit, déploya ses ailes sombres au-dessus des chevrons en poussant des cris suraigus et irrités. Une piètre lumière filtrait d’une étroite fenêtre, haut dans le mur. Assez curieusement, on avait allumé deux cierges fins en cire vierge et on les avait placés à la tête des deux simples cercueils en bois d’orme, posés sur des tréteaux. Corbett s’approcha de l’un d’eux, souleva le voile de gaze et eut un mouvement de recul à la vue du visage âgé et ridé qui semblait le fixer de ses yeux à demi fermés. Les lèvres ouvertes dévoilaient une bouche noirâtre. À la lueur tremblotante, on aurait dit que la vieille femme était sur le point de se lever. Corbett se rappela la mention qu’avait faite la prieure de la religieuse âgée qui avait décédé au début de la matinée. Il reprit son souffle, replaça le voile et alla vers l’autre cercueil.
    Comme le voulait la coutume, le couvercle n’avait pas encore été scellé : il le serait juste avant le service funèbre. Le voile avait déjà été retiré du visage et Corbett eut le souffle coupé en voyant la beauté altière et froide de la jeune femme. Elle avait, comme Maeve, une chevelure d’or argenté et des traits parfaits. La mort remontant à six jours, Corbett en conclut que la prieure n’avait pas regardé à la dépense pour engager les meilleurs embaumeurs afin de préserver le corps pour les funérailles. Il récita une courte prière à la Vierge, en espérant que l’ombre de la morte saurait qu’il ne voulait commettre nul sacrilège. Il écarta un peu plus le voile, prit un cierge et examina la défunte. De chaque côté du cou, à la base, il discerna une petite ecchymose jaunâtre. Il ôta ensuite le voile complètement. Mais alors une voix de stentor retentit dans la pièce et il réprima un cri de frayeur.
    — Que faites-vous là ?
    Corbett se retourna. Le franciscain qui s’était jusqu’alors tenu agenouillé au pied du cercueil s’était relevé et, les mains crispées sur le bois, le foudroyait du regard. Son visage – masque d’indignation – prenait des allures sinistres à la lueur vacillante des cierges. Il était tonsuré et sa bouche et son menton dénotaient une détermination énergique. Quant à ses yeux, ils étaient enfoncés dans les orbites sous des sourcils froncés.
    — Je vous ai demandé ce que vous faisiez là ?
    Corbett porta la main à son poignard en le voyant s’approcher.
    — Ne touchez pas à votre arme, lui ordonna le moine d’une voix grinçante. Sinon je vous donnerai une correction que vous n’oublierez pas de sitôt !
    Corbett laissa sa main posée sur le pommeau.
    — Je suis en mission commandée par le roi. Mon nom est Hugh Corbett.
    — Peu me chaut qui vous êtes et peu importe la raison de votre présence ici !
    Il désigna la dépouille mortelle de Lady Aliénor.
    — Elle a peut-être été une catin, et ses péchés sont sans doute aussi noirs que ceux de Babylone, la Grande Prostituée, mais je veux que vous la traitiez avec respect !
    Il s’arrêta en voyant Corbett dégainer son poignard. Soudain, la porte s’ouvrit violemment derrière eux, et Ranulf fit irruption, à bout de souffle.
    — Calme-toi, Ranulf ! s’écria le clerc tandis que le moine faisait volte-face. Le frère et moi sommes en pleine discussion.
    Son serviteur referma la porte à regret.
    — Mon père, poursuivit tranquillement Corbett, je ne voulais en aucune façon commettre un sacrilège. Je suis officiellement chargé d’examiner le corps. Mais qui êtes-vous ?
    Le franciscain prit une profonde inspiration.
    — Je suis le père Reynard, prêtre de l’église paroissiale et, par autorisation de l’évêque, chapelain de cet endroit frappé de malédiction.
    Sans quitter Corbett des yeux, il désigna le cadavre.
    — Il vaut mieux que vous en finissiez au plus vite, je

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