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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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ramentoit, et très à la réserve, ne sachant
quand il reviendrait des frimas. Et mon père, d’autant ébaudi des affres de son
hôte qu’il savait qu’elles allaient incessamment cesser, et n’étant point
marri, au demeurant, que le beau baron de Cour sentît peser sur sa superbe le
joug d’une demoiselle de notre rustique noblesse, le pressa de lui conter
l’aventureux retour hors Pologne du Roi et de sa suite, sans que le baron pût
trouver voix et cœur à le contenter, arguant de la fatigue de sa chevauchée.
    — Baron, dit mon père en riant,
vous m’étonnez ! Fatigue de fesse n’atteint pas langue ! Mais voilà,
ajouta-t-il, en voyant Franchou entrer avec un pichet de vin chaud et fumant,
qui va grandement vous conforter !
    Mais Quéribus dont l’œil avait
brillé quand s’était déclos l’huis de la librairie, pour s’éteindre incontinent
quand Franchou avait paru, laissa la chambrière remplir son gobelet sans un
merci et sans y toucher, envisageant son vin avec des yeux absents et ne
sachant même point, à ce que je cuide, ce qu’il tenait en sa dextre. Cependant,
Franchou, s’approchant du baron de Mespech, lui glissa en main un billet qu’il
déplia et lut à part soi, un souris jouant sur ses lèvres, la bonne Franchou
pendant ce temps, dévorant son maître de l’œil, étant de nouveau fort épanouie,
à ce que j’observai.
    — Mon cher Quéribus, dit Jean
de Siorac mi-gaussant mi-ému, ma fille me requiert par ce billet l’honneur de
vous venir saluer céans. L’avez-vous pour agréable ? Ou êtes-vous tant las
que vous préférez votre lit ?
    — Nenni ! nenni ! dit
Quéribus d’une voix blèze, et il n’en dit pas plus car, perdant toutes
couleurs, il faillit lui-même pâmer et serait assurément tombé, s’il n’avait
été assis. Voyant quoi, prenant le gobelet qui tremblait entre ses doigts, je
le portai à ses lèvres et le lui fis vider d’un trait. Le breuvage fit merveille.
Et vous eussiez dit qu’au lieu du bon vin insophistiqué de Mespech, mon
Quéribus avait glouti un philtre magique tant soudain il reprit vie et vigueur,
redressé sur son siège, l’épaule se carrant, la crête haute, et l’œil
étincelant dardé sur la porte par où Franchou venait de disparaître prestement,
étant fort réjouie du pitoyable état où une minute avant elle avait vu le
baron, et la bouche déjà toute gonflée du conte qu’elle allait en faire à
Catherine, avant que de revenir céans avec elle.
     
     
    Belle lectrice, dont le cœur
s’intéresse à ma petite sœur Catherine, qu’êtes-vous apensée de la façon dont
pendant ce temps elle va s’attifurant en sa chambre pour se présenter au
galant ? Va-t-elle s’enrober en la même splendide guise qui fut sienne
lors de la fête du 10 novembre de l’an passé chez Puymartin – parure
accommodée à sa taille et tournure par Gertrude et la belle Zara – ou bien
au rebours, va-t-elle se garnir d’un plus simple et quotidien
cotillon ? – Ha Monsieur ! La chose est délicate ! La
magnifique vêture du 10 novembre aurait ceci de bon qu’elle ramentevrait
au baron le bal où il succomba aux charmes de votre sœur. Mais d’un autre
côtel, n’est-ce pas là faire plus de frais que ne le requièrent la pudeur et la
dignité et pour ainsi parler, courtisaner trop manifestement ? De reste,
le baron n’est-il pas blasé des parisiens affiquets de nos belles dames de
Cour ? Et n’aime-t-il point en Catherine, justement, des grâces plus
fraîches et naturelles ? – Donc, si je vous entends bien, Madame,
vous croyez à Catherine trop de finesse et de hautesse pour se parer à la
profusion en cette occasion que voilà ? – Assurément, et je serais
fort déçue, Monsieur, si votre sœur n’apparaissait point vêtue en votre
librairie de façon fort simplette. – Vous le gagez, Madame ? –
Mille fois ! – Hé, Madame ! Vous avez mille fois gagné !
     
     
    C’est donc quasiment en sa natureté
qu’apparut ma gentille sœur Catherine, en un habillement rose d’un fort souple
coton, le corps de cotte rose aussi, point de fraise, mais un décolleté virginal,
quelques pudiques perles entourant son cou mignon, de pimplochement pas le
moindre, la face lavée d’eau claire, le cheveu d’or testonné en torsades et
noué d’un ruban rose, de hauts talons pour ajouter à sa stature, mais qu’on ne
voyait point, le bas de son cotillon escarmouchant le sol : y ayant, en
bref,

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