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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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œil, va voir promptement dans le cabinet vieil si mes amis sont là.
    J’y courus et revenant dire au Roi
qu’ils y étaient, hormis Revol que Du Halde avait été, à ce qu’on me dit,
quérir de sa personne, le Roi passa lui-même dans le cabinet vieil et avisant
qu’il y avait là, outre son Conseil étroit, cinq ou six des quarante-cinq, lesquels,
le Roi apparaissant, semblèrent fort embarrassés de leurs cartes et de leurs
pipes, Sa Majesté s’adressant à eux avec sa coutumière bonté et les appelant
« mes enfants », leur dit de se retirer en sa chambre et d’en
défendre l’entrant, et qu’ils y trouveraient un aussi bon feu que céans et la
liberté de se remettre à leurs jeux, mais sans pétuner, pour ce qu’il abhorrait
la fumée de l’herbe à Nicot.
    Revol advenant alors tout courant,
précédé de Du Halde, lequel sur un signe du Roi, ouvrit toute grande une des
fenêtres pour chasser la méchante odeur qui régnait dans la pièce (et n’était
pas que de tabac), le Roi nous commanda de nous asseoir sur les escabelles qui
se trouvaient là et, ayant parlé longuement et à voix fort basse dans l’oreille
de Bellegarde, se retira de notre cercle, et se tint debout devant le feu, et
fort près de lui, au moins tant que la verrière fut ouverte.
    Bellegarde était un fort beau
gentilhomme, courant fort le cotillon, ou plutôt fort couru par lui, d’une
disposition sérieuse et silencieuse, et d’une fidélité éprouvée pour le Roi, et
qui eût été, en bref, en tous points parfait, s’il n’avait pâti, comme Chicot,
d’une goutte au nez, laquelle menaçait continuellement sa fraise et son
pourpoint, infirmité qui était cause que le Roi (qu’elle agaçait excessivement)
le gourmandait sans cesse, tout en l’aimant prou, et en l’estimant fort.
    — Messieurs, dit Bellegarde de
la voix enrouée des gens qui parlent peu (et sans jamais nommer le Guise
autrement que le tertium quid, expression étrange empruntée à la
mathématique et qui veut dire « le troisième élément »), Messieurs,
voici une ébauche de plan touchant l’affaire qui nous occupe, et pour lequel,
désirant qu’il soit élaboré plus outre, Sa Majesté requiert vos éclairés avis.
    Je ne vais point céans reproduire
l’esquisse que fit Bellegarde de cette entreprise, tant le débat qui suivit
nous amena à la modifier. Je ne cuide pas non plus que je doive nominalement
désigner celui-ci, ou celui-là, pour les amendements qu’il y apporta, pour ce
qu’il pourrait y avoir quelque péril pour lui, même en ce jour d’hui, à être
nommé à cette occasion comme le père d’une suggestion qui fit prou pour le
succès de l’affaire. Il n’est pas que le feu ne couve encore longtemps sous la
cendre des discordes civiles, et combien que tel ou tel légitimement se paonne
d’avoir été ce jour-là dans le dernier carré des fidèles, il s’alarmerait
peut-être d’être désigné à la longue vindicte de nos adversaires, s’il lui
devait être attribuée la paternité d’une ruse de guerre que ceux-ci, en leurs
libelles, ont tenue pour atroce ou machiavélienne. Et certes, que notre plan,
sur les lèvres d’un fils, d’une mère, d’un frère ou d’une épouse méritât d’être
ainsi qualifié, j’en pourrais convenir, si l’on avait pu arrêter par un autre
moyen que la mort la marche du Duc de Guise vers le trône, l’extermination des
« politiques » et des huguenots, et l’asservissement du royaume à
l’Inquisition.
    Il apparut vite dans notre débat, à
voix basse chuchoté, et le Guise n’étant jamais autrement nommé que le tertium quid, que la difficulté principale était de l’isoler de sa suite,
pour ce qu’un affrontement entre ses gentilshommes et les nôtres, soumis aux
hasards d’un combat, pourrait, se peut, entraîner beaucoup de morts, sauf celle
précisément qui était utile à l’État. Et s’avisant que le tertium quid (qui sentait bien qu’il avait quelques raisons de se méfier) se faisait à
l’accoutumée suivre de tous les siens jusqu’à la porte du Roi, sauf les jours
de Conseil où les suites des grands y participant étaient si nombreuses qu’il
avait été convenu qu’elles devraient demeurer en la cour, il fut décidé que
l’attentement se ferait un jour où ledit Conseil se tiendrait (dans la salle
marquée B sur le plan) et qu’en outre, ce Conseil serait convoqué fort
tôt le matin dans l’espoir de réduire à fort peu le

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