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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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courage, recteur, dit-il d’une voix
rauque. Je suis revenu de ma tournée dans le Buckinghamshire tout à l’heure. Je
voulais apporter l’argent que j’ai collecté dans nos domaines directement à la
salle forte, avant de me changer. J’ai frappé à la porte mais James ne m’a pas
répondu, je suis donc allé chercher le double de sa chambre chez Cobbett. La
porte d’entrée de la salle forte était fermée, comme d’habitude, mais en
ouvrant j’ai découvert… »
    Ses yeux exprimèrent l’horreur et il secoua la tête,
mâchoires serrées.
    « Qu’avez-vous découvert ? » demanda le
recteur en donnant l’impression de ne pas vouloir entendre la réponse.
    Slythurst se contenta de désigner l’escalier. Mal à l’aise,
le recteur se tourna vers moi.
    « Docteur Bruno, voudriez-vous… Vous avez montré que
vous gardez la tête froide dans des situations pareilles. »
    Le recteur était un lâche. Il faisait la loi sur son petit
domaine de livres, où l’on tire sur l’ennemi à coups de rhétorique, mais il
perdait ses moyens quand la brutalité et la violence devenaient concrètes. À
l’évidence, il avait peur de ce qu’il était sur le point de voir et, tout à
coup, le drôle de petit Italien n’était plus si risible. Il avait besoin de moi
à ses côtés. Slythurst me jeta un regard en coin. En dépit de son émotion, il
n’oubliait pas qu’il ne me portait pas dans son cœur et il aurait préféré
m’écarter, mais il n’était pas en état de discuter la décision du recteur.
    L’escalier craqua sous mon pied, ce qui fit sursauter
Underhill. Bien qu’il y eût peu de lumière sur le palier, je remarquai des
traces devant la porte de la chambre du docteur Coverdale, que Slythurst avait
laissée ouverte. Tout en faisant signe aux deux hommes de rester en retrait, je
m’accroupis et distinguai des empreintes de pas boueuses en direction de la
sortie. J’y trempai le bout de l’index et le levai devant mes yeux. C’était une
substance poisseuse et rougeâtre. Je la portai à mon nez pour la sentir :
ce ne pouvait être que du sang, et il n’était pas frais. Je me tournai vers mes
compagnons, le regard sombre ; un tic nerveux agita le visage du recteur,
blanc comme un linge, et il me fit signe d’entrer.
    La petite porte au fond de la deuxième chambre était elle
aussi grande ouverte. Derrière, je découvris un escalier en colimaçon, à peine
assez grand pour un homme, qui grimpait tout en haut de la tour. À mi-chemin se
trouvait une porte, restée entrouverte après la débandade de Slythurst. L’odeur
de la mort, immanquable, me chatouillait les narines tandis que j’approchais du
seuil. Le recteur étouffa un petit cri en me collant aux talons. Prenant une
profonde inspiration, je poussai la porte et entrai dans la salle forte du
collège. Face à la scène qui se dévoila, j’eus un mouvement de recul. Le
recteur, agrippé à mon pourpoint, se dressait sur la pointe des pieds pour voir
par-dessus mon épaule. Le mystère de ce qui était arrivé à James Coverdale
venait de prendre fin.
    La salle forte était encore plus propice au sentiment de
claustration que la chambre du sous-recteur, un étage plus bas. La puanteur,
bien sûr, n’y était pas pour rien. Les dimensions de la pièce étaient presque
les mêmes, sauf que le plafond aux poutres apparentes était moins haut et que
les deux fenêtres, dont l’une donnait sur la cour et l’autre sur St Mildred
Lane, n’avaient pas d’ouvertures aussi importantes. Contre les murs étaient
alignés des coffres de différentes tailles, renforcés de barres d’acier et
fermés par de formidables cadenas : le trésor du collège. À gauche de la
première fenêtre, James Coverdale, les poignets attachés, les bras levés
au-dessus de la tête, était suspendu à un crochet en acier fixé au mur afin d’y
accrocher des lanternes. En dehors de sa chemise, il était nu. Son menton
reposait sur sa poitrine maculée de sang, du sang qui avait eu le temps de
sécher et de former une croûte : apparemment, il n’était pas mort dans les
heures qui venaient de s’écouler. Mais l’aspect le plus extraordinaire, la
vision qui m’avait fait pousser un cri d’horreur, c’étaient les flèches dont il
était transpercé et qu’on avait tirées de très près. Il y en avait neuf ou dix
qui sortaient de sa poitrine, lui donnant l’apparence d’une pelote à épingles.
Je sus immédiatement à quoi nous

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