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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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n’était pas un enfant, mais un avorton, un nain. Corbett n’avait jamais vu autant de méchanceté chez un être aussi petit : ses cheveux noirs étaient plaqués sur son crâne comme les oreilles d’un rat mouillé, de minuscules yeux sans âme trouaient un visage aussi chiffonné et aigri qu’une pomme pourrie. Corbett perçut soudain des pas feutrés qui glissaient sur les pavés à sa gauche. Il tourna brusquement la tête et son coeur fit un bond dans sa poitrine : une autre silhouette identique sortait lentement de l’obscurité et s’avançait prudemment vers lui. Corbett distingua l’arbalète qu’elle tenait et les reflets métalliques du carreau fatidique en position armée.
    — Oh Seigneur ! murmura-t-il.
    Il entendit un claquement et recula d’un bond. Le carreau s’enfonça derrière lui, dans le mur d’une maison en ruine. Il trébucha et tomba, ses mains battant l’air. Il essaya d’agripper quelque chose. Ses doigts se refermèrent sur une poignée de détritus. Il la lança sur le premier tueur qui s’approchait de lui d’un pas sautillant. Celui-ci reçut les immondices en plein visage et fut stoppé net dans sa course : aveuglé, étouffant, il dut baisser sa garde et essuyer la saleté qui lui couvrait lèvres et yeux. Corbett se releva, vif comme l’éclair.
    — À l’aide ! s’époumona-t-il. Ranulf !
    Et il fonça à toute vitesse sur le second tueur qui réarmait son arbalète.
    Ils roulèrent dans la boue en se débattant. Corbett se crut dans un cauchemar. La petite taille de son assaillant en faisait un faux adversaire, annihilant presque l’instinct de survie de Corbett et son esprit combatif. Le nain lui opposait une féroce résistance tandis qu’ils se bagarraient dans la fange. Corbett était déterminé à l’empêcher de saisir le poignard pendu à sa ceinture, aussi s’efforçait-il de resserrer son étreinte autour de la gorge de son agresseur. Il leva les yeux, désespéré : le premier tueur approchait, la dague levée, prêt à frapper.
    — Ranulf ! hurla Corbett.
    La dague s’abaissa. Corbett entendit le vrombissement d’une flèche. Y avait-il un troisième adversaire ? Mais il vit le nain debout, les bras ballants comme une poupée de son, le regard vide rivé au carreau fiché dans son ventre. Corbett retrouva son énergie et se releva précipitamment, hissant le second tueur pendant que l’autre s’écroulait sans un mot. Il entendit des pas derrière lui et fit volte-face. Son prisonnier en profita pour lui filer entre les doigts comme une anguille et s’enfuir dans les ténèbres, non sans lui avoir décoché un regard haineux. Maltote accourut, suivi de Ranulf qui mit genou à terre et ajusta son arme. Le claquement mortel, le vrombissement caractéristique… et le trait d’arbalète frappa le tueur au moment où l’obscurité le happait. Le nain, atteint en plein dos, fut projeté en l’air et s’écrasa sur les pavés.
    Corbett alla examiner les cadavres, essuyant la sueur qui lui coulait dans les yeux. Il eut une drôle d’impression en retournant les corps, comme si c’était des corps d’enfant. Mais ses scrupules disparurent à la vue des visages : presque identiques et également dépravés. Même dans la mort, la rage retroussait leurs lèvres et leur jubilation à faire le mal se lisait sur leurs faces ratatinées et dans leurs yeux fixes et vitreux. Des tueurs à gages, songea Corbett. Il en reconnaissait le type. Ils pouvaient prendre n’importe quelle apparence : une belle femme, un troubadour, un colporteur, même un prêtre ou un moine. Cela lui rappela quelque chose, mais il était trop épuisé et bouleversé pour se concentrer. Ranulf s’approcha et fouilla, d’une main experte, leurs escarcelles et leurs poches, mais il n’y trouva que de la monnaie.
    — Le signe d’un vrai tueur à gages, remarqua sèchement Corbett. Ils n’ont sur eux rien qui puisse les identifier, ni dire qui les emploie, ni d’où ils viennent.
    — Sauf ceci, Messire !
    Il tendit des pièces, prises sur le cadavre du second tueur, et les tria :
    — Des piécettes anglaises, mais aussi des pièces d’argent françaises !
    Corbett les examina.
    — Craon ! murmura-t-il. C’est ce scélérat de Français qui les a envoyés.
    Il se rappela soudain la dépouille du père Reynard et se baissa pour examiner leurs bottes aux talons de cuir.
    — Eh bien, au moins nous savons comment est mort le père Reynard ! Tu

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