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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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étaient-ils ? Pourquoi avaient-ils été assassinés de façon si barbare et si mystérieuse ? Il s’essuya la bouche d’un revers de main. Qu’allait donc faire une dame de la noblesse dans cette campagne perdue de l’Oxfordshire ? Rendre visite à un ami à l’université ou dans une ville comme Abingdon ? Dans ce cas, pourquoi personne n’était-il venu reconnaître les corps ? Ou avaient-ils un rapport quelconque avec Godstowe ?
    — Père Reynard !
    Le franciscain regarda vers la porte et ses cheveux se dressèrent sur sa tête. Quelqu’un, dans le cimetière, l’appelait par son nom. On aurait dit une voix d’enfant, chantante et limpide.
    — Père Reynard ! S’il vous plaît, père Reynard, aidez-moi !
    Il traça dans l’air le signe de la croix. Était-ce un spectre ? Une apparition ? Une âme prisonnière du monde d’ici-bas ? Le fantôme de Lady Aliénor ?
    — Père Reynard ! Par ici !
    La voix se faisait plus impatiente. Il se leva et se dirigea précautionneusement vers le seuil, saisissant au passage le gros gourdin appuyé contre le mur.
    — Père Reynard ! Vite, s’il vous plaît !
    La voix chantante brisa à nouveau le silence de la nuit et il hésita un moment, la main sur le verrou. Était-ce un démon invoqué par une sorcière ou un jeteur de sorts ? Lors de son arrivée au village, il avait eu maille à partir avec ceux qui pratiquaient la magie noire et célébraient leurs rites diaboliques dans l’enclos sacré. Il y avait eu d’étranges lueurs et incantations, le sacrifice d’un coq noir à minuit, mais il les avait chassés avant de fermer le cimetière et de menacer ses ouailles d’excommunication dans ce bas monde et du feu de l’Enfer dans l’autre.
    — Père Reynard, je ne vous veux pas de mal !
    Serrant le gourdin d’une poigne d’acier, il ouvrit la porte et s’avança dans les ténèbres. Le vent le cingla au visage quand il la referma. Il scruta la nuit noire.
    — Qui va là ? cria-t-il. Au nom de Dieu, mon enfant, qui es-tu ? Que veux-tu ?
    Seul le gémissement de la bise dans les arbres lui répondit. Il traversa le cimetière en discernant à peine les obscures silhouettes des croix de bois, des monticules de terre et des ormes aux formes spectrales.
    — Qui es-tu ? répéta-t-il. Où es-tu ?
    Il plissa les yeux et distingua une ombre plus sombre que le reste. Il étouffa une exclamation d’horreur. Un enfant, une petite silhouette encapuchonnée accourait vers lui, les mains jointes comme pour le supplier. Le franciscain commença une prière mais ne put l’achever : le carreau d’arbalète l’atteignit en pleine poitrine, déchirant la peau, l’os et les muscles. Il s’écroula ; le sang au goût de fer envahit sa bouche et ses narines. Il sentit l’herbe douce contre sa joue. Il se revit enfant, courant vers quelqu’un. Sa mère lui tendait les bras. Il savait qu’il allait mourir.
    —  Absolve me, Domine  ! murmura-t-il en fermant les yeux et en rendant son âme à Dieu.
     
     
    Le lendemain, levé dès potron-minet, Corbett réveilla un Ranulf ébouriffé et un Maltote ensommeillé.
    — Allez, debout ! leur cria-t-il jovialement. Maltote, tu vas venir avec nous à Londres, puis à Leighton.
    Ranulf bondit du lit, heureux de troquer l’air pur de la campagne pour les rues empuanties de Londres et les rondeurs enchanteresses de Maîtresse Sempler. Maltote se mit péniblement debout et alla se soulager aux latrines. Corbett le rencontra dans l’escalier.
    — Maître, est-ce que je ne devrais pas retourner au camp du roi ?
    Corbett remarqua son air surpris.
    — Non, Maltote, lui dit-il, la main sur son épaule. Il me faut un homme d’armes pour me protéger.
    Et avant que le jeune soldat pût lui demander s’il se gaussait de lui, Corbett s’était éloigné d’un pas leste.
    Les religieuses sortaient de la chapelle à ce moment même. Elles le regardèrent timidement du coin de l’oeil et rirent sous cape en se rappelant l’appel qu’il avait lancé la veille. Dame Amelia, majestueuse comme une reine, passa devant lui. Il la salua avec respect, puis, se frayant un chemin dans la foule des vilains et serviteurs du prieuré qui rentraient des champs pour avaler un morceau, il franchit la porte de Galilée et pénétra dans les bois de l’autre côté du sentier. Dame Élisabeth avait affirmé avoir aperçu, de sa chambre, des cavaliers immobiles sous les arbres. Il se mit en quête de

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