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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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de lui
tout à plein déconnue, Henri, à ce qu’il nous dit plus tard, fut saisi, puis
bientôt tenaillé, par un frénétique appétit de se lever et saisissant à pleines
mains les écus, de les jeter à poignées à l’immense concours de nobles et de
dignitaires qui se pressaient à son sacre. Mais, résistant à cette impulsion
pour ce qu’il pensait qu’elle donnerait à ses sujets une mortelle offense, et
serait réputée à scandale et folie, il fut à si grand’peine et labour à la
réprimer et demeurer assis en l’immobilité qu’on attendait de lui, que maugré
l’excessive froidure de l’église Saint-Stanislas en ce mois de février, il se
mit à suer de la tête aux pieds, de grosses gouttes perlant continuellement à
son front et coulant le long de ses joues. Tant est que ses gentilshommes, dont
j’étais, et qui, encore que chaudement vétus, grelottaient sur leurs bancs,
crurent, à le voir pâle et tout en eau, que leur maître était pris d’un malaise
et se sentirent immensément soulagés quand en la sacristie Henri, se retirant
après les augustes rites pour changer sa chemise trempée, leur apprit, comme
allant de soi, la cause et le motif de son émeuvement.
    — Ha ! dit Catherine,
voilà qui est beau ! La libéralité sied aux rois et quiconque est donnant,
poursuivit-elle en jetant un coup d’œil à Quéribus, est en quelque mesure, un
Roi en son petit royaume, et se fait aimer de ses sujets.
    À quoi je sourcillai quelque peu,
trouvant trop de pointe et de pointe injuste à ce propos-là, Quéribus ne
lésinant jamais à parer et orner son épouse. Mais hélas, ma petite sœur
Catherine a trop de hautesse en sa complexion pour n’être pas dans les
occasions, béquetante et griffue, et ayant, se peut, quelque récente raison de
l’être, Quéribus étant un parfait miroir pour alouettes de cour, comme il me le
dit lui-même, comme je le crus aussi.
     
     
    Mon cher l’Étoile qui tenait de
tout, et jusqu’au décès des octogénaires et des parisiennes pendaisons, un
journal quasi quotidien, me prétend, sans le pouvoir prouver, quasi brouillé
avec les dates, mais je crois bien pourtant que ce fut vers la mi-novembre de
l’année 1586 que je fus approché sur le pont Saint-Michel par la dame d’atour
de my Lady Stafford et par elle-même mené jusqu’à sa coche où, après que j’y
fus entré, et que le valet eut rabattu sur la portière les tapisseries, la
Comtesse, que je voyais à peine en la pénombre, me dit en son mélodieux
anglais :
    — Monsieur le Chevalier, vous
avez si bien et si fidèlement servi votre Roi et ma Reine dans l’affaire de la
lettre de Navarre, que je voudrais, si je le puis, quelque peu servir à vos
privées et personnelles affaires. Avez-vous ouï de Babington ?
    — Peu et mal.
    — Ce Babington, qui était un
jeune fol, a conspiré avec six autres jeunes gentilshommes aussi fols que lui
pour dépêcher la Reine Elizabeth et délivrer de sa geôle Mary Stuart, cette
évasion, devant coïncider avec l’invasion de l’Angleterre par Guise ou
l’Espagnol. Babington, ses amis et trois jésuites qui tiraient les fils, ont
été arrêtés, jugés et exécutés le 20 septembre. L’un des jésuites
s’appelait Samarcas.
    — Ha ! criai-je presque,
et Larissa ?
    — On l’a serrée en un couvent,
y attendant d’être jugée, ayant été connivente, d’après Walsingham, aux
brouilleries de Samarcas.
    — Ha ! dis-je, point ne le
crois ! Elle n’a pas toute sa tête et Samarcas était trop avisé pour la
mettre à usance.
    — Sauf comme d’un outil
aveugle, dit my Lady Stafford, et pour Walsingham, aveugle ou non, c’est tout
un. Walsingham tient du bull-dog. Quand il a croché ses dents dans la peau d’un
conjuré, seule la Reine sa maîtresse peut lui faire lâcher prise.
    — Ha ! my Lady !
dis-je, ne pouvez-vous écrire à la Reine Elizabeth ce qu’il en est ?
    — Certes, je le pourrais, dit
my Lady Stafford, me posant avec douceur la main sur mon avant-bras, mais c’est
Walsingham qui reçoit mes dépêches, et il est si fanatiquement fidèle à sa
maîtresse qu’il pourrait ne lui montrer point celle où je plaiderai la cause de
M lle de Montcalm, s’il a de son rollet dans l’affaire Babington un
pensement contraire.
    Je m’accoisai à ces paroles, mes
tempes me battant et la sueur me coulant dans le dos de par le fait de mon
inquiétude et de l’impuissance où j’étais à agir.
    — Et

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