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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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paraissait
scandalisé qu’on le traite comme un domestique. Cependant, ne pouvant défier
l’autorité du recteur sans raison valable, il tourna les talons et nous
l’entendîmes bientôt dévaler l’escalier.
    « Docteur Bruno ? » Le recteur Underhill se
remit debout avec effort et me prit par les poignets. Il avait perdu toute sa
grandiloquence, paraissait vieux et apeuré. Je m’aperçus que je le plaignais
pour le scandale que cette deuxième mort ne manquerait pas de susciter.
« Vous l’avez senti, et pas moi. Je n’ai pas accepté votre théorie autour
de Foxe. Elle me semblait grotesque et j’ai préféré ne pas nuire au collège en
me conformant à l’avis des autres, notamment Coverdale, et en présentant la
mort de Roger comme accidentelle. Mais je dois m’excuser et reconnaître que
vous aviez raison. Un dément prend pour cible les professeurs de ce collège et
commet des meurtres en copiant les martyres des saints. Peut-être que si nous
ne nous étions pas moqués de votre idée, James serait encore en vie.
    — Si cela peut vous consoler, recteur, répondis-je en
posant ma main sur la sienne, je pense que le docteur Coverdale était déjà mort
quand vous avez ridiculisé ma théorie samedi. Mais je le répète, quelqu’un à
Oxford sait qui a perpétré ces crimes. Et c’est très probablement l’un des
vôtres.
    — Êtes-vous certain qu’il n’y a qu’un seul
assassin ? »
    Il ne lâchait pas ma manche.
    « On dirait bien.
    — Alors il y aura peut-être d’autres victimes si on ne
l’arrête pas…
    — Je l’ignore, recteur. Tant que nous ne saurons pas
pourquoi ces deux assassinats ont été commis, nous ne pourrons pas comprendre
la raison pour laquelle le meurtrier leur a donné un aspect si ostentatoire ni
anticiper ses actes.
    — Docteur Bruno… »
    Fébrile, le recteur se força à respirer calmement avant de
poursuivre.
    « Je sais que nous ne pouvons espérer cacher ce qui se
passe. Mais ces meurtres condamnent mon rectorat et peut-être le collège
lui-même. Nous ne sommes pas aussi riches que d’autres et si nos donateurs
devenaient moins généreux, les élèves fortunés iraient voir ailleurs. Et je ne
pense pas qu’à moi, docteur Bruno. Si je perds la faveur de Leicester, quelles
seront les perspectives de ma fille ? »
    Il m’agrippait désespérément. Je ne savais que lui répondre.
    « Votre fille a des qualités à faire valoir, avec ou
sans l’appui du comte.
    — Ce n’est pas comme cela que la société considère les
choses, vous le savez bien. Dans les bonnes familles d’Oxford, on la dit
ingouvernable. Seuls mes rapports avec le comte font d’elle un bon parti. Sans
cela, aucun homme respectable ne la prendra pour femme. Elle ne devrait pas
rester ici alors que sa mère ne la chaperonne pas, mais je suis faible, je me
comporte en idiot, je ne supporte pas l’idée de l’envoyer au loin. Pourtant,
chaque jour qu’elle passe au collège nuit un peu plus à sa réputation. »
    Il prit une profonde inspiration et je compris que la
situation faisait remonter toutes ses émotions à la surface. Je m’attendais à
moitié qu’il s’effondre en pleurs, mais il trouva la force de se maîtriser.
    « Le comte de Leicester apprendra cette épouvantable
nouvelle, bien sûr, mais ne serait-il pas préférable pour tout le monde que
nous ayons appréhendé l’assassin à ce moment-là et que nous puissions le lui
présenter ? Me comprenez-vous ?
    — Il ne vous reste plus qu’à espérer que le coroner et
le magistrat obtiendront vite des résultats, dans ce cas, dis-je en faisant
semblant de ne pas voir où il voulait en venir.
    — Oui, voilà, mais là est le problème. Ils manquent de
subtilité pour s’occuper de crimes de cette nature. Je crains qu’ils ne
s’immiscent dans des détails de la vie du collège qui pourraient sembler
curieux à des gens peu habitués au monde de l’université. Tandis que vous… »
    Il laissa sa phrase en suspens et me regarda avec un mélange
d’espoir et de circonspection.
    « Moi, recteur ? fis-je en feignant la surprise.
Un étranger ? Un catholique ? Un homme dont on prétend qu’il pratique
la magie et qui clame que la Terre tourne autour du Soleil ? »
Underhill baissa les yeux et libéra enfin ma manche.
    « Je vous supplie de pardonner mes propos inconsidérés,
docteur Bruno. La crainte nourrit les préjugés, et notre nation a peur
aujourd’hui. Même un

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