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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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te souviens des empreintes dans le cimetière ?
    — Mais il n’y en avait qu’une série.
    Corbett se releva et aspira l’air frais de la nuit.
    — Cependant, ils étaient là tous les deux. Tu n’as pas oublié l’angle que faisait le carreau dans le corps du prêtre ? Une ruse de tueur : l’un frappe à la porte, l’autre guette dans l’obscurité. C’est une vieille recette qu’on arrange à différentes sauces. Parfois, c’est un mendiant qui tend une main et cache un poignard dans l’autre. Ou, dans ce cas-ci, ajouta-t-il d’une voix lasse, un nain qui joue à l’enfant. Je me suis presque empalé sur la dague de ce bougre !
    Corbett regarda l’entrée de l’auberge où s’attroupaient les badauds. Des portes s’entrebâillaient dans la rue, des croisées s’ouvraient à toute volée et des appels retentissaient partout. Emmitouflé dans son habit, un petit homme corpulent à la démarche de canard surgit de la pénombre.
    — Je m’appelle Arrowhead ! s’exclama-t-il d’une voix de bronze. John Arrowhead, échevin de la paroisse.
    Il pointa un doigt vers Corbett :
    — Vous, Messire, vous êtes en état d’arrestation jusqu’à l’arrivée du guet.
    Corbett s’appuya au coin de la maison, s’efforçant de réprimer le tremblement de ses membres.
    — Et vous, Messire, rétorqua-t-il, vous êtes un pompeux imbécile qui agissez sans réfléchir. Mon nom est Hugh Corbett. Je suis haut fonctionnaire de la Chancellerie et émissaire spécial du roi. Ces deux corps sont ceux de Français, des tueurs à gages. Maintenant, si vous désirez encore m’arrêter, faites-le, mais demain, c’est vous qui serez en prison et moi en liberté.
    Il s’épousseta et regagna l’auberge aussi dignement qu’il le put.
    Ses compagnons et lui achevèrent leur repas. Corbett mastiquait longuement sa nourriture et avalait deux verres de bordeaux corsé pour détendre ses nerfs à fleur de peau. Quant à Ranulf, il se rengorgeait comme un paon, vexé néanmoins du peu de gratitude manifesté par son maître, et faisait maintes allusions discrètes à son habileté à l’arbalète.
    — Il t’en a fallu du temps ! bougonna Corbett.
    Maltote toussa et détourna le regard.
    — Messire, c’est ma faute. L’un des clients a entendu des bruits de lutte. Nous avons emprunté l’arbalète du tavernier. J’ai tiré le premier carreau… complètement à côté.
    Maltote déglutit nerveusement et jeta un coup d’oeil penaud à Corbett.
    — J’espère que je n’ai touché personne. Ranulf me l’a arrachée des mains et vous connaissez la suite.
    Corbett regarda son serviteur à la mine impertinente.
    — Combien de fois, Ranulf ?
    — Combien de fois quoi ?
    — Combien de fois m’as-tu sauvé la vie ?
    Ranulf eut un geste vague.
    — C’est mon devoir ! déclara-t-il d’un ton si vertueux que Corbett rit à gorge déployée avant de prendre son escarcelle et de la vider sur la table.
    — C’est pour toi, Ranulf ! Mon bon souvenir à ton fils ! Maltote, accompagne-le !
    Il mit sa main sur celle du jeune courrier.
    — Promets-moi seulement que tu ne toucheras jamais à une arbalète quand je serai dans les parages.
    Maltote esquissa un pauvre sourire et, précédé de Ranulf, quitta l’auberge pour une nuit de réjouissances. Resté seul, se parlant à mi-voix, Corbett passa en revue les questions qui l’intriguaient. Il s’aperçut qu’il avait omis de mentionner le décès de Dame Martha lors de sa discussion avec Ranulf. Pourquoi était-elle morte ? Pourquoi sa remarque «  Sinistra, non dextra  » était-elle si importante ? Corbett regarda ses mains agrippées au bord de la table. Il y avait déjà pensé. La vieille religieuse faisait-elle allusion à des mains ? Et, dans ce cas, auxquelles ? Que voulait-elle dire ? Difficile de le savoir !
    — La gauche, pas la droite, répéta-t-il tout bas.
    L’aubergiste, passant près de sa table, s’arrêta et lui lança un regard étrange, mais le clerc lui sourit en hochant la tête et l’autre s’éloigna. Corbett demeura là, pendant des heures, à suivre le fil de ses pensées tandis que Ranulf, après être allé voir son fils, s’en donnait à coeur joie sur le large lit à baldaquin au ciel de soie de Maîtresse Sempler, la jeune épouse du drapier. Son barbon de mari assistant à une réunion de guilde, elle avait été transportée de joie en revoyant son amant, transports dont profitait

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