Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
Vom Netzwerk:
possession de la
clé. »
    Slythurst me foudroya du regard. Je n’avais aucun mal à
l’imaginer capable de meurtre. Je me tournai vers Underhill, auquel les ombres
projetées par la bougie donnaient un air étrange et inquiétant.
    « Il va falloir interdire la tour tant que le corps
n’aura pas été enlevé, lui dis-je. Si vous postez l’un des domestiques du
collège au pied de l’escalier, nous ne tarderons pas à savoir si quelqu’un
tente d’y pénétrer. L’assassin essaiera peut-être de revenir, pour récupérer
quelque chose dans la salle forte, par exemple. Mais j’aimerais pouvoir
inspecter les lieux plus à fond, afin de vérifier s’il n’a pas laissé de traces
derrière lui.
    — Oui. Ça me paraît sensé, répondit le recteur. Je dois
envoyer un message au coroner. Walter, vous êtes désormais la personne ayant la
plus haute autorité après moi. Je vais avoir besoin de votre aide pour décider
ce que nous dirons à la communauté. Voudriez-vous m’accompagner dans mes appartements ?
Avant cela, allez dire à Cobbett qu’il poste un commis de cuisine au pied de
l’escalier. »
    Slythurst obtempéra et s’en alla vers la loge du gardien.
Underhill se retourna vers moi et, au long regard qu’il m’adressa, je sentis
qu’il avait encore quelque chose à me dire.
    « Les flèches ont donc été tirées après la mort, selon
vous ?
    — C’est difficile à croire, mais il semble que le sang
provienne surtout de sa blessure à la gorge. S’il n’était pas encore mort, il
n’en était pas loin. À mon avis, il n’était plus conscient de ce qui se
passait, si c’est ce que vous voulez savoir.
    — Alors, ça a été rapide ? »
    Je ne voyais pas l’intérêt de parler des entailles que
j’avais aperçues sur le cou de Coverdale. Le coroner les constaterait bien
assez tôt.
    « C’est une mort terrible, je ne prétendrai pas le
contraire. Mais j’ai déjà vu des hommes se faire trancher la gorge, ils ne
s’accrochent pas longtemps à la vie. »
    Underhill me regarda avec curiosité. La lumière de la bougie
faiblissait et la pièce retombait dans l’obscurité. J’avais l’impression que
l’odeur de la chair en décomposition nous parvenait par l’escalier.
    « Votre avez eu une vie singulière pour un philosophe,
docteur Bruno, me dit-il d’une voix calme. La nôtre doit vous paraître douce et
protégée, en comparaison. Je le croyais aussi jusqu’à cette semaine. Je me suis
retiré du monde ici parce que je pensais que les collèges d’Oxford étaient des
sanctuaires. Mais je m’aperçois que j’ai fermé les yeux trop longtemps et que
cela causera ma perte et celle de ma famille.
    — Recteur Underhill, répliquai-je en me penchant vers
lui, si vous savez quelque chose, si vous avez des soupçons, n’importe quoi en
rapport avec ces meurtres, ne le cachez pas. Sur quoi avez-vous fermé les
yeux ? »
    Il regarda nerveusement par-dessus son épaule, un petit
geste rapide, presque imperceptible, puis il s’avança, le visage baigné par la
lumière de la lanterne.
    « Votre ami, Sir Philip…
    — Oui ?
    — Il ne faut pas qu’il l’apprenne. Docteur Bruno,
promettez-moi que vous ne lui parlerez pas de ce qui se passe entre ces murs.
Leicester est son oncle, il se sentirait obligé de lui raconter. »
    À cet instant, des bruits de pas se firent entendre en bas
et Slythurst revint. Underhill planta son regard dans le mien pour me prévenir de
ne rien ajouter à notre échange, puis il se tourna vers la porte.
    « Walter ? »
    Slythurst croisa les mains, docile, et s’exprima d’une voix
onctueuse que je ne lui connaissais pas.
    « Recteur, je me suis dit que si le docteur Bruno
voulait examiner la salle forte, il vaudrait peut-être mieux que je l’aide.
Deux paires d’yeux valent mieux qu’une, après tout.
    — Très bien, Walter. Mais j’ai besoin de vous. Venez me
retrouver dès que vous en aurez fini. »
    Il me jeta un dernier regard suppliant et partit en claquant
la porte derrière lui. J’entendis ses pas résonner dans l’escalier tandis qu’il
rejoignait la cour le cœur lourd.
    Slythurst releva la tête et balaya la pièce du regard.
    « Alors, que pensez-vous trouver ici ?
    — J’aurais pensé que vous auriez une meilleure idée que
moi de ce qu’on peut espérer découvrir ici », répliquai-je innocemment.
    Lorsqu’il se tourna vers moi, il ne cherchait même plus à
dissimuler son mépris.
    « Et je

Weitere Kostenlose Bücher