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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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est venu chercher
le docteur Coverdale au début de la disputation, un des élèves lui a porté un
message urgent. Je me demande si on ne l’a pas attiré à ce moment-là dans un
piège mortel.
    — Il n’était pas présent au dîner donné en l’honneur du
palatin, renchérit le recteur à voix basse. J’ai trouvé cela étrange car
c’était un événement qu’il attendait avec impatience. Il aime faire bonne
impression auprès des hommes d’État. Enfin… il aimait… rectifia le
recteur. Oh, Dieu du ciel ! »
    Sa désolation était sincère et il avait la voix brisée, mais
sa douleur ne provenait sans doute pas seulement de la perte d’un collègue.
    « Vous avez raison, docteur Bruno. Il est impossible
que nous taisions la manière dont cette mort est survenue. Il y aura une
enquête, il faudra faire appel au coroner et au magistrat. C’est la ruine du
collège ! Je sais déjà que certains de nos donateurs ne voudront plus que
leur nom soit associé à un tel lieu de perdition. Ils nous retireront leur
soutien et distribueront leurs subsides à d’autres fondations non atteintes par
ce genre d’abominations. On croirait voir là-dedans la marque du Diable !
Parodier les martyres des chrétiens d’une façon aussi monstrueuse… »
    Il enfouit de nouveau son visage dans ses mains et je crus
qu’il allait se mettre à sangloter. Peu à peu, cependant, il parvint à
reprendre le contrôle de sa respiration.
    « Certes, mais c’est aussi la marque de quelqu’un qui
sait tirer à l’arc, dis-je avec pragmatisme. Quoique, à cette distance, même
moi je serais capable d’atteindre une cible attachée à un mur et déjà morte,
donc nous ne cherchons pas nécessairement un archer hors pair. En tout cas, la
mise en scène est délibérée. Il voulait être sûr que nous reliions cette mort à
l’autre.
    — Que vous la reliiez, corrigea le recteur.
Foxe, les faux martyres, c’est votre théorie, docteur Bruno.
    — Qu’un inconnu m’a suggérée, lui rappelai-je.
    — En effet, mais vous ne comprenez pas ? Le papier
que vous m’avez montré, découpé dans une page de Foxe… Toute cette mise en
scène est faite à votre intention, pour faire en sorte que vous saisissiez la
référence. »
    Il semblait prêt à croire que c’était ma théorie qui avait
précipité le funeste destin de Coverdale.
    « Sauf que le meurtrier ne pouvait pas être certain que
je serais là au moment de la découverte, objectai-je. Je crois plutôt que,
cette fois, il ne voulait pas que vous puissiez manquer la référence aux
martyres ou ne pas faire le lien avec la mort de Mercer.
    — C’est le même assassin, alors ?
    — Norris a un rasoir, vous savez, dit subitement
Slythurst. Il se rase tous les jours. »
    Je réfléchis un instant en frottant ma propre barbe.
    « Un rasoir et un arc. Quelqu’un cherche à pointer Norris
du doigt, cela ne fait pas de doute.
    — Vous ne croyez pas qu’il puisse être l’auteur de
cette horreur ? demanda le recteur, qui semblait avoir besoin qu’on le
rassure.
    — Même si je le connais peu, je ne pense pas qu’il
commettrait un meurtre pareil en laissant derrière lui une arme qui l’incrimine
directement. D’ailleurs, quel serait son mobile ?
    — James haïssait les jeunes gens bien nés, il les
raillait toujours, dit Slythurst. Vous l’avez entendu au souper chez le
recteur.
    — C’est bien maigre comme raison pour tuer un homme,
répliquai-je. D’un autre côté, l’assassin a pu se dire qu’il ferait d’une
pierre deux coups : se débarrasser du docteur Coverdale, pour une raison
encore inconnue, et mettre en cause Norris. Il y avait des traces dans l’escalier,
des empreintes de pas. Si nous avions davantage de lumière, je pourrais les
examiner, mais je crains que la pluie n’ait effacé la piste dehors.
    — Walter, pouvez-vous descendre et demander une
lanterne à Cobbett ? Le docteur Bruno a raison. Nous devons fouiller la
pièce minutieusement au lieu de tirer des conclusions hâtives, et il fait trop
sombre. Ah ! Et une bassine d’eau. Nous allons effacer cette marque sur le
mur avant l’arrivée du coroner. »
    Slythurst l’observa d’un air éberlué.
    « Mais, recteur, ce dessin est sans doute un élément
important. Nous ne devrions pas interférer…
    — Vous avez entendu mes instructions, Walter.
Maintenant, s’il vous plaît, obéissez. »
    Le regard de Slythurst passa du recteur à moi. Il

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