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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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amoureux sonnets,
dis-je, vergogné assez de le devoir admettre en cette librairie qui, certes, ne
comptait aucun poème frivole, sauf peut-être, en grec, Anacréon.
    — Nous nous égarons, dit mon
père. Monsieur mon frère, pour Quéribus, je crains que le muguet ne vous cache
l’homme. L’homme est d’un bon métal. Rien ne l’obligeait à se mettre à tant
d’incommodité et péril pour cacher Pierre en Saint-Cloud après la
Saint-Barthélemy et le conduire en sûreté jusqu’ici. Et quant à son poulet, je
ne le trouve pas si damnable, assurant la dame de son respect, et disant qu’il
«  lui en donnera toutes preuves  ». J’opine donc qu’il faut
laisser courre.
    — Laisser courre ! s’écria
Sauveterre.
    — Oui-dà ! Et attendre que
le baron se déclare et d’autant que Catherine en est coiffée, comme il est
manifeste à la façon dont elle a brandi son billet au nez des hommes de sa
maison.
    — Vous défiant, dit Sauveterre
aigrement.
    — Laissons là le défi ! Je
ne vais pas croiser le fer avec ma fille, comme je suis bien marri de l’avoir
fait avec ma défunte épouse dont elle a hérité le sang, la piaffe, la braveté
et la rebelle complexion. Rien ne prévaudra jamais que douceur sur cette rude
garce. En outre, je ne lui veux faire de peine, si je peux l’éviter.
     
     
    Dans la semaine qui suivit, et
encore que le baron de Mespech affectât un front serein, je sentis qu’il avait
tant pâti que Samson s’envolât hors du nid paternel sans qu’on sût quand
reviendrait, que je résolus de surseoir quelque peu à mon propre départir, ne
voulant pas ajouter incontinent à la navrure d’un père que je tiens pour le
meilleur qui fût. Ha certes ! Ce n’est pas lui qui eût dit, comme
Montaigne « qu’il avait perdu deux ou trois enfants en bas âge, non sans
regret, mais sans grande fâcherie ». Car, tout grand homme de guerre qu’il
était, ayant, comme on sait, illustré son nom à Cerisoles et à Calais, il se
montrait avec ceux de son sang tant plus tendre, débonnaire et affectionné
qu’une mère, appétant à notre mieux-être bien au-dessus du sien. En ces
malenconiques jours du département de Samson, je l’ai ouï dire plus d’une fois
qu’il se réjouissait fort que son joli bâtard allât marier Gertrude en
Normandie et qu’il reçût d’elle l’apothicairerie de Montfort, pour ce qu’il
opinait (je prie mes belles lectrices de ne point sourciller aux propos
rustiques d’un gentilhomme du plat pays) « qu’il n’est pas pour un homme
bonheur plus substantifique que d’être sa vie durant bien enconné en une bonne
garce, tout en labourant avec liesse au labour de son choix ».
    J’avais quelque raison pour délayer
plus outre. Le printemps déclosant toutes fleurs, Mespech allait entrer dans
ces mois verdureux dont je voulais en mon Périgord goûter les rebiscoulantes
délices après les neiges qui nous avaient foulés. Dès que la fonte de celles-ci
avait rendu les chemins praticables, j’avais écrit à mon Angelina pour lui
assurer que j’étais à jamais pour elle dans les sentiments que je lui avais
dits lors de notre première encontre, et ma lettre à peine départie, si fol et
hors raison est le cœur d’un amant que je me mis à espérer chaque jour sa
réponse, alors même qu’il était manifeste qu’elle ne pourrait me parvenir que
dans le cœur de l’été.
    Fogacer, suivi de son Sylvio, avait
quitté nos murs en même temps que Quéribus, non moins impatient que le baron de
retrouver le Duc d’Anjou et d’autant qu’après l’alerte en Périgueux, il avait
le plus grand besoin que Son Altesse étendît derechef sur lui son bras
protecteur.
    Ce fut sa lettre, de toutes celles
que j’attendais, que je reçus la première vers la fin août, par laquelle, après
mille grâces et mercis aux co-seigneurs de Mespech pour leur hospitalité, il me
mandait que le Duc ayant été élu Roi de Pologne, il avait levé le siège de La
Rochelle, ne voulant pas offenser la minorité protestante de son futur royaume
et accordant par la même occurrence aux huguenots de France un traité que certes,
ils n’eussent osé espérer après la Saint-Barthélemy. Nouvelle qui réjouit fort
la frérèche, encore qu’elle ne crût guère à la durée de cette paix précaire,
les papistes français étant si encharnés à l’éradication des nôtres.
    Fogacer ajoutait que Quéribus
suivrait le Duc en son nouvel apanage, quoique le

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