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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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des cicatrices laissées par la variole.
    « Il s’est très vite rapproché de Thomas Allen, je vous
l’ai dit, lança Bernard de l’autre côté de la pièce. On les a vus ce matin à La
Fleur de Luce. »
    Jenkes plissa les yeux. Je pouvais presque le voir penser
tandis qu’il écoutait cette information.
    « Ainsi, Thomas Allen a partagé des confidences avec
vous, c’est cela ? Je crains qu’il ne vous ait donné une mauvaise
impression de notre petit groupe, Bruno. Est-ce lui qui vous a guidé jusqu’à
nous ? »
    Comprenant que Thomas serait en danger si Jenkes pensait
qu’il avait divulgué les secrets de son père, je n’avais d’autre choix que de
nier son implication. En revanche, je ne savais pas quels effets auraient mes
paroles sur les deux hommes qui m’observaient.
    « Ce n’est pas Thomas qui m’a suggéré de me rendre à La
Roue de Catherine, mais Roger Mercer. »
    Jenkes plissa le front. Pour la première fois, il avait
l’air déstabilisé.
    « Mercer ?
    — Je l’ai vu en pleine conversation avec Roger la
veille de sa mort, confirma Bernard. Je les observais par la fenêtre de ma
chambre.
    — Comment en êtes-vous venu à discuter de La Roue de
Catherine ? » m’interrogea Jenkes en brandissant son index vers
moi.
    Avant de répondre, j’écartai tranquillement sa main.
    « Je lui ai demandé s’il connaissait un endroit à
Oxford où je pourrais entendre la messe.
    — Vous le lui avez demandé ? Et il vous a envoyé à
la taverne ? »
    Jenkes balançait entre le scepticisme et la fureur. Il finit
par tirer sur ses doigts pour faire craquer ses articulations.
    « Il m’a laissé entendre que j’y trouverais des amis,
mais que je devais faire preuve de discrétion.
    — La discrétion ! Comme s’il savait ce que cela
veut dire… Quel sombre idiot ! Il avait la langue trop bien pendue et
aurait fini par nous faire tous tuer. Aller parler à un étranger, William, et
qui voyage en une telle compagnie, est-ce que vous imaginez ? s’emporta
Jenkes en se frottant le front. Même si son sort cruel nous attriste…
    — Peu importe maintenant, le coupa Bernard. Que Dieu
ait son âme. »
    Jenkes me sonda encore une fois, longuement, puis sembla
trancher en ma faveur.
    « Bien, docteur Bruno. Donnons raison au pauvre Roger
Mercer. Vous avez trouvé des amis. Venez ce soir, à minuit et demi. Ne passez
pas par l’avant de la taverne, prenez la porte de derrière, par la cour.
Humphrey sera là. Prononcez le mot de passe et il vous fera entrer.
Habillez-vous d’une cape et rabattez la capuche. Et faites attention à ce que
personne ne vous suive.
    — N’y a-t-il pas des gardes à la porte nord ? Ils
voudront sûrement savoir ce que je fais dehors à cette heure.
    — Donnez-leur une pièce et ils regarderont ailleurs,
dit-il en jetant un nouveau coup d’œil à ma bourse. Mais faites attention à
vous en marchant si tard dans la rue. Avez-vous une arme ? »
    Je lui répondis que non, il prit le couteau à manche
d’argent sur son établi et me le tendit.
    « Prenez-le pour ce soir. Il est petit mais je coupe le
cuir avec. Vous pourrez vous défendre en cas de mauvaise rencontre. Cela vaut
mieux qu’un fourreau vide, de toute façon.
    — Merci. Mais je n’aurai pas besoin d’argent pour notre
réunion, j’imagine ?
    — Oh, vous feriez bien d’apporter votre bourse, fit
Jenkes, cauteleux. Je ne donne pas mes livres pour rien, docteur Bruno, pas
même à mes frères catholiques. »
    Mon cœur s’emballa.
    « Vos livres ?
    — Il y en a un en particulier qui vous intéresse,
n’est-ce pas ? Un livre grec, que Dean Flemyng a rapporté de Florence il y
a un siècle et légué à la bibliothèque de Lincoln College. Un livre que notre
ami le docteur Bernard a sauvé en 1569. C’est exact ?
    — Avez-vous ce livre ? » murmurai-je, osant à
peine respirer.
    Il m’adressa une nouvelle fois son petit sourire exaspérant.
    « Il n’est pas ici. Mais je l’ai tenu entre mes mains
et je peux vous mener à lui. Je suis sûr que nous trouverons un arrangement qui
nous conviendra à tous les deux, docteur Bruno. Pensez seulement à venir avec
votre bourse.
    — Vous m’avez dit que ce livre n’existait pas,
lançai-je à Bernard avec une note de triomphe dans la voix.
    — Parce que nous étions entourés d’idiots à la table du
recteur, rétorqua-t-il avec dédain. La vérité aurait soulevé trop de questions.
Underhill est la

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