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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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des
caresses infinies et moi lui disant et répétant (non sans jeter un œil
connivent à Angelina pour qu’elle pardonnât l’hyperbole) que la terre ne
portant personne qui fût plus délicieuse à voir, c’eût été la désoler et la
laisser quasi déserte que de s’en retirer.
    Et belle lectrice, il est bien vrai
qu’hors mon Angelina et peut-être vous (comme j’aime à l’imaginer) il n’était
rien de plus charmant objet que Zara sur le terrestre globe, lequel serait si
morne enfer si les personnes de son sexe s’en trouvaient exilées. Tout en
recevant nos embrassements, palpements, toquements et poutounes, et nous les
rendant, quoique ceux-ci fort légers pour non point gâter ses fards, ma Zara se
faisait dans le miroir des sourires, des œillades, des tournements de torse,
des ploiements de cou, brune mignote qu’elle était, longue et souple comme une
liane, le profil ciselé, le col long et flexible, le teint chaud, l’œil surtout
éblouissant, étant grand, fendu, vert et d’un vert étrangement chaleureux pour
ce qu’il était pointillé de points d’or.
    Quand elle se fut bien de soi
rassasiée, il la fallut quasi contraindre à gloutir une soupe chaude, un
demi-gobelet de vin de bordeaux et une tartinette aux amandes. Ce qu’elle fit à
la parfin, sans laisser miette, mais en disant que d’ores en avant, elle
renonçait au boire, au manger, au dormir et à la vie, tant elle crevait de
l’immense et impardonnable tort qu’on lui avait fait.
    — Mais quel tort, ma
Zara ? dit mon Angelina fichant sur elle ses grands yeux noirs, si beaux
et si bénins.
    — Eh quoi ! Mademoiselle
Angelina, s’écria Zara, son œil vert noircissant de colère dépiteuse, le
pouvez-vous ignorer ? Dame Gertrude a osé engager une personnelle
chambrière, une souillarde de souillon, une vilaine galapiane qui sous le
prétexte qu’elle est jeunette, a le front de me vouloir vaquer ma place.
    — Mais Zara, dit Angelina fort
innocemment, Gertrude ne t’a pas désoccupée, loin de là, et te veut seulement
aider d’Éloïse, laquelle n’est ni sale ni laide, à ce que j’ai pu voir.
    — Madame, s’écria Zara en
marchant qui-cy qui-là dans la chambre, l’œil fort enflammé et se tordant les
mains, il faut que vous l’ayez mal vue ! La galapiane est peu ragoûtante,
je vous assure. Elle a le tétin qui déborde de la basquine comme le lait qui va
au feu, la bedondaine sur les genoux, et quant à son cul, que j’ai vu nu –
spectacle qui m’a peu ragoûtée – je vous affirme qu’elle a du poil sur la
fesse.
    — Quoi ? dit ma crédule
Angelina, sur la fesse ? Tu as bien dit sur la fesse ? Zara, n’est-ce
pas étrange ? Ne pourrait-on point le rabattre à la pauvrette ?
    — Mais à quelle barbière
d’étuves la galapiane oserait montrer ces horreurs ? poursuivit Zara,
quasiment grinçant des dents, outre qu’elle a aussi l’œil torve et sottard, le
nez morveux, et que les pieds lui puent ! Ha ! la belle chambrière
que ma maîtresse a engagée là, laquelle elle présume, Madame – Oyez-moi
bien, je vous en supplie – laquelle elle présume de faire coucher avec
elle, la préférant à moi – à moi ! répéta-t-elle en se frappant le
tétin (lequel, en effet, était pommelé et non point débordant) – à moi qui
l’aime et la sers depiéça ! Ha Madame ! Madame ! quelle écorne
Dame Gertrude m’a fait là ! Quel abject affront ! Préférer à moi, à
moi ! poursuivit-elle en jetant à son image dans le miroir vénitien un
coup d’œil indigné, ce petit tas d’immondices et le fourrer dans son lit !
Monsieur le Chevalier, quand on a volé dans l’azur, va-t-on s’ébattre sur le
fumier ?
    À ce pensement des larmelettes lui
vinrent à l’œil, ce que voyant, Florine s’écria :
    — Madame ! Si vous
pleurez, vous allez gâter mes labours !
    Je ne sais par quel miracle alors
Zara rentra et tarit ses larmes, mais le fait est que son œil redevint sec,
sans être moins étincelant pour cela de tout son italien courroux, levant fort
haut la tête, le tétin houleux, et la taille cabrée comme cavale qui va botter
des gambes de devant.
    — Mais Zara, dit Angelina, en
ouvrant tout grands ses yeux candides, j’entends bien que beaucoup de
maîtresses aiment, au lit, la compagnie de leur chambrière, tant est que la
coutume en est très répandue. Mais après tout, Zara, dormir en telle ou telle
coite, c’est peu de chose : Où est la

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