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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bâtiment principal !
    Son serviteur rougit de confusion.
    — Je croyais que vous n’étiez jamais venu à Godstowe, mon maître !
    — En effet, mais en arrivant, j’ai vu un palefrenier se hâter vers ce lieu et en ressortir peu après, la mine soulagée. Alors vas-y ! Ensuite, occupe-toi de nos bagages !
    Il attendit que Ranulf fût hors de portée de voix pour reprendre la conversation.
    — Dame Agatha, loin de moi l’idée de faire valoir mon autorité, mais j’aimerais poser quelques questions à l’autre religieuse, Dame Elisabeth. Je viens d’examiner la dépouille de son amie, ajouta-t-il en montrant le dépositoire.
    — C’est normal ! approuva Dame Agatha en souriant. Je suis sûre que notre prieure n’y verra aucun inconvénient.
    Elle le précéda. Ils revinrent sur leurs pas, longeant le logis de la prieure pour arriver au bâtiment principal. Là, ils gravirent les larges marches et entrèrent dans le vestibule – vaste, impressionnant et dominé par l’imposant escalier de bois entouré de recoins noyés d’ombre.
    — C’est ici qu’est morte Lady Aliénor, déclara Dame Agatha à voix basse, désignant le bas des marches.
    — Comment était-elle ? Je veux dire, quelle était la position de son corps ?
    — Je ne sais pas exactement. C’est la prieure qui l’a trouvée et qui a envoyé Dame Catherine me chercher au réfectoire. Quand je suis arrivée, on lui avait donné une attitude plus décente.
    — Qu’avez-vous pensé en la voyant ?
    — Qu’elle était évanouie.
    Corbett remarqua qu’elle détournait le regard en portant à ses yeux sa manche d’une blancheur immaculée et bordée de dentelles. Le clerc lui posa doucement la main sur l’épaule.
    — Je suis navré, chuchota-t-il. Si seulement je pouvais vous aider…
    Dame Agatha se retourna et leva sur lui des yeux vifs semblables à deux papillons noirs. Elle le remercia d’un murmure et, retroussant le bas de son habit, monta l’escalier, suivie de Corbett, qui fut bien placé pour apprécier le balancement séduisant de ses hanches et la finesse de ses élégantes chevilles. En haut, à gauche, elle prit un long couloir sombre, puis s’arrêta devant une porte massive renforcée de ferrures qui s’ouvrait sur la droite.
    — Dame Élisabeth ! appela-t-elle, frappant avec insistance. Vous avez un visiteur ! Messire Corbett !
    — Entrez ! Entrez !
    La voix était dure et stridente. Dame Agatha ouvrit la porte et Corbett pénétra dans une chambre spacieuse, mais lugubre. Seule l’éclairait une piètre lumière filtrant par une fenêtre géminée, au fond. Celle-ci donnait sur le domaine, et les divers bruits de la congrégation lui parvenaient faiblement : paysans revenant des champs et des jardins, hennissements des chevaux dans l’écurie et bavardages des religieuses qui profitaient des derniers rayons du soleil avant d’aller à vêpres.
    La pièce était somptueusement meublée et, malgré la douceur du temps, on avait apporté des braseros à roulettes, dont le charbon de bois grésillait. De la vaisselle et des gobelets à filigrane d’argent et d’or étaient exposés sur des dressoirs adossés aux murs. Corbett remercia le ciel que Ranulf fût absent : il aurait eu des fourmis dans les doigts devant tant de richesses. Dans un coin, les portes subtilement agencées d’une armoire étaient entrebâillées et laissaient voir robes, capes et autres habits qui révélaient que Dame Élisabeth se consacrait autant à ce bas-monde qu’au prochain. Dans l’angle opposé, les courtines bordées de fourrure de l’énorme lit à baldaquin étaient tirées et l’on voyait de larges oreillers blancs, un chevet de lit sculpté et une courtepointe fauve et argent. Corbett avait entendu parler de l’opulence de certaines maisons religieuses, mais c’était la première fois qu’il la constatait de visu. Il était si fasciné par tous ces objets précieux qu’il faillit ne pas apercevoir la frêle silhouette assise sur un coffre, près d’un des braseros.
    — Qui êtes-vous, Messire ?
    Le petit visage rond, d’une blancheur de cire sous le voile brun, exprimait irritation et appréhension.
    Corbett s’avança et dévisagea la soeur qui soutint son regard avec colère ; ses yeux minuscules évoquaient deux grains de cassis profondément enfoncés dans de la pâte et ses traits étaient tendus et revêches comme si elle était perpétuellement offensée par une odeur

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