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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’Enfer qui habite non loin d’ici. La première venelle sur Faltour’s Lane, près de Holborn Street. Cherchez une enseigne d’apothicaire. C’est un Espagnol ou un Portugais ou un Maure… Je ne sais pas, mais il peut vous renseigner mieux que moi. Vous voyez, Hugh, comme je vous l’ai dit, certains poisons peuvent guérir. Un peu d’arsenic peut soigner les désordres de l’estomac, mais en petites doses régulières, cela devient un poison. Un jour, j’ai entendu en confession un marchand de Portsoken qui voulait l’absolution pour le meurtre de sa femme. Pendant deux ans, il avait fait absorber du poison à cette malheureuse.
    Le moine se retourna et regarda par la fenêtre.
    — Vous feriez mieux de partir maintenant, Hugh. Il se fait tard et cette boutique d’apothicaire est l’antichambre de l’Enfer. Ou, poursuivit-il avec un petit sourire, comme vous le diriez, vous, grands propriétaires de manoirs : « C’est un endroit où la merde attire les mouches. »
    Corbett lui rendit son sourire et le remercia. Puis il revint au portail où il recommanda à Ranulf et à Maltote d’être sur leurs gardes. Ils parcoururent un dédale de ruelles qui filaient vers le nord, jusqu’à Holborn. Corbett constata que le père Thomas avait raison. Le soleil timide n’allait pas tarder à disparaître. Les abords des vieux remparts sentaient la décrépitude et le moisi. Les échoppes, à moitié effondrées, vendaient des colifichets de bas étage. Peu de gens étaient bien habillés, la plupart étaient des gibiers de potence, des colporteurs essayant de vendre sans l’autorisation des guildes, des mendiants professionnels et des habitants de taudis, au faciès de rats, qui guettaient des proies faciles.
    Ils trouvèrent Faltour’s Lane et tournèrent dans une venelle sordide encombrée de tas d’immondices, où la lumière du jour était presque cachée par les encorbellements qui s’élevaient de chaque côté. Ranulf cessa de bavarder et lorsque Corbett tira son épée, ses deux compagnons l’imitèrent en guise d’avertissement solennel aux sombres silhouettes tapies sous les porches entrebâillés. Un mendiant, l’oreille et la moitié du nez rongées par la lèpre, surgit de l’ombre, tendant la main et implorant l’aumône. Corbett lui jeta quelque menue monnaie, puis brandit son épée et le malheureux décampa.
    Le clerc se sentait mal à l’aise. La ruelle était étroite et bordée de porches obscurs dont certains, plus que d’autres, étaient noyés dans l’ombre. Il savait qu’on les épiait. Au moindre signe de faiblesse ou de peur, les coupe-jarrets qui se cachaient là leur sauteraient à la gorge comme une meute de loups. Il arriva sous l’enseigne de l’apothicaire, l’épée encore à la main. Deux chats se sauvèrent en se disputant, avec force feulements, le cadavre à demi dévoré d’un rat. Corbett sursauta et maudit sa nervosité. Il rengaina son arme et murmura à Ranulf et Maltote de l’attendre au bout de la ruelle. Puis il toqua doucement à la porte de l’échoppe.
    Un jeune homme ouvrit. Corbett fut immédiatement frappé par son teint bistre, sa beauté et son élégance : des chausses pourpre foncé, des heuses en cuir souple et une chemise de batiste échancrée et immaculée. L’apothicaire paraissait intrigué par Corbett. Il marmonna quelques mots d’abord en portugais, puis en anglais. Corbett, lui, joua son rôle en jetant des coups d’oeil nerveux dans la venelle et en murmurant qu’il avait besoin de certaines potions. Le visage basané à la peau satinée se plissa en un sourire qui révéla des dents d’ivoire. L’homme fit signe à Corbett d’entrer, comme s’il était un ami de longue date. L’échoppe était simple, mais propre. Les dalles du sol avaient été récemment frottées et les murs passés à la chaux pour éloigner les insectes. Il n’y avait pas de meubles, à part une petite table en bois, deux énormes chaises à haut dossier et une carte du zodiaque clouée au mur. L’apothicaire se présenta :
    — Mon nom est Julio César. Je suis médecin, autrefois j’ai été l’apothicaire de Sa Majesté Sancho, roi du Portugal. Je suis banni à présent par suite d’un…
    Il détourna le regard.
    — … d’un malentendu. Et vous, Messire… ?
    — Matthew Droxford, dit Corbett.
    L’apothicaire le dévisagea, un léger sourire incrédule sur ses lèvres charnues, comme s’il savait que son visiteur

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