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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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lorsque
je remarquai une tache de sang qui s’étalait presque jusque dans la cheminée.
    M’accroupissant pour l’observer de plus près, je distinguai
une brique mal alignée sur la droite de l’âtre. Elle dépassait légèrement du
mur, comme si le mortier ne la scellait plus. J’arrivai à la saisir du bout des
doigts, mais la prise n’était pas assez bonne pour la déloger. En me démenant,
je perdis l’équilibre et faillis tomber.
    « Qu’est-ce que vous faites ? » demanda
Slythurst en relevant brusquement la tête et en lâchant le livre qu’il
parcourait.
    Il se précipita à côté de moi pour voir de quoi il
retournait. Pendant ce temps, je recommençai mon manège. À force de patience,
je réussis à faire jouer la brique un peu de chaque côté, puis de plus en plus
car elle frottait contre les autres et s’effritait.
    « Allez-vous y arriver, à la fin ! grommela
Slythurst. Voulez-vous que j’essaie ?
    — Je la tiens. »
    Quelques instants plus tard, la brique se dégageait et révélait
une cavité sombre creusée sur le côté du foyer. Je plongeai la main et fouillai
aussi loin qu’il m’était possible, mais je ne sentais rien d’autre que les
briques au fond du trou.
    « Rien, annonçai-je avec dépit en me remettant sur les
talons.
    — Hors de mon chemin ! » aboya Slythurst en
me poussant du coude.
    Son bras osseux s’engouffra dans l’ouverture. Si déterminé
qu’il fût à prouver que j’avais tort, lui aussi revint bredouille.
    « Cette fois, on savait où chercher, dis-je d’une voix
sombre tout en me relevant. Et l’homme a trouvé ce qu’il voulait.
    — Au diable tout cela ! » s’emporta
Slythurst.
    On aurait cru qu’il se sentait personnellement insulté par
l’existence de la cache vide. Il n’était pas impossible que l’objet de ses
recherches après la mort de Mercer eût été dissimulé à cet endroit. Ce n’était
pas très grand, mais on pouvait tout à fait y glisser des lettres ou des
documents. Sa colère se dirigeait contre lui-même pour ne pas avoir découvert
la cachette lors de sa précédente venue.
    Pourtant, cette fois, il n’y avait pas la moindre indication
que les affaires de Coverdale aient été fouillées ; à l’évidence, son
assassin connaissait cette cachette et y était venu directement prendre ce
qu’il cherchait après avoir nettoyé le sang sur ses mains. J’en déduisais que
celui qui m’avait précédé là le samedi matin, alors que Roger était attaqué
dans le jardin par le chien, ne connaissait pas la cache. Ce n’était
donc pas le même homme qui avait tué Coverdale. D’ailleurs, à moins qu’il ne
fût un acteur suprêmement doué, Slythurst était hors de cause ; après
tout, il était le seul à pouvoir légitimement demander un double de la chambre
du sous-recteur et personne ne pouvait confirmer ou infirmer l’heure précise de
son départ pour le Buckinghamshire, ni celle de son retour.
    Slythurst avait l’air impatient de s’en aller. Il ne faisait
pas de doute pour lui qu’il n’y avait plus rien à trouver dans cette pièce.
    « Je ne vois pas ce que nous pouvons faire de plus ici,
marmonna-t-il en faisant quelques pas vers la porte et en produisant son
trousseau de clés, signal que le temps imparti était écoulé. Le recteur a
besoin de moi et je dois fermer la chambre. Si vous en avez terminé…
    — Dites-moi, maître Slythurst, vous croyez que notre
assassin a mis la main sur ce que vous cherchiez après la mort de Roger
Mercer ? »
    Ma question l’ulcéra au plus haut point.
    « Je ne vois pas de quoi vous parlez. Contrairement à
d’autres, je n’ai pas pris un trousseau de clés dans la poche d’un
mourant. »
    Il s’était approché pour me répondre et je sentais son
haleine aigre.
    « Peut-être, mais on dirait que deux hommes sont morts
à cause de ce qui était caché dans ce trou, et je pense que vous savez de quoi
il s’agit.
    — Cela devrait suffire à calmer la curiosité de
certains, répliqua-t-il, un sourire sans chaleur barrant son visage. Il faut
que j’aille retrouver le recteur. Ce serait une bonne chose que vous découvriez
le détenteur de l’arme du meurtre. Cela me semble un bon point de départ,
docteur Bruno, puisque vous êtes assez aimable pour offrir vos services au
collège. »
    Je passai devant lui en lui faisant sentir mon dédain. Je
souhaitais ardemment qu’il s’avère être l’assassin, afin d’avoir

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