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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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démonter, demandant à Quéribus comment
allaient Angelina et mes enfants, il me répondit que, d’ordre du Roi, il les
avait conduits ce lundi passé à ma petite seigneurie du Chêne Rogneux, pour ce
que ma maison de ville, en mon absence, avait été assaillie la nuit par une
bonne douzaine de mauvais garçons, lesquels avaient tâché de l’irrompre,
attaquant les portes par des haches et des marelins et attentant d’y mettre le
feu par des pétards que mon Miroul, versant de l’eau par les mâchicoulis, avait
réussi à éteindre. Mérigot, de sa fenêtre de l’Aiguillerie, donnant alors de
ses deux arquebuses, (sa garce rechargeant l’une, tandis qu’il tirait l’autre)
et Giacomi, de son logis, faisant feu aussi de ses pistolets, nos vaunéants
s’ensauvèrent, laissant leurs morts, emportant leurs blessés, sauf un qu’ils
tenaient pour occis, mais qui vécut cependant assez pour avouer à Nicolas
Poulain que leur troupe avait eu le poignet graissé pour cette entreprise par
le majordome d’une grande maison. Ce qui donna à penser à Mosca (ou L e o) que la main des Guise avait tiré ce beau fil pour le massacre de ma maison.
    À ce récit, que lui fit le lendemain
Quéribus, le Roi trembla pour moi, ayant appris le jour même que le brave
seigneur de Grillon qu’il avait nommé gouverneur de Boulogne en remplacement de
M. de Bernay avait échappé par miracle à un attentement de meurtrerie sur lui
perpétré par un soldat que le Duc d’Aumale avait soudoyé. D’où Henri avait
conclu primo que d’un côtel la Ligue n’avait guère mordu à la fable de
mon intempérie et me cuidait – peut-être sans savoir précisément où –
engagé à le servir, secundo que les princes lorrains avaient repris leur
diabolique plan d’assassiner, un à un, ses plus fidèles serviteurs ou
officiers, afin que de frapper de terreur les survivants et creuser autour de
lui le vide.
    — Le Roi, conclut Quéribus,
veut que vous vous serriez en votre seigneurie du Chêne Rogneux, sans mettre le
pied en ce périlleux Paris, tant que la guerre ne sera pas finie.
    — Ha ! dis-je, que cela me
chagrine et me point ! Quoi ? Même en son camp à Gien-sur-Loire,
entouré de ses troupes, je ne serais pas en sûreté ?
    — Il le croit.
    — Et mon ambassade ?
    — Il vous prie de m’en dire les
fruits à mon oreille. Je serai votre bouche.
    — Maigres fruits. Bouillon veut
ce que veut le Roi, mais ne le pourra achever. La force de cette grande armée
étrangère, c’est son nombre. Sa faiblesse réside en ceci, qu’elle compte des
Français huguenots, des reîtres allemands et des Suisses, lesquels sont mal
accordés les uns aux autres, et en outre commandés par deux chefs qui se
déprisent : Bouillon que Dhona tient pour un béjaune sans expérience, et
Dhona que Bouillon tient pour un sottard. En outre, le pauvre Bouillon est
atteint d’une phtisie qui le va tous les jours consumant.
    — C’est maigre fruit, en effet,
dit Quéribus, pour toute la pécune qu’a coûté la semaison de cette grande armée
par trois rois.
    — Trois ? dis-je, où
voyez-vous qu’ils furent trois ?
    — Navarre, Elizabeth…
    — Et le troisième ?
    — Henri.
    — Quoi ? dis-je, béant,
Henri ?
    — En sous-main, par le Duc de
Bouillon. C’est du moins ce qu’on murmure à la Cour.
    — Chez les ligueux ?
    — Nenni. Chez les plus fidèles
des officiers du Roi. Ah ! Mon frère ! Si la chose est vraie, elle va
bien trop profond pour moi : payer pour se faire envahir !
    — Nenni, mon Querelleur !
dis-je en souriant, pour envahir la Lorraine, la dévaster et vaincre le Guise.
    — Ah ! dit Quéribus,
prenant à deux mains sa tête charmante, Machiavel ! Machiavel !
Machiavel ! Savez-vous que Navarre lui aussi a quis de Bouillon de
demeurer en Lorraine ? Il veut une diversion des reîtres et non pas une
jonction avec eux, ne désirant pas devoir sa victoire à une armée étrangère et
ne désirant pas non plus être contraint d’affronter le Roi, lequel en son camp
de Gien-sur-Loire répète tous les jours : j’userai de mes ennemis pour me
venger de mes ennemis. Le Roi le dit en latin.
    — En latin que voici, dis-je,
me paonnant quelque peu : de inimicis meis vindicabo inimicos
meos : C’est un verset du Livre Saint.
    — Ha ! Mon Pierre !
dit Quéribus, comme vous êtes savant ! Que je regrette, à vous ouïr, de
n’avoir rien étudié que l’escrime en mes vertes

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