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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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suppose.
    Corbett revint à la tête du cercueil. Il prêta une extrême attention aux ecchymoses de chaque côté du cou. Il remarqua, à la main droite, la marque blanche d’une bague. Puis il alla au pied du cercueil, remonta la robe sombre dont on avait revêtu le corps et prit bonne note de l’ecchymose jaunâtre au milieu du mollet droit. Il entendit, derrière lui, le souffle rauque du moine. Aussi délicatement que possible, il examina le reste du cadavre et, pour la première fois, huma les effluves de putréfaction malgré les huiles et les onguents des embaumeurs. Il récita le requiem à voix basse et s’approcha de la dépouille de la soeur âgée. Il réfléchit longtemps en l’examinant, sous les yeux vigilants du prêtre, puis replaça soigneusement le voile et se dirigea sans dire un mot vers la porte. Le franciscain moucha les cierges et le rejoignit à l’extérieur. Malgré la lumière dorée du soleil, Corbett sentit un frisson lui parcourir l’échiné à la pensée de ce qu’il venait de voir.
    — Oui, nous sommes dans la Vallée de la Mort, lança le père Reynard en l’observant attentivement.
    Corbett le dévisagea. Il n’avait pas l’air aussi inquiétant à présent. De taille moyenne, il donnait une impression de force, d’une force qu’il aurait tirée du chêne et de la terre noire et fertile. Un homme du peuple au parler franc et aux actions sans détours. Sur son visage ascétique, le rire avait creusé des rides qui contrebalançaient l’intransigeance du regard rêveur.
    — Vous connaissiez Lady Aliénor ? lui demanda Corbett.
    — Oui. Bien que catin, c’était une grande dame.
    Le moine jeta un coup d’oeil à la ronde et fronça les sourcils en voyant Dame Frances aux côtés de Ranulf, en haut de l’allée.
    — C’est un endroit hanté par le Mal, proféra-t-il du coin des lèvres. Ne vous y trompez pas, Messire ! Satan y rôde pour dévorer les âmes dont les corps brûleront éternellement dans son ventre.
    — Et Lady Aliénor ?
    — Un jouet des princes, une malheureuse. Elle est morte, à présent, que le Christ ait pitié de son âme !
    — Comment a-t-elle péri, d’après vous ?
    — Elle s’est suicidée, bien sûr !
    Le franciscain s’essuya les mains et enchaîna :
    — Les forces obscures qui règnent ici peuvent avoir fait chavirer son esprit.
    Il désigna une pierre polie, de cinq pieds de haut, qui se dressait près du mur du couvent.
    — Regardez, Messire ! Le symbole de Priape ! On raconte qu’autrefois s’élevait ici l’autel, le sanctuaire d’une divinité antique à la gueule sanglante.
    Corbett suivit la direction de son regard. La pierre lisse luisait au soleil. Il sourit intérieurement. On ne pouvait guère se leurrer sur sa forme et Corbett s’étonna que les religieuses pussent accepter la présence de cet objet païen sur leur domaine. Il s’adressa au franciscain :
    — Vous ne m’avez pas encore dit, mon père, ce que vous faisiez dans le dépositoire.
    — Je priais, naturellement ! J’implorais le Christ d’avoir pitié des âmes de ces pauvres malheureuses. Comme je vais prier pour vous !
    Le coup d’oeil qu’il lança à Corbett était empreint de gravité.
    — Croyez-moi, vous aurez bien besoin de mes prières avant d’en avoir terminé avec votre mission !

CHAPITRE IV
    Corbett rejoignit Ranulf et Dame Agatha.
    — Vous avez donc fait la connaissance du père Reynard ? remarqua-t-elle. C’est un brave homme, bien qu’il ne s’embarrasse pas de nuances. Il a vitupéré contre notre pierre levée, je suppose ?
    Corbett l’admit.
    — Pour les soeurs, ce n’est que la survivance d’une inoffensive magie, mais comme tous les hommes, le père Reynard pense que les femmes sont des créatures sans jugeote, facilement troublées par un rocher.
    — Où est partie Dame Frances ? demanda Corbett plus brusquement qu’il ne l’aurait voulu.
    La jeune soeur eut un sourire malicieux.
    — Elle a dit qu’elle avait mieux à faire que de danser d’un pied sur l’autre à attendre le bon vouloir de certain clerc.
    Elle se fit plus sérieuse :
    — Elle ne vous en veut pas ; au contraire, elle vous prie d’être notre hôte et elle est allée préparer votre chambre. Vous serez des nôtres, n’est-ce pas ?
    Corbett regarda Ranulf.
    — À propos de danser d’un pied sur l’autre, Ranulf, tu trouveras la cabane qu’il te faut près de l’écurie ; fais le tour du

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