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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lui.
    — Faites attention, Messire Corbett ! avertit-elle. Le prince avait beau avoir rompu avec Lady Aliénor, il ne lui voulait que du bien. Les remèdes étaient des potions, pas des poisons.
    Elle eut un geste péremptoire. Dame Catherine se leva alors pour s’approcher d’un coffret renforcé de ferrures dont elle souleva le couvercle. Elle en extirpa une bourse et la remit à Dame Amelia qui, le regard rivé sur Corbett, l’ouvrit, se versa sur la paume un peu de poudre blanche qu’elle lécha d’un coup de langue avant de se rincer la bouche d’une gorgée de vin.
    — Vous voyez, Messire, j’ai pris de cette même potion que le prince a envoyée à Lady Aliénor et je n’en meurs pas.
    Corbett fit une petite grimace.
    — Très bien. C’est vous qui avez découvert le corps, n’est-ce pas ?
    — En effet. Juste après complies. Nous nous sommes toutes rendues au réfectoire pour la collation habituelle avant d’aller nous coucher. Comme à l’accoutumée, mes deux sous-prieures et moi-même sommes entrées dans le bât iment principal par la grande porte. Le vestibule était plongé dans la pénombre, une seule torche brûlait. Nous avons trouvé Lady Aliénor gisant au bas de l’escalier.
    La supérieure regarda Ranulf droit dans les yeux comme si elle s’apercevait enfin de sa présence.
    — On aurait dit qu’elle dormait, murmura-t-elle.
    — Mais comment a-t-elle pu tomber sans faire glisser son capuchon ? s’étonna Corbett.
    — Oh ! j’ai entendu nombre de réflexions oiseuses à ce sujet ! répliqua-t-elle vivement. Le capuchon était bien serré.
    — Et personne n’a entendu sa chute ?
    — Il n’y avait personne pour ce faire.
    — À l’exception de Dame Martha et de Dame Elisabeth, n’est-ce pas ? Et l’une d’elles vient de mourir.
    — Elles étaient toutes les deux extrêmement sourdes, proféra Dame Amelia sèchement.
    — Alors que s’est-il passé ?
    — Nous avons envoyé notre portier avertir le prince à Woodstock.
    — Qu’a-t-il fait ?
    — Messire Gaveston est venu s’assurer que tout allait pour le mieux, compte tenu des circonstances. Il a laissé de l’argent pour les funérailles, car le prince a donné des instructions pour que Lady Aliénor fût enterrée ici.
    Elle parut lasse :
    — C’est tout.
    — Un médecin a-t-il examiné le corps ?
    — Non, à quoi bon ? Elle était morte.
    — Et qui était son amie la plus proche ?
    Dame Amelia eut un sourire de triomphe comme si elle avait percé le clerc à jour :
    — Je me demandais quand vous me poseriez cette question.
    Elle adressa un signe convenu à Dame Frances qui sortit et revint, peu après, accompagnée d’une autre soeur. La nouvelle venue s’arrêta sur le seuil et Corbett ne put que deviner sa taille, car le voile et l’habit dissimulaient son visage et sa silhouette.
    — Messire, puis-je vous présenter Dame Agatha, notre cellérière qui s’occupe également de la sacristie ?
    La religieuse s’avança. Corbett, se rappelant les bonnes manières, se leva courtoisement et entendit l’exclamation étouffée de Ranulf, derrière lui. Dame Agatha était très belle : elle avait un teint de pêche et d’adorables lèvres délicieuses et pleines ; le regard calme et serein de ses yeux bien espacés était rieur. En baisant sa main fraîche et ferme, Corbett sentit l’odeur légère de son corps, agréable et parfumée comme une rose de printemps. Dame Amelia observait avec un certain plaisir la confusion de Corbett.
    — À quoi vous attendiez-vous, Messire ?
    — À rien de précis, ma mère !
    Dame Agatha le dévisageait attentivement. Se moquait-elle de lui ? se demanda le clerc. Dame Frances avait, comme par magie, fait apparaître un tabouret de nulle part et, sur l’ordre de la prieure, Dame Agatha prit place en priant, d’un signe, Corbett de se rasseoir.
    — Vous souhaitiez me voir, Monsieur * ?
    Elle parlait d’une voix sourde, avec un léger accent français.
    — Oui. Vous étiez la dame de compagnie de Lady Aliénor, n’est-ce pas ?
    — En effet.
    — Partagiez-vous ses appartements ?
    — Non. Lady Aliénor disposait d’une aile du bâtiment principal. Dame Amelia me désigna bien pour être sa dame de compagnie, mais je dormais dans le dortoir avec les autres soeurs.
    — Donc, on vous a désignée pour être sa compagne ?
    — Lady Aliénor a insisté, précisa la prieure.
    — Et comment était Lady

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