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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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sur rien de
concluant. Il fallait que je trouve le moyen de parler à Sophia avant que le
jour ne soit trop avancé : soit elle avait pris l’almanach de Roger et mes
notes avant de partir, soit quelqu’un d’autre l’avait vue quitter ma chambre et
avait saisi l’occasion en se doutant que ma porte était restée ouverte.
    Au moment où je posais le pied par terre, mon regard fut
attiré par quelque chose qui y traînait. Je me penchai et ramassai un bout de
papier. En le retournant, je reconnus mon écriture. C’était la copie que
j’avais faite de l’étrange message de l’almanach de Roger, avec mes tentatives
pour écrire quelques phrases simples en l’employant, une tâche à laquelle je
m’étais mis deux jours plus tôt avant de m’endormir. Le papier avait dû tomber
de mon bureau et échapper à la vigilance de Sophia ou, je préférais le croire,
de celui qui s’était emparé de mes notes tandis que j’étais à table avec Florio
et les autres. Au moins, j’avais toujours la copie de la combinaison. Mais cela
ne changeait rien au fait que je n’avais sous la main aucune lettre écrite ou
reçue par Roger et rédigée au moyen de celle-là. En revanche, j’avais
maintenant la conviction que celui qui avait fouillé la chambre de Roger avant
moi cherchait précisément des lettres ou des documents de ce genre, de même
peut-être que Slythurst. Ce que j’ignorais, c’était s’ils avaient trouvé
quelque chose.
    Sidney était toujours chargé de divertir le palatin, mais il
avait promis d’essayer d’obtenir des éclaircissements sur les relations entre
Gabriel Norris et la famille Napper et sur la partie de chasse de William
Napper au cours de laquelle le lévrier irlandais avait disparu. Quant à moi, je
voulais en apprendre davantage sur le commerce illicite de Rowland Jenkes et
j’avais donc prévu de me rendre à sa boutique de Catte Street, sous le prétexte
d’acheter des livres. Ensuite, je devrais me forcer à retourner manger à La
Roue de Catherine en guettant l’occasion de discuter à nouveau avec
Humphrey Pritchard. J’avoue que je n’avais pas la conscience tranquille à
l’idée de me servir d’un garçon simple d’esprit, mais j’avais une tâche à
remplir et j’essayais de penser à long terme, comme me l’avait demandé
Walsingham. Mais, contrairement à mon employeur, je n’avais pas la puissance de
l’État comme seul horizon et la perspective de sacrifier des individus pour que
l’ordre régnât dans le royaume m’indisposait. Avant toute chose, il fallait que
je réussisse à parler à Sophia.
    J’avais décidé de ne pas assister aux matines. Une
démonstration de piété au cours de mon séjour, cela suffisait. Je passai donc
la première partie de la matinée à lire près de ma fenêtre en espérant voir
Sophia traverser la cour pour une de ses fréquentes visites à la bibliothèque.
Sachant que le recteur ne me laisserait pas entrer si je demandais à lui
parler, je comptais sur le fait qu’elle sortirait peut-être quand les élèves
assisteraient aux cours, à supposer que son père lui accordât encore ce
privilège. Mon estomac grognait parce que j’avais manqué le petit déjeuner mais
je n’osais pas aller chercher à manger, de peur de la rater.
    Juste avant neuf heures, je la vis descendre des
appartements du recteur. Mon cœur s’emballa et je saisis mon manteau à la hâte
pour la rattraper, mais elle ne prenait pas la direction de la bibliothèque.
Plus apprêtée que d’ordinaire, vêtue d’une robe ivoire aux manches brodées, la
capuche de sa pèlerine rabattue sur la tête pour se protéger de la pluie, elle
marchait d’un pas déterminé vers la sortie du collège. Je glissai le bout de
papier dans ma poche et, bien que je ne possédasse rien de valeur à l’intérieur
de la chambre, je pris le temps de fermer à clé. La bourse de Walsingham pendait
lourdement à ma ceinture. Si on m’agressait dans la rue, je perdrais tout ce
que j’avais, me dis-je sombrement, mais au moins on pouvait fouiller ma chambre
en mon absence, ça n’aurait pas d’importance. Je dévalai les escaliers et
traversai la cour au pas de course, ce qui me valut de déraper sur les pavés
glissants. Une fois dehors, sur St Mildred Lane, je tournai la tête dans toutes
les directions sans la voir. Il était impossible qu’elle eût déjà disparu. J’en
déduisis que j’avais dû me tromper sur sa destination et retournai

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